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Kirsti Racine : pourquoi il nous faut plus de femmes en IA
Par Kirsti Racine
• 3 nov. 2025
vice-présidente, Plateforme d’intelligence artificielle
Groupe Banque TD

Un de mes anciens patrons m’a déjà dit de ne jamais m’asseoir près de lui avec un bloc-notes.

Pourquoi? Il ne voulait pas qu’on me prenne pour sa secrétaire, alors que j’étais ingénieure dans son équipe des technologies.

Ça faisait 10 ans que je travaillais, et j’étais déjà pas mal habituée à être la seule femme parmi mes collègues.

J’ai fait mes études de premier cycle en informatique à l’Université Queen’s. C’était dans les années 1990, l’époque de la musique et de la mode grunge et des ordinateurs géants. Dans ma classe de 84 étudiants, nous n’étions que trois femmes.

Et aujourd’hui, plus de 30 ans plus tard, on n’a toujours pas atteint la parité des genres dans le domaine de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM), et plus particulièrement de l’intelligence artificielle (IA).

Selon le Global Gender Gap Report de 2023 (rapport sur la disparité mondiale entre les sexes), les femmes ne représentent que 30 % de la main-d’œuvre en IA, une donnée qui se reflète dans tout le domaine des STIM. Non seulement il y a moins de travailleuses que de travailleurs en IA, mais plusieurs études ont révélé que les femmes sont également moins nombreuses à utiliser cette technologie, aussi bien dans leur vie professionnelle que leur vie personnelle.

Ce déséquilibre, observé parmi les personnes travaillant en IA et celles qui l’utilisent, pourrait avoir des incidences considérables sur la façon dont les outils d’IA sont conçus, entraînés et déployés. Loin d’être nouveaux, ces problèmes se font sentir partout dans les STIM depuis des années.

Selon moi, il incombe aux femmes qui travaillent actuellement dans le domaine – et à leurs alliés – d’exercer leur influence pour encourager davantage de femmes à se lancer et à rester dans ces carrières exigeantes, mais souvent très enrichissantes.

Des outils d’IA à l’image des personnes qui les conçoivent et les utilisent

Les statistiques sur les femmes qui travaillent en IA me font peur, autant que celles sur le peu de femmes qui en utilisent les outils. Selon les données fournies dans un récent article de la Harvard Business School, entre novembre 2022 et mai 2024, seulement 27 % de tous les téléchargements de l’application ChatGPT ont été effectués par des femmes (la statistique grimpe légèrement à 42 % pour l’utilisation de l’outil sur ordinateur).

Pourquoi ces chiffres m’inquiètent-ils?

D’un côté, quand on pense à la manière dont on entraîne et éduque les modèles d’IA, on constate que c’est beaucoup en fonction de l’utilisation qu’on en fait et des requêtes qu’on leur adresse. Si beaucoup moins de la moitié de ces requêtes proviennent de femmes, les biais, selon moi, risquent de s’aggraver au sein même des modèles. Et ça, je trouve ça très alarmant vu l’incidence que ça peut avoir sur le type de renseignements que les outils fournissent aux utilisateurs finaux.

De l’autre côté, des biais peuvent aussi s’immiscer dans les modèles s’il y a un manque de diversité de genre parmi les personnes qui conçoivent les outils. Un modèle est bien souvent à l’image de ses concepteurs. On peut y voir alors un nombre accru de biais, comme dans un robot conversationnel, ce qui peut encore plus exclure les utilisatrices.

À la TD, grâce à notre approche de l’IA digne de confiance, nous visons à concevoir des modèles qui reflètent les besoins diversifiés de nos collègues, de nos clients et de nos collectivités. J’ose espérer que d’autres entreprises adopteront une approche similaire et tiendront compte de la diversité dans la conception de leurs modèles informatiques et de leurs outils d’IA.

Toutefois, malgré les balises en place qui réduisent au minimum les biais, toutes ces statistiques continuent de me préoccuper. Je pense qu’on peut encore faire mieux pour promouvoir les STIM auprès des femmes et des filles.

Promouvoir le domaine des STIM auprès de la gent féminine

Selon moi, on devrait exposer les filles à ces domaines tôt, et leur permettre d’avoir une meilleure compréhension de ce que représente une carrière en STIM et, plus précisément, en IA. On pense que c’est un travail solitaire, avec pour seuls compagnons un clavier et un moniteur. Or, ce n’est pas toujours le cas. La collaboration peut y occuper une grande place.

Je n’ai jamais considéré que c’était une carrière vouée à la solitude. Comme ailleurs, on se fait des amis et on côtoie des collègues. On ne passe pas tout son temps seul dans un garage ou un sous-sol. Il faut que tout le monde sache ça.

En parallèle, je pense qu’on peut aider les femmes à gagner en assurance, surtout les nouvelles diplômées et celles à l’aube de leur carrière. Il y a des études qui montrent que des femmes s’abstiennent de postuler à un emploi si elles n’ont pas toutes les compétences requises. Laissez-moi vous donner un exemple.

Une fois, j’ai entendu quelqu’un dire qu’il n’avait jamais eu de mauvaise entrevue avec une femme. D’emblée, j’ai trouvé ça fabuleux!

Puis, j’ai réfléchi à ce que ça pouvait bien évoquer.

Peut-être n’avait-il rencontré que des femmes ayant occupé un poste similaire ou étant exceptionnellement bien qualifiées? Peut-être aussi que très peu de femmes avaient osé postuler à un emploi pour lequel elles n’avaient pas déjà toutes les compétences?

J’encourage chaque femme que je mentore à foncer quand un poste affiché l’intéresse. On n’obtiendra jamais un poste pour lequel on ne tente pas sa chance. C’est possible qu’on ne l’obtienne pas, mais l’entrevue permet d’élargir son réseau et peut-être d’ouvrir une autre porte plus tard. J’ai moi-même été témoin de ça très souvent.

J’encourage aussi les femmes dans le domaine des STIM à la Banque et ailleurs à tisser des liens avec des mentors et parrains pour bâtir leur marque personnelle au travail. Comme je l’ai dit, ce n’est pas parce qu’on fait carrière en TI qu’on passe tout son temps seul, penché sur son ordinateur portable. Au contraire, on collabore avec des gens et on crée des outils pour des gens. Pour moi, c’est ça qui rend le travail aussi enrichissant.

Renforcer la confiance en l’IA

En ce qui concerne les personnes qui ne souhaitent pas faire carrière en IA ou même dans le domaine des STIM, je trouve qu’on a encore bien du chemin à faire pour renforcer leur confiance à l’égard des outils technologiques, surtout ceux de l’IA.

L’éducation – auprès des jeunes surtout – est essentielle. L’IA transforme déjà tellement d’aspects de notre vie personnelle et professionnelle. Les cours d’IA deviendront-ils obligatoires à l’école? Si on se fie à la place centrale et grandissante qu’occupe l’IA, l’enseignement pourrait grandement contribuer à renforcer la confiance qu’on y accorde.

Quand on travaille en IA, on doit continuer de concevoir des outils qui plairont à tous les utilisateurs, y compris les femmes. C’est comme ça que, je l’espère, on commencera à réduire les biais au minimum et on attirera plus de femmes.

Les années 1990 sont chose du passé, et il devrait en être autant pour les statistiques sur la parité des genres.

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