La TD est fière de célébrer et de soutenir les collègues et les clients panasiatiques du Canada. Tout au long de l’année, nous faisons connaître les témoignages de collègues de la TD, comme Margarita de Guzman, vice-présidente associée et dirigeante responsable de produit, Plateforme de Gestion des risques et Finances à la TD. Poursuivez votre lecture pour connaître son histoire et découvrir comment elle a trouvé un sentiment de communauté et d’appartenance au Canada.
Témoignage recueilli par Actualités TD
L’un des premiers souvenirs de ma vie au Canada me laisse des émotions contradictoires.
J’avais 12 ans et c’était mon premier jour dans ma nouvelle école à Mississauga, en Ontario. Ma famille venait de quitter Manille, ma ville d’origine, pour s’installer au Canada. J’étais terriblement nerveuse. J’étais gênée par mon accent et inquiète de ne pas trouver ma place parmi mes camarades.
Ma nouvelle maîtresse m’a accueillie dans le bureau du directeur et m’a accompagnée, le long du couloir, jusqu’à ma nouvelle salle de classe. J’étais timide et silencieuse. Lorsqu’elle m’a demandé comment je me sentais, j’ai répondu en anglais, puisque je l’avais appris aux Philippines, dans mon ancienne école.
Elle a ouvert la porte de la salle de classe où tous mes nouveaux camarades m’attendaient. Elle a alors dit aux élèves : « Bonne nouvelle, les enfants, elle parle anglais! »
Je me suis en partie effondrée en pensant : « S’attendait-elle à ce que je ne le parle pas et à devoir interagir avec quelqu’un qui ne parle pas la même langue? »
Mais d’un autre côté, cette annonce avait été bénéfique; elle signifiait que j’avais peut-être ma place dans ce nouvel environnement. Peut-être ne me verrait-on pas comme l’enfant qui vient d’ailleurs, qui est différente des autres.
Ce jour a fait naître en moi des émotions contradictoires et, peu après, j’ai commencé à dissimuler mon identité philippine. Je voulais être comme tout le monde.
Quitter ma vie natale et en adopter une nouvelle
À Manille, la ville où j’ai grandi, j’étais heureuse. Mes parents travaillaient tous les deux énormément et nous faisions partie de la classe moyenne. J’avais de bons résultats scolaires et j’étais vice-présidente du conseil des élèves de mon école. J’avais des amis et j’étais membre de nombreux clubs, comme celui de taekwondo et celui du journal de l’école. Alors lorsque mes parents nous ont annoncé, à mon frère et à moi, que nous allions quitter Manille pour nous installer au Canada, je n’étais pas emballée. L’idée de commencer une nouvelle vie me terrifiait et j’évitais d’en parler.
Toutefois, en 1998, nous avons fait nos valises et nous sommes partis pour le Canada. À l’époque, je ne comprenais pas pourquoi nous déménagions. Ça n’a pas été une décision facile pour mes parents, car ils avaient tous deux de bons emplois aux Philippines et nous n’avions aucune famille au Canada. Ils savaient qu’ils allaient refaire leur vie ici tout seuls, rien que pour nous.
Je ne veux pas généraliser, mais nombreux sont les immigrants qui vous diront qu’ils ont décidé d’aller s’installer au Canada pour offrir à leurs enfants des possibilités qu’ils n’auraient peut-être pas eues dans leur pays d’origine.
À l’époque, j’ai eu du mal à le comprendre. Mais mes parents ont décidé que le Canada nous offrirait, à ma famille et à moi, un meilleur avenir que les Philippines.
Tandis que je m’ajustais à ma nouvelle vie au Canada, j’ai essayé de me fondre le plus possible dans la masse. Au secondaire, j’ai évité les groupes ou les clubs culturels philippins parce que je ne voulais pas être associée seulement à d’autres Philippins. En plus, je connaissais déjà ma culture. Je pensais ne pas avoir besoin d’entrer dans un groupe culturel dont je faisais déjà partie.
J’ai honte de l’admettre aujourd’hui, mais lorsqu’on me disait qu’on ne me pensait pas philippine, je prenais ça comme un compliment. Lorsque les gens me disaient qu’ils ne remarquaient aucun accent ou que je n’avais pas l’air philippine parce que j’avais les cheveux clairs, j’étais flattée. Je ne suis pas sûre de ce qu’ils entendaient exactement par là, mais je croyais comprendre que les Philippins étaient peut-être « inférieurs » aux autres.
Mon identité au travail
Ce n’est que lorsque j’ai été ostracisée en raison de mon sexe que j’ai commencé à m’interroger sur mon identité. Au début de ma carrière, j’ai travaillé dans une société d’experts-conseils où j’étais la seule femme d’une petite équipe de cinq personnes.
Un jour, j’ai entendu mes collègues discuter d’un futur voyage « entre hommes » auquel je n’étais pas invitée. J’en avais été écartée seulement parce que j’étais une femme.
