Quand Bridget McDermid a lu le rapport psychoéducationnel de 28 pages qui faisait état d’un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), quelque chose a radicalement changé en elle. Elle a alors réalisé que, toute sa vie, elle avait lutté contre les forces naturelles de son cerveau.
À 41 ans, il était plus que temps pour Bridget McDermid. Lorsqu’elle était jeune, elle n’aurait jamais imaginé qu’elle recevrait un diagnostic de TDAH, puis de trouble du spectre autistique à 42 ans.
Mais maintenant qu’elle y réfléchissait, tout prenait sens. Tout au long de sa vie, elle avait eu du mal à s’intégrer au travail et lors des activités sociales, et elle avait souvent l’impression de devoir faire semblant pour y arriver dans la vie.
Le premier diagnostic qu’elle a reçu, en 2023, a marqué le début de son parcours pour s’accepter telle qu’elle est et défendre les intérêts des autres personnes neurodivergentes en milieu de travail.
« Ce premier diagnostic, c’était comme si on m’avait enlevé un poids, raconte-t-elle. Comme si j’avais enfin les mots pour décrire pourquoi je ne me sentais pas à ma place depuis si longtemps. »
Bridget McDermid est propriétaire de groupe de produits à la TD, où elle dirige la refonte de l’expérience d’intégration des collègues. Par l’entremise de TD invente, l’initiative visant à favoriser l’innovation à l’échelle de l’entreprise, cette inventrice titulaire d’un brevet a remporté des dizaines de prix du secteur pour ses innovations en matière de conception centrée sur la personne.
Bridget McDermid fait partie des quelques 1,8 million de Canadiens atteints de TDAH, un trouble neurodéveloppemental chronique qui touche à la fois les enfants et les adultes.
Si nombreux sont ceux qui considéreraient que Bridget McDermid est la définition même d’une collègue très performante, elle dit pour sa part que son succès a un prix.
« J’étais l’enfant seule dans un coin de la cour de récréation, perdue dans mes pensées et dans mon monde imaginaire intérieur », se rappelle-t-elle.
« Je ne supportais pas les foules, et les néons de la salle de classe me donnaient des maux de tête. Les interactions sociales n’ont jamais été simples pour moi. J’ai appris à faire semblant de regarder les gens dans les yeux en fixant leur oreille quand je leur parlais, et je ne peux pas m’empêcher de les interrompre pendant une conversation. »
Survivre dans le monde des affaires
Lorsque Bridget McDermid est entrée sur le marché du travail, elle vivait tous les jours en mode survie; elle avait peur de faire des erreurs et de ne pas réussir, et elle se demandait si elle était « à la hauteur ».
Un jour, peu de temps après avoir commencé son premier emploi en entreprise, accablée par le doute, l’inconfort et la paranoïa, elle s’est retrouvée à pleurer seule dans le stationnement pendant sa pause-repas.
À partir de ce moment-là, l’anxiété est devenue ce qu’elle décrit comme son « compagnon indésirable ».
« Malgré la valeur et la qualité de mon travail, mes particularités étaient souvent considérées comme des défauts. On m’a reproché de travailler trop vite, de ne pas porter les bons vêtements, d’avoir "trop d’énergie" », regrette-t-elle.
Bridget McDermid a persévéré au fil des années, s’avérant très performante au travail. Pourtant, à la fin de chaque journée, elle se sentait complètement vidée. Pendant tout ce temps, elle était tourmentée par l’idée d’être mal comprise par ses collègues, et même de ne pas se comprendre elle-même. Les choses ont cependant commencé à changer il y a une dizaine d’années, à la naissance de son premier enfant.
Elle a commencé à remarquer que ses enfants avaient des difficultés à l’école et dans la vie, semblables à celles qu’elle avait elle-même vécues. Or, le contexte avait évolué depuis son enfance. Il existait désormais un cadre pour comprendre le vaste éventail de façons dont les gens pensent, apprennent et se comportent, ce que l’on appelle la « neurodivergence ».
