Déjà tout petit, à Riga en Lettonie, Maksims Volkovs n’avait pas peur de relever des défis.
Fils d’un titulaire de doctorat en mathématiques et professeur en informatique, il n’est pas surprenant que Maksims ait été attiré par le codage informatique, la résolution de problèmes mathématiques compliqués et la programmation de jeux vidéo.
Alors qu’il aimait les sports, comme le basketball, et avait d’autres passe-temps, la perspective de surmonter un défi, d’utiliser les mathématiques pour établir des liens que les autres ne pouvaient pas voir et d’aider à trouver la simplicité dans une chose complexe, l’attirait sans cesse.
Après l’arrivée de sa famille au Canada en 2000, cette même détermination et une passion pour la résolution de problèmes l’ont aidé à apprendre l’anglais une fois sa famille installée à Toronto. Il a ainsi pu terminer ses études secondaires et être admis à l’Université de Toronto, où il s’est inscrit en informatique.
Lorsque Maksims était étudiant de premier cycle, le secteur des technologies était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. Les téléphones intelligents étaient une nouveauté, et l’ère des médias sociaux en était à ses balbutiements. De nombreuses personnes considéraient l’intelligence artificielle (IA) comme de la science-fiction plutôt qu’une éventuelle réalité.
Mais Maksims ne s’intéressait pas aux applis ni aux téléphones. Toujours à la recherche de défis, il a rapidement trouvé sa vocation à l’hiver 2006 lors d’un cours d’introduction aux réseaux neuronaux et à l’apprentissage automatique.
Autrement dit, à l’intelligence artificielle.
« À l’époque, le secteur était complètement mort », explique Maksims lors d’une entrevue dans son bureau de Layer 6, la division IA de la TD, à Toronto.
« Mais je voyais le potentiel. »
Aujourd’hui, Maksims est le scientifique en chef, IA de la TD, où il supervise la recherche et le développement à Layer 6, en utilisant les technologies d’IA pour concevoir des produits et des solutions afin d’entamer une nouvelle ère bancaire pour les collègues et les clients de la Banque.
Actuellement, son équipe et lui font face à un autre défi : la création d’un laboratoire de calibre mondial sur l’intelligence artificielle, qui vise à aider la TD à élaborer de meilleures façons de réduire la complexité au sein de l’entreprise. En parallèle, Maksims pense qu’il est possible de rendre l’IA plus compréhensible, plus accessible et plus fiable pour les collègues et les clients de la TD, tout en offrant des solutions personnalisées qui améliorent l’expérience bancaire à la TD.
« L’IA occupe une place importante dans la stratégie de la TD, qui est d’aider les clients à avoir une meilleure idée de leurs finances pour prendre les bonnes décisions pour eux et leur famille », souligne-t-il.
Bien entendu, tout cela est plus facile à dire qu’à faire.
« L’hiver » du mécontentement en matière d’IA
Lorsqu’il est entré dans la salle de classe de l’Université de Toronto en ce jour déterminant de janvier 2006 pour suivre son premier cours sur les réseaux neuronaux, Maksims ne savait pas que le professeur allait changer sa vie Et il ne connaissait pas non plus la nature même de l’IA.
Il a vu de l’espoir dans ce qu’il appelait « l’hiver » du secteur. Les sceptiques voyaient une impasse, soutenant que la puissance, les données et l’efficacité informatiques ne suffiraient pas pour tout faire fonctionner. Il s’est rendu compte qu’il était possible de bâtir quelque chose à partir de zéro.
Ce jour-là, le professeur n’était autre que Geoffrey Hinton, universitaire canadien d’origine britannique et futur lauréat d’un prix Nobel, que l’on appelle souvent aujourd’hui « le parrain de l’intelligence artificielle ». Maksims se rappelle avoir été frappé par la passion contagieuse de M. Hinton pendant les cours.
« Même si l’accent était principalement mis sur la matière, c’est son dévouement indéfectible à l’IA et son enthousiasme pour les possibilités qui m’ont le plus marqué », déclare-t-il.
« Je voulais en faire partie et concrétiser ce potentiel. »
Malgré l’obscurité générale de cet « hiver » pour le secteur et la vague de scepticisme, Maksims souligne que Toronto apportait une lueur d’espoir. Appuyés par M. Hinton et par les étudiants enthousiastes de l’Université de Toronto, les chercheurs ont rapidement fait de la ville un centre mondial de recherche en IA.
