En 2017, j’ai frappé un mur.
L’épuisement professionnel nous prend par surprise. Parfois, on ne sait même pas qu’on en est atteint jusqu’à ce que le problème devienne impossible à ignorer.
Je suis perfectionniste de nature et j’aime faire plaisir aux autres. Quand j’ai terminé mes études universitaires, j’ai joint une firme de consultation. J’ai appris qu’on se démarquait en offrant un excellent produit aux clients, mais aussi en travaillant de longues heures pour s’assurer de dépasser leurs attentes.
Je suis arrivée à la TD en 2008 et j’ai eu de belles occasions d’évoluer dans différents postes et secteurs d’activité; j’ai aussi été très chanceuse de pouvoir travailler avec des leaders remarquables. Je me souviens que bon nombre de mes mentors me disaient qu’au fur et à mesure que je progresserais dans ma carrière, j’allais de plus en plus devoir accorder la priorité à ce qui comptait réellement. Cela signifiait aussi que je n’allais pas avoir le temps de tout faire.
Malgré ce conseil judicieux, j’ai continué d’avoir le sentiment que je pouvais tout faire.
J’ai continué à travailler au même rythme, à demander plus de travail, à en accepter davantage et à faire de mon mieux pour m’assurer de dépasser les attentes. Tout était une priorité.
Essayer de tout faire moi-même
Ma fille est née deux ans plus tard, en 2010. À mon retour au travail après mon congé parental, j’ai été promue à un poste plus important. J’ai continué à travailler à un rythme rapide avec une charge de travail toujours bien remplie, puis j’ai commencé à me sentir fatiguée. Mais, je me disais que je devais juste être plus tenace, j’ai donc persévéré.
Parfois, je travaillais une journée entière sans me rendre compte que je n’avais pas pris le temps de dîner ou que je ne m’étais presque pas levée de mon bureau. J’étais fière d’apporter beaucoup de travail à la maison, de demander le moins possible l’aide des autres, de ne jamais montrer ma vulnérabilité. Cette attitude provenait en partie de mon éducation : j’ai grandi dans une famille où mes parents me disaient toujours de travailler fort, de ne pas trop m’exprimer, d’être tenace, et de faire les choses par moi-même.
J’avais l’impression que c’était un signe de faiblesse que de demander de l’aide aux autres.
Je n’avais pas les outils ni les compétences psychologiques nécessaires pour gérer les changements qui s’opéraient dans ma vie. J’avais de la difficulté à maintenir un équilibre entre les exigences du travail et de ma vie personnelle. En apparence, mon rendement était excellent, je ne montrais aucun signe d’épuisement. Je ne laissais rien paraître. Je continuais à recevoir de la reconnaissance au travail.
Mais, j’étais comme un canard, « calme à la surface, mais je pataugeais à une vitesse effrénée sous l’eau ».
En 2017, les fissures ont commencé à paraître. J’avais toujours un bon rendement au travail, mais à la maison, ça n’allait plus du tout. Je ne dormais pas bien. Je n’arrivais pas à équilibrer les différents aspects de ma vie. Je négligeais mon bien-être personnel et ma santé mentale. Je cachais mon stress à mes collègues et mes gestionnaires. Je cachais mon épuisement.
Même quand j’étais présente physiquement à la maison, mon esprit était ailleurs. Un jour à l’école, à l’occasion du jour de la Famille, ma fille devait faire des dessins avec des phrases à compléter, en guise de cadeau pour la famille.
Pour les mères, elle devait compléter la phrase : Ma mère aime ____. Voici la réponse que ma fille a écrit sur son dessin : être devant son ordinateur.
J’ai alors senti que j’avais touché le fond du baril.
Pendant la longue fin de semaine du jour de la Famille, j’ai eu une conversation honnête avec mon mari, et nous avons convenu que je devais prendre une pause du travail.
