Quand Aisha Alkhateeb, son mari et leurs deux enfants sont arrivés au Canada en provenance d’Égypte comme réfugiés en 2023, Aisha avait l’intention de poursuivre sa carrière de dentiste.
Toutefois, elle a changé ses plans en voyant sa mère, Manal Al Sakati (arrivée de l’Arabie saoudite quelques années plus tôt), se démener pour lancer sa chocolaterie de Milton, en Ontario.
En Arabie saoudite, madame Al Sakati gérait une chocolaterie artisanale très prisée.
Originaire de Syrie, elle voulait relancer Manal’s Chocolate à son arrivée en Ontario, mais c’était sans compter les pratiques commerciales différentes et les barrières linguistiques qui ont accompagné son déménagement au Canada.
Mère et fille ont donc uni leurs forces. Aisha s’est chargée de la stratégie commerciale, du marketing et de l’exploitation pendant que sa mère se concentrait sur la fabrication du chocolat haut de gamme.
Soutenir les nouvelles arrivantes dans leurs projets d’entreprise
« À cette époque, je ne connaissais pas grand-chose au monde des affaires », déclare Aisha.
Elle s’est inscrite au programme Newcomer Entrepreneur Women (N.E.W) Venture, géré par The Syrian Canadian Foundation (SCF) et Nisa Foundation, et destiné aux nouvelles arrivantes et réfugiées en Ontario et au Québec.
La SCF a reçu une des 10 subventions d’un million de dollars du défi TD Prêts à agir pour son programme N.E.W. Venture, qui vise à éliminer les obstacles auxquels sont confrontés les propriétaires de PME.
Cette subvention, qui aide à soutenir le programme N.E.W. Venture, visait à promouvoir des solutions novatrices, efficaces et mesurables dans le but d’aider des entrepreneures comme Aisha et sa mère à réussir.
« Le programme N.E.W. Venture m’a aidée à comprendre le marketing, les finances et la manière de nouer des relations », explique Aisha, ajoutant qu’il lui avait aussi donné la confiance nécessaire pour se lancer dans l’entrepreneuriat, un domaine qui lui était complètement inconnu.
Un des objectifs du programme est d’aider les réfugiées et les nouvelles arrivantes à trouver une voie vers l’intégration économique et sociale grâce à l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat crée des possibilités de revenu stable, et l’accès à des réseaux sociaux favorise leur confiance et leur sentiment d’appartenance.
Actuellement, la mère et la fille à l’origine de Manal’s Chocolate font la promotion de leur entreprise lors d’événements et de festivals, ainsi que sur leur compte Instagram. La clientèle peut faire son choix parmi une vaste gamme de petites douceurs faites à la main par madame Al Sakati, et les commander en utilisant WhatsApp.
Manal Al Sakati est une artiste, et elle soumet ses produits à des exigences extraordinairement élevées. Elle prépare elle-même toutes les garnitures des chocolats (confiture de framboises, gâteau au fromage et tartinade de pistaches grillées), chose rare dans le commerce du chocolat, selon Aisha.
Elle peint minutieusement des motifs complexes et des lettres sur chaque pièce, puis les garnit de produits comme des mûres, des graines de grenade, des grains de café et des paillettes d’or.
« Elle est très méticuleuse, dit Aisha. Elle ne me laisse pas l’aider pour certaines parties, de peur que je ruine son travail. »
Madame Al Sakati crée même ses propres versions de confiseries populaires, comme le chocolat de Dubai, pour le plus grand plaisir de sa clientèle, ajoute Aisha.
« Elle y a ajouté du chocolat blanc pour le rendre plus crémeux, dit-elle. Tous ceux qui y ont goûté ont remarqué la différence. »
Les clients commandent auprès de Manal’s Chocolates lors d’occasions spéciales, comme un mariage ou une fête prénatale, ainsi que pour des fêtes saisonnières, comme l’Aïd et Noël.
« Nous avons appris que les Canadiens sont prêts à mettre le prix pour un produit fait à la main et de qualité supérieure », ajoute Aisha.
Garder l’entreprise chocolatière dans la famille
Aisha indique que le duo aimerait ouvrir une boutique ou travailler avec un investisseur externe qui leur permettrait de continuer à créer des chocolats et à exploiter l’entreprise.
Elle n’a pas renoncé à l’idée d’exercer en tant que dentiste au Canada, mais pour l’instant, elle se concentre sur son intégration dans son nouveau pays et sur la croissance de l’entreprise, éventuellement avec l’aide de ses sœurs.
« C’est une entreprise familiale, et je veux qu’elle le reste », déclare-t-elle.
Ses deux enfants étant maintenant en prématernelle et en maternelle, Aisha dit avoir plus de temps à consacrer à l’entreprise. En même temps, elle peut aussi être présente pour eux après l’école.
« Nous avons fait une demande pour immigrer au Canada en 2016. Le processus a pris sept ans, mais je n’ai jamais perdu espoir » dit-elle.
« Je voulais que mes enfants grandissent dans un endroit sûr. »