Il n’y a pas d’approche universelle en matière de leadership efficace, et il n’existe pas de parcours unique menant à la réussite professionnelle. Chaque leader doit tracer sa propre voie et tirer parti de ses expériences et de ses influences pour se perfectionner et s’épanouir. Dans le cadre de cette série de quatre articles, je suis fière de vous présenter les parcours inspirants de quatre de mes collègues qui sont mises en vedette dans le livre The Collective Wisdom of High-Performing Women: Leadership Lessons from The Judy Project, récemment publié.
Voici le troisième d’une série d’articles sur le leadership, rédigé par Natasha Pekelis, vice-présidente et directrice générale, Solutions technologiques, Valeurs Mobilières TD.
– Ellen Patterson, chef de groupe, chef du contentieux et présidente du Comité des femmes dirigeantes, Groupe Banque TD
Je n’étais pas tombée sur Terre depuis une autre planète, mais c’était tout comme. Nous étions en 1989 et mon vol d’American Airlines en partance de Leningrad en Union soviétique (aujourd’hui Saint-Pétersbourg en Russie) venait tout juste d’atterrir à New York. La perestroïka, la restructuration du parti communiste, avait déjà commencé et le rideau de fer se levait lentement.
Pour le pays que je venais de quitter à jamais, les réfugiés devaient renoncer à leur passeport et à leur citoyenneté russe et ne pouvaient pas revenir. Les États-Unis ont donc réellement assailli mes sens. J’ai regardé une petite fille mettre une pièce de monnaie dans la fente située sur le dessus d’un bocal en verre transparent rempli de bonbons colorés, et j’ai vu un des bonbons tomber dans un petit récipient plus bas. J’avais 21 ans, et je n’en croyais pas mes yeux. Je n’avais jamais vu de distributrice de bonbons. Je n’avais jamais vu non plus autant de couleurs, y compris les publicités de mode et de cigarettes que je croisais dans les larges corridors de l’aéroport JFK. Tout était si lumineux!
Cela dit, je vivais beaucoup d’émotions contradictoires. La plus vive étant la tristesse que j’avais ressentie seulement quelques heures auparavant, lorsque j’avais passé le comptoir d’immigration à l’aéroport Pulkovo de Leningrad. J’avais réellement franchi le point de non-retour. Je savais que c’était probablement la dernière fois que je voyais ma famille — mes parents, mes frères, mes cousins et mes cousines. Ils m’envoyaient la main, en larmes, de l’autre côté du mur de verre qui nous séparait, alors que je marchais vers la porte d’embarquement. C’était difficile. Mais je savais que je devais le faire si je voulais me bâtir une nouvelle vie.
Pourquoi? À cause d’une journée précise, durant ma troisième année d’études universitaires en mathématiques appliquées. J’étais assise au fond d’une grande salle de conférences et j’écoutais un professeur de philosophie, qui a soudainement commencé à faire de fausses remarques désobligeantes à l’endroit du peuple juif. Je me suis levée et je lui ai dit haut et fort que ce qu’il disait n’était pas vrai. « Comment le savez-vous? », m’a-t-il demandé. « Parce que je suis juive. » J’étais l’une des seules personnes juives à avoir été admise dans cette université, alors ma déclaration a surpris tout le monde. Des centaines de têtes se sont tournées pour me dévisager. C’était le silence complet. Ne pouvant retenir mes larmes, je me suis finalement précipitée hors de la salle.
À la maison, j’ai raconté l’incident à mon père et je lui ai demandé ce que je devais faire. « C’est terrible, Natasha, m’a-t-il répondu. Mais les choses fonctionnent ainsi dans ce pays. Tu n’y peux rien. Tu vas devoir l’accepter. »
Non, je n’avais pas à l’accepter. Je savais que c’était mal. Je me suis donc mis en tête qu’il devait exister un endroit meilleur que celui-là.
À JFK, des amis de mes parents sont venus me chercher dans une grosse Buick bleu foncé et m’ont amené chez eux, où je devais rester jusqu’à ce que je trouve un travail et que j’aie un peu d’argent. J’avais dans mon portefeuille un total de 132 $. J’ai commencé à me réjouir quand j’ai réalisé que les histoires que l’on entendait en Russie à propos des États-Unis semblaient fausses. À cette époque, ma terre natale recevait très peu d’informations étrangères. On nous disait même qu’un grand nombre d’Américains devaient vivre dans des boîtes de carton dans la rue. Mais je regardais autour de moi et la plupart des gens semblaient avoir un endroit où vivre.
Notre point de départ est moins important que notre façon d’affronter les défis
Aujourd’hui, j’occupe un poste de direction dans une banque multinationale. J’ai travaillé fort pour y arriver : j’ai commencé par être femme de ménage, puis j’ai vendu des sandwichs dans un commerce. Quand j’ai eu un peu d’argent de côté, je me suis inscrite à l’Université Columbia et j’ai obtenu mon diplôme en informatique. Cela a été un autre défi pour moi, qui ne parlais pas si bien anglais. Je me souviens d’avoir appris la langue en écoutant des leçons sur un baladeur Sony. J’ai réussi à terminer première de ma promotion.
Grâce à toutes les épreuves que j’ai dû affronter pour me bâtir une nouvelle vie, j’ai appris qu’il ne faut jamais abandonner. Il faut continuer à franchir les étapes malgré les obstacles, parce que quelque chose de positif en sortira. Même si on commence plus bas que tous les autres, on peut toujours persévérer. C’est plus facile lorsqu’on a une attitude positive.
Essayer quelque chose de nouveau
J’encourage toujours les membres de mon équipe à prendre des risques, surtout les plus jeunes. À ne pas se laisser décourager lorsqu’ils se retrouvent dans une position désavantageuse. À essayer quelque chose de nouveau. Pour ma part, j’ai choisi de sauter dans l’inconnu… de prendre un avion en sachant fort bien que je ne reviendrais jamais et que je ne reverrais pas ma famille.
Le fait que je me sois créé une nouvelle vie a certainement eu un effet sur mes deux filles. La première est à l’université, et l’autre est toujours au secondaire. Je suis si fière qu’elles aient toutes les deux choisi d’étudier en science et technologie et qu’elles visent des carrières professionnelles.
Nous avons tous une histoire et un passé qui nous sont propres. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est essentiel que les jeunes femmes aient des modèles qui nourrissent leur carrière et les motivent à intégrer le marché du travail. Elles doivent savoir qu’en plus d’être une épouse, une mère et une membre d’une collectivité, elles peuvent se construire une vie professionnelle épanouissante.
Apprenez-en davantage sur The Judy Project, et sur le travail qui y est accompli pour soutenir les femmes qui aspirent à des postes de direction ou de cadre supérieure.