Quand les taux d’intérêt commenceront-ils à baisser au Canada?
Beaucoup de propriétaires et de gens aspirant à acheter une première propriété au Canada se posent cette grande question à l’approche de la nouvelle année, et c’est certainement votre cas si vous faites partie des Canadiens dont le prêt hypothécaire devra être renouvelé en 2024.
La question se pose parce que pour beaucoup de propriétaires canadiens, les taux d’intérêt sont considérablement plus élevés qu’au moment de l’achat de leur habitation ou de leur dernier renouvellement, ce qui signifie que leurs versements hypothécaires pourraient augmenter.
Après plusieurs années de taux relativement faibles, la Banque du Canada a réduit les taux d’intérêt vers le milieu de 2020, pendant la pandémie de COVID-19, comme mesure de relance monétaire et pour soutenir la confiance économique. Le taux de financement à un jour de la Banque du Canada – qui influence les taux auxquels les banques canadiennes prêtent de l’argent – s’est établi à 0,25 % pendant environ deux ans, avant qu’on assiste à une série de hausses de taux d’intérêt visant à freiner l’inflation à compter de mars 2022.
Depuis, la Banque du Canada a augmenté son taux de financement à un jour à plusieurs reprises, jusqu’à ce que ce dernier atteigne 5 % en juillet 2023, soit le taux actuel.
La politique sur les taux d’intérêt de la banque centrale a une incidence sur le taux auquel toutes les banques canadiennes prêteront de l’argent aux entreprises et aux particuliers. Pour la TD, cela signifie que l’augmentation du taux peut avoir des répercussions sur le taux hypothécaire préférentiel TD, soit le taux d’intérêt annuel variable utilisé comme référence par la TD pour déterminer le taux d’intérêt appliqué à ses prêts hypothécaires à taux variable, ainsi que sur le taux préférentiel TD, qui sert à déterminer le taux d’intérêt de divers autres types de prêts TD.
Mais maintenant que l’inflation se calme, certains économistes croient que la Banque du Canada pourrait se préparer à couper les taux en 2024. Et les Canadiens se demandent donc : « Quand? »
Bien que personne ne puisse prédire l’avenir, l’équipe des Services économiques TD a observé divers indicateurs bien réels qui l’aident à formuler des prévisions quant au moment où la Banque du Canada pourrait commencer à réduire son taux de financement à un jour.
L’équipe d’Actualités TD s’est entretenue avec Rishi Sondhi, économiste à la TD, pour avoir une meilleure idée du moment où cela pourrait se produire et de ce à quoi le marché du logement canadien pourrait ressembler l’an prochain.
Quand les taux d’intérêt baisseront-ils au Canada?
Rishi Sondhi indique que les Services économiques TD prévoient que la Banque du Canada commencera à couper les taux à compter du deuxième trimestre de 2024.
« Nous croyons que la Banque du Canada attendra jusqu’à la fin de cette année [2023] et du premier trimestre de l’an prochain, avant de commencer à mettre en œuvre une série de réductions de taux au deuxième trimestre de l’an prochain [2024] », indique-t-il.
Différents facteurs sont pris en compte dans les prévisions des Services économiques TD, y compris le fait que l’inflation se rapproche plus résolument de la cible de 2 % de la Banque du Canada, que les conditions du marché du travail commencent à montrer des signes de relâchement, et que nous avons assisté à plusieurs trimestres de croissance économique inférieure à la normale.
« Elle [la Banque du Canada] vise un atterrissage en douceur, explique Rishi Sondhi en faisant référence à un ralentissement graduel de l’économie. Son objectif est que l’inflation de base se dirige résolument vers la cible de 2 % sans faire pâtir l’économie ou nous mener tout droit dans une récession. »
Quelle est la tendance au chapitre des prix moyens des propriétés au Canada?
Rishi Sondhi explique que ce ne sont pas que les taux d’intérêt qui pourraient baisser. Au début de 2024, on devrait assister à une baisse du prix des habitations largement attribuable aux taux d’intérêt toujours élevés (même après la baisse des obligations que l’on observe à l’heure actuelle) et au relâchement des conditions du marché – c’est-à-dire ce qu’on appelle souvent un marché d’acheteurs – en Ontario et en Colombie-Britannique.
« Selon nos prévisions, il devrait y avoir un déclin [du prix des maisons] plutôt important dans le quatrième trimestre de cette année », dit Rishi Sondhi.
« On prévoit aussi que les prix des habitations diminueront au premier trimestre de l’an prochain, mais ils devraient se stabiliser au deuxième trimestre et rester sur une pente ascendante pour le reste de 2024. »
Globalement, les Services économiques TD s’attendent à une baisse d’environ 5 % du prix moyen des habitations au Canada entre le troisième trimestre de 2023 et la fin du premier trimestre de 2024.
Cependant, même si les prix des habitations chutent de 5 %, ils seraient quand même 20 % supérieurs aux prix avant la pandémie, explique Rishi Sondhi, ce qui signifie que l’abordabilité restera un enjeu.
Des hausses modestes à modérées sont attendues dès le deuxième trimestre de l’an prochain. Divers facteurs contribueront à ces hausses. Comme cela a été mentionné, la Banque du Canada devrait avoir commencé à couper les taux d’intérêt d’ici là et les taux obligataires (qui sous-tendent les taux des prêts hypothécaires à taux fixe) devraient diminuer. En outre, la croissance de la population devrait demeurer solide, ce qui exacerbera la pénurie de logements. Qui plus est, l’emploi devrait être relativement stable, ce qui alimentera la demande.
Selon vous, le logement deviendra-t-il plus ou moins abordable au Canada en 2024?
« On devrait voir quelques petites améliorations sur le plan de l’abordabilité étant donné que les taux connaîtront une bonne baisse selon nos prévisions, mais cela sera en partie neutralisé par le fait que nous croyons que les prix augmenteront », dit Rishi Sondhi.
« Il ne faut pas s’attendre à une si grande amélioration en ce qui concerne l’abordabilité. Les conditions resteront tendues tout au long de l’année. »
Comme l’abordabilité n’est pas en voie de se rétablir, Rishi Sondhi dit que les gouvernements de tous les niveaux s’efforcent de mettre en œuvre de nouvelles politiques pour remédier à la situation, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique, soit les deux provinces où les logements sont les plus inabordables.
Rishi Sondhi indique qu’il surveillera de près l’effet de ces politiques en 2024.
« Il reste à voir à quel point ces initiatives gouvernementales stimuleront l’offre sur le marché du logement [l’an prochain]. »