Ses deux enfants ont reçu un diagnostic précoce d’autisme et de TDAH mixte, ce qui lui a donné des indications sur sa propre histoire et sur ses propres difficultés.
Obtenir un soutien adapté à la TD
Après un congé de maladie en 2023, Bridget McDermid se rappelle avoir lu les mémoires d’une femme qui avait vécu avec un trouble autistique non diagnostiqué et s’y être reconnue.
Au cours des deux années suivantes, elle a passé des évaluations et des tests psychologiques très approfondis et coûteux, qui ont abouti à un diagnostic d’autisme, de TDAH de présentation combinée, de trouble du traitement auditif (TTA) et de trouble du traitement sensoriel.
« Après l’évaluation, j’ai eu un déclic. Je n’étais pas brisée. En fait, j’avais travaillé tellement fort pour m’intégrer dans un monde qui n’était pas conçu pour moi que je m’étais détruite au fil du temps », déclare-t-elle.
Ce qui avait auparavant été diagnostiqué comme un épisode dépressif majeur était en réalité un épuisement autistique. Puisqu’elle était submergée par les tâches quotidiennes, les lumières et le bruit ambiant, son trouble du traitement sensoriel avait causé une hypersensibilité à la stimulation constante.
« C’était comme traverser un processus de deuil, confie-t-elle. Quarante ans de difficultés, d’antidépresseurs dont je n’avais pas besoin, de dysrégulation émotionnelle que les autres considéraient comme de la provocation, d’impression d’être inadéquate ou inférieure, alors que tout ce dont j’avais besoin, c’était d’adapter mon style de vie pour pouvoir m’épanouir au travail. »
Bridget McDermid peut désormais travailler chez elle, dans un espace sombre et calme. Elle a adopté l’outil Accessibilité adaptée TD pour naviguer sur le Web en utilisant le mode sombre, le guide de lecture en surbrillance et la fonction empêchant la lecture automatique des vidéos, ce qui évite les bruits soudains et surprenants.
« Je n’ai plus de maux de tête et j’ai bien plus d’énergie pendant ma journée de travail grâce à ces changements simples et à l’outil novateur de la TD », explique-t-elle.
De la stigmatisation au superpouvoir
Bridget McDermid est devenue une écrivaine, une militante et une porte-parole passionnée qui se consacre à déstigmatiser la neurodivergence et à sensibiliser les gens qui l’entourent à ce sujet. Elle espère ainsi aider d’autres personnes à mieux comprendre les difficultés qu’elles rencontrent, afin qu’elles n’aient pas à vivre le même long cheminement qu’elle.
Bridget McDermid raconte son histoire dans une série de billets de blogue personnels sur LinkedIn et a été nommée comme actrice du changement pour les personnes ayant une incapacité à la TD en 2024.
« Je suis en colère d’avoir passé 42 ans à lutter, et c’est pour cette raison que j’en parle aujourd’hui et que je raconte mon histoire. Je ne le fais pas seulement pour m’aider moi-même, mais aussi pour aider mes deux enfants qui sont également neurodivergents », précise-t-elle.
Les particularités qui lui rendaient la vie si difficile autrefois sont maintenant devenues ce qu’elle appelle ses « superpouvoirs ».
Elle sait désormais que son besoin d’éviter les foules vient du fait qu’elle est très attentive et sensible aux détails et à son environnement. Elle sait aussi que son manque de productivité au bureau s’explique par une surcharge sensorielle qui nuit à sa capacité à traiter les informations à son rythme tout en réglant des problèmes et en innovant rapidement. Maintenant qu’elle n’a plus à « masquer » sa neurodivergence pour prétendre s’intégrer, elle est bien moins épuisée.
« Nous parlons ouvertement de la neurodivergence dans mon équipe à la TD, et nous célébrons, encourageons les talents uniques de chacun et en tirons parti », se réjouit-elle.
« N’ayez pas peur d’être vous-même et ne vous excusez pas d’être différent. Il y a divers types de cerveau dans le monde, et nous devons tous les accepter. C’est ce qui favorisera l’innovation et une réflexion tournée vers l’avenir, et c’est ce qui rendra le monde meilleur. »
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