En juillet 2023, Wilfred Lun, directeur principal, Finances à la TD était enthousiaste de prendre un avion de Toronto à Vancouver. Il prévoyait de rester sur la côte ouest toute la durée du voyage, soit quelques jours seulement.
Mais Wilfred a commencé à ressentir un malaise en se levant pour sortir de l’avion. Il avait de la fièvre et sa jambe lui faisait mal.
Il était loin d’imaginer la gravité de son état et que sa vie allait basculer pour toujours.
« À ce moment-là, j’étais à deux jours d’acquérir une incapacité et de frôler la mort », raconte-t-il.
Il a quitté l’aéroport pour se rendre à l’hôtel, tentant de surmonter la douleur, tout en réseautant brièvement avec des collègues.
Pendant ce temps, sa jambe gauche a enflé, s’est engourdie et a jauni. En plein délire, il s’est effondré dans le hall de l’hôtel tandis que le personnel composait le 9-1-1.
À l’unité de soins intensifs, les médecins lui ont diagnostiqué une fasciite nécrosante, une infection rare qui détruit les tissus mous du corps, aussi connue sous le nom de maladie mangeuse de chair.
« C’est un diagnostic tellement rare que c’est comme d’être frappé par la foudre deux fois », illustre Wilfred Lun.
« Vous devez venir à Vancouver tout de suite »
Les chirurgiens ont d’abord tenté d’enlever le plus possible de tissu infecté, mais Wilfred a souffert d’une défaillance multiviscérale et a dû être intubé pendant l’intervention.
« Dès que ma femme est arrivée de Toronto à l’hôpital, les chirurgiens l’ont préparée au pire, à la possibilité que je ne passe pas la nuit », raconte-t-il.
En raison de la défaillance d’un organe, les médecins ont décidé de lui amputer la jambe au-dessus du genou pour lui sauver la vie.
« J’ai été sous sédation pendant une semaine, intubé, alors je n’avais aucune idée de ce qui se passait, dit-il.
Sur deux mois, Wilfred a subi six interventions chirurgicales. Avant même d’être suffisamment stable pour être transporté par avion vers un hôpital de Toronto afin de se rapprocher de sa famille, il savait que sa vie et son corps avaient changé à jamais.
Après avoir passé un autre mois dans des hôpitaux de Toronto, il reçut une prothèse de jambe inférieure en décembre et débuta une réadaptation intensive. Il commença alors à envisager son retour au travail.
Aujourd’hui, Wilfred marche avec une canne. La douleur physique fait désormais partie de son quotidien, tout comme l’anxiété.
Retourner au travail avec un handicap
Wilfred Lun a repris le travail en juillet 2024, soit une année complète après l’ablation de sa jambe. Avant son retour officiel, il discutait régulièrement avec son gestionnaire de personnel de ses progrès et de ce qui faciliterait sa transition.
Ses collègues prenaient souvent de ses nouvelles et l’encourageaient, ce qui le rendait impatient non seulement de se rétablir, mais aussi de retourner au bureau.
« J’ai reçu du soutien à plusieurs niveaux de l’entreprise, souligne-t-il. Mon équipe s’est mise à chercher des moyens de créer un environnement inclusif et sans obstacle pour moi. Le ton de la TD était positif et était vraiment centré sur mes besoins, ce qui a considérablement aidé à apaiser mon anxiété. »
Wilfred Lun travaille maintenant de la maison, mais il se rend au bureau pour certains moments importants avec ses collègues. Parce que sa mobilité demeure un défi, il conduit plutôt que de prendre le train GO comme il le faisait avant sa maladie.
Il n’a pas encore apporté sa canne au bureau. Il explique que son pantalon couvre sa prothèse, de sorte que ses collègues ne se rendent pas toujours compte de son incapacité physique.
« Je compte apporter ma canne au travail bientôt, dit-il. Ce sera une grande étape pour moi, car quand les gens la voient, ça change la donne. Je peux cacher ma prothèse en grande partie. Mais avec une canne, le handicap devient manifestement visible. »
D’après lui, il n’existe pas d’approche unique pour accueillir un collègue en situation de handicap, mais il encourage tout le monde à créer un environnement de respect et d’ouverture.
« Nous avons tous le pouvoir de créer un environnement où chaque personne se sent valorisée et soutenue. Votre gentillesse peut changer des vies », précise-t-il.
« L’adversité peut frapper n’importe qui, à tout moment. Ce qui compte, c’est la façon dont nous réagissons en tant que collectivité – avec courage, soutien et espoir. »
Avant d’acquérir son incapacité, Wilfred était bénévole au sein du groupe-ressource pour les employés Inclusion des personnes ayant une incapacité de la TD, en tant qu’allié.
Ce groupe est composé de collègues au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni qui ont des incapacités visibles et non visibles ou qui sont des alliés.
Après avoir été malade, Wilfred a reçu énormément de soutien de la part du groupe, qui met l’accent sur la création d’environnements inclusifs où tout le monde peut s’épanouir.
« Ils m’ont vraiment soutenu, se souvient-il. Ce soutien me rappelle que je ne suis jamais seul dans ce parcours. Des collègues m’encouragent chaque jour. »
Il choisit de raconter régulièrement son histoire pour redonner à la collectivité, que ce soit avec des collègues autour d’un café ou avec des centaines de personnes lors d’une réunion participative.
« On ne sait jamais quand on peut acquérir une incapacité. Ça peut arriver à n’importe quel moment de la vie », fait-il remarquer.
Wilfred souhaite que les personnes qui écoutent son histoire sachent qu’elles peuvent surmonter les moments difficiles et s’adapter à de nouvelles réalités tout en atteignant encore leurs objectifs.
« Quand nous éliminons les barrières, nous ouvrons la voie à plus de transparence et plus de respect. Je pense que la qualité du travail en est améliorée au bout du compte », dit-il.
« Je suis fier d’être une personne amputée. Je suis fier de dire que j’ai un handicap acquis et de pouvoir être pleinement moi-même au travail. »
Sur le plan personnel, Wilfred poursuit certains objectifs précis. Avant sa maladie, il aimait courir tous les jours.
Jusqu’à présent, la marche est au cœur de ses séances de réadaptation, mais il souhaite explorer la possibilité de courir de nouveau.
Il a essayé une lame; une prothèse conçue spécialement pour la course.
« Chaque pas est une victoire, affirme-t-il. Je veux courir de nouveau un jour et je sais que j’aurai le soutien de mes collègues de la TD, qui m’accompagneront tout au long de ma réadaptation. »