Je suis allée voir mon VP pour lui remettre ma démission. Je croyais que c’était la seule option qu’il me restait. Mais la suite des choses m’a fait me sentir vraiment chanceuse de travailler pour une entreprise comme la TD.
Mes gestionnaires m’ont demandé comment ils pouvaient m’aider. Ça ne m’avait jamais traversé l’esprit que je pouvais demander de l’aide. J’avais peur que ce soit vu comme une faiblesse. Après plusieurs discussions sur les différentes possibilités, j’ai décidé de prendre un congé autorisé.
J’ai fini par prendre presque un an de congé, ce qui m’a été salutaire.
J’ai pris les trois premiers mois pour récupérer et me détendre. Puis, j’ai commencé à prendre soin de mon bien-être physique et mental. Ensuite, j’ai entrepris une sorte d’introspection, afin de mieux me connaître. Je savais que j’aimais mon travail, mais je devais changer des choses avant de retourner au bureau. J’ai dû me débarrasser de certains automatismes et réapprendre la façon de voir et de gérer mon travail.
Ce que j’ai appris sur moi-même m’a ouvert les yeux. J’ai réalisé que je travaillais sur différentes tâches et différents projets en même temps, mais que ceux-ci n’avaient pas tous le même ordre de priorité. En acceptant tout, j’épuisais mon équipe, je n’arrêtais pas pour reprendre des forces après les périodes de pointe, et quand les choses devenaient très intenses, je n’avais pas les ressources nécessaires pour réduire le stress.
Prendre soin de soi d’abord
Bien sûr, la charge de travail peut comporter des hauts et des bas. Mais la clé, c’est de savoir bien récupérer et de se ressourcer pour affronter la prochaine période de pointe.
Est-ce que mon travail est devenu plus facile? Non, car en fait, la TD m’a promue de directrice principale à vice-présidente associée quand je suis revenue de mon congé.
Mais le fait de savoir que les dirigeants à la TD croyaient encore en moi, et qu’ils n’ont pas vu mon besoin de prendre une pause du travail comme une faiblesse, m’a donné la motivation de mettre en pratique ce que j’ai appris pour accorder la priorité à ma santé mentale afin que je puisse aider la TD à atteindre ses objectifs, tout en atteignant les miens.
Aujourd’hui, je suis vice-présidente, et ma vie professionnelle va très bien, tout comme ma vie personnelle. J’ai pu m’en sortir grâce à ce que j’ai appris pour prendre soin de ma santé physique et mentale, et au soutien des dirigeants de la TD qui ont cru en moi.
Je raconte mon histoire, car l’épuisement professionnel existe. Je sais qu’il n’est pas donné à tous d’avoir la chance de pouvoir prendre une année de congé et de revenir au travail en étant accueilli à bras ouverts. J’ai appris toutefois que nous avons plus de contrôle qu’on le pense quand on veut améliorer les choses, non seulement en prenant soin de soi, mais aussi en faisant preuve de bienveillance.
J’encourage tous ceux qui occupent un poste de gestionnaire à créer une culture de bienveillance afin que leurs employés puissent se sentir libres de parler d’épuisement professionnel. Prenez des nouvelles de vos collègues et des gens de votre entourage pour savoir comment ils vont; vous pourriez être surpris de voir à quel point cela peut les inciter à s’ouvrir.
Finalement, soyez honnête avec vous-même pour reconnaître que le moment est venu de demander de l’aide.
Un jour à la fois
J’ai encore du chemin à faire, mais je suis encouragée par les progrès réalisés.
Je crois qu’il y a de plus en plus d’ouverture lorsqu’il est question de stress et d’épuisement professionnel. À la TD, nous parlons de santé mentale en toute transparence, car il s’agit d’une grande part de notre culture de bienveillance. Je raconte mon histoire pour que les gens sachent qu’ils ne sont pas seuls, et que le fait de demander de l’aide n’est pas une marque de faiblesse.