Ce sentiment d’exclusion a marqué un tournant pour moi. J’ai commencé à réfléchir à mon identité en tant que femme sur le marché du travail et à son incidence sur mon expérience. Je ne voulais pas que d’autres personnes ressentent la même chose. Même si j’avais tout fait pour trouver ma place, j’ai compris que certains verraient toujours mes différences en premier.
Les choses ont vraiment changé quelques années après mon entrée à la TD, lorsque j’ai participé à un événement où la Banque présentait les divers groupes-ressources pour les employés (GRE), des groupes dirigés par des collègues et habituellement organisés autour d’une identité commune ou d’une affinité. C’est à ce moment-là que j’ai découvert le groupe-ressource pour les employés philippins, appelé « Réseau des collègues philippins ».
J’ai commencé à renouer avec ma culture non seulement au travail, mais aussi en dehors. J’ai rejoint les rangs d’Ascend Canada, un organisme externe à but non lucratif fondé en 2012, qui a pour mission d’accroître la présence et la visibilité des dirigeants panasiatiques en entreprise.
C’était quelque chose d’important pour moi parce que je me suis aperçue que les Philippins étaient sous-représentés en entreprise – même par rapport à d’autres cultures asiatiques – et encore plus aux postes de direction. C’est à peu près à ce moment-là, en 2019, que j’ai occupé mes premiers postes de direction au sein la Banque. J’ai été vice-présidente associée, Audit interne, poste auquel je supervisais les audits des équipes Gestion des fraudes, Paiements et Projets.
J’ai décidé d’intégrer le Réseau des collègues philippins de la TD en 2021. J’ai commencé à assumer davantage mon identité, pas seulement en tant que femme, mais en tant que femme philippine et immigrante. J’ai compris que la diversité méritait d’être célébrée et que les différentes perspectives et les différents vécus étaient considérés comme des atouts au travail, y compris au sein de la direction.
Embrasser mon identité
Je me suis rendu compte que je me devais d’être fière de mes origines et de m’en rapprocher. J’ai longtemps veillé à ce que mon identité passe inaperçue, mais j’ai compris que ce sont des aspects de moi que je ne peux pas changer. Je suis une femme, je suis philippine et je suis immigrante.
Et il n’y a absolument rien de mal dans tout cela.
Lorsque je suis devenue gestionnaire de personnel à la TD, je me suis rendu compte que mon vécu et mes origines culturelles m’avaient inculqué certaines valeurs que je dois à mon éducation. On m’a enseigné l’hospitalité et la compassion et on m’a appris à être accessible et positive. Je crois incarner tous ces traits de caractère parce que j’ai grandi aux Philippines et que ce sont des valeurs culturelles qui m’ont été inculquées à un jeune âge.
C’est en partie la raison pour laquelle j’ai décidé de me joindre au groupe-ressource pour les employés philippins de la TD en tant que codirigeante responsable. Ce groupe compte maintenant quelque 700 collègues à l’échelle de toute la Banque. Outre surveiller notre stratégie et la façon dont nous souhaitons fournir une plateforme pour aider les collègues philippins à s’épanouir, mon rôle consiste également à tisser des liens avec eux et à leur servir de modèle. À l’occasion d’événements comme le Mois du patrimoine asiatique en mai ou le Mois du patrimoine philippin en juin, j’ai l’impression que mon travail avec le GRE prend encore plus d’importance. Ces moments nous donnent le temps de réfléchir à notre identité, d’en être fiers et de travailler ensemble pour un avenir plus radieux.
Coup du hasard, le mois de mai est aussi le mois durant lequel ma famille est arrivée au Canada il y a si longtemps. Chaque année, je songe à la vie que j’aurais eue si nous n’avions pas immigré au Canada, et à quel point elle a été différente parce que mes parents ont fait le choix courageux d’entamer un nouveau chapitre. Je leur en serai éternellement reconnaissante.
J’ai fait du chemin depuis cette fillette de 12 ans qui se tenait debout devant une classe d’inconnus et qui craignait d’être jugée parce qu’elle était « différente ». Si je pouvais remonter dans le temps et lui dire quelque chose, je lui dirais qu’elle peut être elle-même, qu’elle est l’égale des autres et qu’elle aussi a sa place.
J’ai fini par comprendre que je peux à la fois avoir une culture et des valeurs philippines et être canadienne, particulièrement en entreprise. Je sais quand tirer parti de mes points forts en tant que Philippine et me montrer accueillante, chaleureuse et compatissante pour que mes collègues se sentent en sécurité et soutenus.
J’ai aussi davantage confiance en moi aujourd’hui et je suis capable de me défendre ou de défendre d’autres personnes sans crainte. J’encourage les autres à assumer leur identité et à être totalement eux-mêmes au travail.
Pour moi, c’est ça, le vrai leadership.
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