Canadienne d’origine philippine de deuxième génération, Aleah Longaphie affirme que, bien que sa famille ait maintenu ses traditions culturelles à la maison, de son côté, elle faisait tout pour s’intégrer à l’école et au travail.
« Mes parents ont immigré au Canada dans les années 1970, raconte-t-elle. Quand j’étais jeune, ce qui m’importait, c’était d’être comme tout le monde. »
Mais en vieillissant, Aleah Longaphie – VPA, propriétaire de groupe de produits à la TD et membre du Réseau des collègues philippins de la TD – s’est davantage intéressée à ses racines et à l’histoire de sa famille.
« J’ai commencé à me demander qui j’étais, et quelle était mon identité », explique celle qui est également responsable de la communauté du Réseau multiculturel des Services bancaires aux entreprises de la TD.
En fait, son renouement à sa culture s’est graduellement opéré à la Banque au cours de ses 25 années de service, au fur et à mesure qu’elle a rencontré des collègues ayant vécu le même parcours.
« Grâce au Réseau des collègues philippins de la TD, j’ai entendu parler de festivals et d’événements auxquels je n’avais pas songé à participer, et j’y vais maintenant chaque fois que j’en ai l’occasion, dit-elle. J’accompagne aussi ma famille, et ma fille aime particulièrement se joindre à moi lors de fêtes et de festivals estivaux. »
Selon Michaelangelo Masangkay, président et cofondateur du Siné Film Fest et du Siné Institute à Toronto, la rupture culturelle décrite par Aleah Longaphie est une expérience courante chez les Canadiens d’origine philippine de deuxième et de troisième génération.
Son souhait d’aider d’autres Canadiens d’origine philippine à trouver un sens à leur culture et à ressentir leur appartenance à celle-ci est l’une des raisons pour lesquelles il a créé le festival et l’institut, qui présentent des films philippins et soutiennent les cinéastes émergents d’origine philippine.
L’idée du festival du film lui est venue lors d’un souper avec Paul Saguil, président-directeur du Réseau des collègues philippins de la TD. Paul Saguil a ensuite fait part de cette idée à Aleah Longaphie, qui a immédiatement compris l’intérêt d’aider les Canadiens d’origine philippine à renouer avec leur culture.
« Lorsque j’ai entendu parler de ce festival de cinéma et que j’ai rencontré Michaelangelo Masangkay, je me suis dit que j’aurais aimé vivre cette expérience quand j’étais jeune », confie Aleah Longaphie.
« J’ai tout de suite su que ce festival allait trouver un écho auprès du public. »
Elle a pu obtenir du financement auprès de la TD pour la première édition du festival du film en 2024 dans le cadre de La promesse TD Prêts à agir, la plateforme d’entreprise citoyenne de la TD.
Dans l’optique d’améliorer la qualité de vie et l’inclusivité des collectivités qu’elle sert, la TD permet aux organismes comme le Siné Institute de présenter des demandes de financement en vue de générer des changements positifs.
En avril 2025, la TD a de nouveau commandité le festival de cinéma, et des dizaines de bénévoles de la TD se sont portés volontaires pour contribuer à son fonctionnement.
Approfondir son lien d’appartenance
Né à Toronto de parents philippins, Michaelangelo Masangkay n’a pas grandi en ayant un sentiment d’appartenance envers sa culture. Il se souvient toutefois d’avoir vu des affiches de films sur les murs dans les dépanneurs philippins et d’avoir été intrigué.
« Je n’avais pas vraiment accès à la culture philippine, donc c’était très difficile d’établir des liens avec la communauté », dit-il à propos de son enfance.
Michaelangelo Masangkay, directeur de production à la Toronto Film School, affirme avoir eu du mal à éprouver un sentiment d’identité. Il avait parfois l’impression d’être un étranger à la fois au Canada et aux Philippines.
« Ici, je suis visiblement étranger, mais aux Philippines, je me sens encore plus comme un étranger », dit-il.
Selon lui, les récits cinématographiques sont une façon de rapprocher les Canadiens d’origine philippine de leur patrimoine et de mettre au jour des sujets qui restent tabous dans la communauté.
« L’orientation sexuelle, la santé mentale et les droits sur son propre corps, ce sont des sujets dont nous ne parlons tout simplement pas en tant que communauté, explique-t-il. Si vous essayiez d’en parler, vous seriez probablement rejeté. »
L’un des films projetés au festival cette année était Canadian Adobo. Ce documentaire réalisé par Kent Donguines raconte l’expérience de familles qui se séparent lorsqu’un de leurs membres quitte les Philippines pour travailler à l’étranger, ainsi que les difficultés qu’elles rencontrent lorsqu’elles se réunissent.
Le festival a également projeté Nurse Unseen, un documentaire réalisé par Michele Josue sur le nombre élevé de professionnels de la santé philippins travaillant dans les hôpitaux aux États-Unis. Il raconte comment ces travailleurs de la santé ont été touchés de façon disproportionnée par la pandémie de COVID-19.
Le festival a également présenté des drames. Un drame palpitant, intitulé The Kingdom, imagine une autre histoire des Philippines, comme si le pays n’avait jamais été colonisé. Sunshine, un film en Tagalog réalisé par Antoinette Jadaone, dresse le récit d’une jeune gymnaste qui apprend qu’elle est enceinte dans la semaine des épreuves nationales de qualification.
« Pendant le festival, nous avons vu non seulement des Canadiens d’origine philippine de deuxième et troisième génération commencer à s’engager dans un événement culturel philippin, mais aussi des personnes non philippines les accompagnant », affirme Michaelangelo Masangkay.
« Nous avons vu cette présence grandir de plus en plus. »
Ces participants sont attirés par les thèmes généraux abordés dans les films, comme l’immigration, mais ils sont aussi simplement accueillis dans une culture propice à l’accueil, explique Michaelangelo Masangkay.
Soutien envers les cinéastes amateurs
En plus du festival du film, le Siné Institute offre également un soutien professionnel aux cinéastes en herbe d’origine philippine au moyen d’ateliers, de mentorat et de classes de maître en science du cinéma et en art cinématographique, explique Michaelangelo Masangkay.
Le Siné Institute organise également un concours de films, qui met au défi des créateurs amateurs d’écrire, de tourner et de monter un court métrage en 48 heures.
« Une communauté qui favorise l’échange et la collaboration par l’entremise du cinéma et de la télévision permet la création de nouveautés chaque année », affirme Michaelangelo Masangkay.
La commandite de Siné a « créé une étincelle » au sein de la communauté philippine à la TD, selon Aleah Longaphie. Lorsqu’elle s’est jointe à la Banque il y a 25 ans, elle ne connaissait aucun autre collègue philippin.
Mais lorsque les collègues ont entendu parler du festival du film et du besoin de bénévoles, ils ont sauté sur l’occasion, dit-elle.
« Dès que nous avons lancé l’appel aux bénévoles, 25 collègues de la TD ont répondu présents », se souvient Aleah Longaphie.
« Le jour J, je voyais donc des collègues de la TD partout. Je ne croyais pas qu’il y aurait autant de personnes au sein de notre entreprise qui seraient heureuses et enthousiastes à l’idée de consacrer leur fin de semaine entière au festival. J’en étais fière. »