M. Hinton et d’autres chercheurs de l’Université de Toronto sont à l’origine de nombreuses technologies et percées en IA durant cette période. Des progrès fondamentaux ont été faits en apprentissage profond, c’est-à-dire avec les ordinateurs qui analysent des tendances complexes d’une manière semblable à celle du cerveau humain, permettant ainsi aux machines de traiter un plus grand nombre de données avec une plus grande exactitude.
Des chercheurs de l’Université de Toronto ont également contribué à une percée majeure dans le domaine de l’IA acoustique, qui a permis la mise au point d’assistants pour maison intelligente. En outre, il y a eu un grand pas en avant dans le domaine de la vision par ordinateur, ce qui a mené à la création d’AlexNet, un réseau neuronal qui reconnaît les images.
Maksims explique qu’à l’époque, pour les chercheurs et les étudiants à l’Université de Toronto, il était impossible de ne pas être inspiré par les progrès réalisés en IA.
C’est grâce à cette inspiration que Maksims a cofondé la société d’IA Layer 6 avec Jordan Jacobs et Tomi Poutanen en 2011, dont la TD fera l’acquisition en 2018. Layer 6 deviendra le premier centre d’excellence de la TD en IA, responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre de solutions d’IA à l’échelle de la Banque.
Layer 6 et la TD
Avec les cofondateurs, Maksims a créé Layer 6 afin d’utiliser l’IA pour analyser de grandes quantités de données dans le but d’anticiper les besoins des clients.
C’est un concours qui a permis de faire briller le potentiel de la société. En 2017, Maksims et deux autres collègues de Layer 6 ont remporté le concours ACM RecSys, la principale compétition internationale sur les systèmes de recommandations. Ils ont proposé une nouvelle approche pour améliorer les recommandations des systèmes d’IA à partir de zéro, quand peu de renseignements sont disponibles sur un client.
L’année suivante, Maksims et une équipe de Layer 6 ont de nouveau remporté le concours RecSys, surpassant la concurrence en fournissant le meilleur algorithme pour les recommandations musicales, prédisant ce que les personnes aimeraient entendre ensuite.
La TD était enthousiaste à propos de Layer 6 et de son objectif de fournir des renseignements sur les clients, estimant que cela pourrait l’aider à devenir un chef de file en matière d’IA.
« Layer 6 intègre de nouvelles capacités à la base de talents et de savoir-faire en pleine expansion de la Banque », affirmait un dirigeant de la TD au moment de l’acquisition.
« L'intelligence artificielle a le potentiel d'engendrer une nouvelle génération d'applications fondées sur les données, des conseils personnalisés offerts en temps réel aux analyses prédictives qui façonneront les services bancaires futurs pour des millions de personnes. »
Aujourd’hui, le bureau de Layer 6 est situé à quelques pâtés de maisons de l’université où Maksims avait assisté à ses cours avec M. Hinton. L’équipe compte maintenant plus de 200 collègues, y compris des ingénieurs, des scientifiques des données, des développeurs de produits et plus encore.
Alors que les entreprises se précipitent pour créer de nouveaux produits et services d’IA, la TD investit dans cet avenir. En effet, la TD a annoncé en avril que Layer 6 ouvrirait un bureau à New York plus tard cette année, et commencerait par embaucher 20 scientifiques des données, scientifiques en apprentissage automatique appliqué et spécialistes de la mise en œuvre de l’IA générative.
« À nos débuts, notre équipe comptait peu de membres, mais nous étions ambitieux », confie Maksims en faisant référence à la vingtaine d’employés qui travaillaient au sein de Layer 6 au moment de son acquisition.
« Notre objectif a toujours été de créer un centre d’excellence mondial afin d’attirer des talents de tous les horizons et de déployer l’IA partout dans le monde. Le secteur évolue très rapidement et nous voulons jouer un rôle de premier plan à cet égard. »
Pour ce faire, Layer 6 compte des équipes de scientifiques spécialisés dans différents domaines de l’IA, qui testent les dernières technologies et les font évoluer grâce à leurs recherches.
« Les résultats nous aident à déterminer où et comment la TD devrait investir dans l’IA à l’échelle de l’entreprise pour produire la plus grande valeur », explique-t-il, déclarant que le défi consiste notamment à déterminer où la Banque pourrait être en mesure de faire un autre pas en avant pour les clients et les collègues.
Cette année, la TD a pris une telle décision en lançant IA Prisme TD, un modèle de fondation novateur qui permet de mieux anticiper les besoins des clients afin de leur proposer des solutions bancaires plus personnalisées.
Maksims s’enthousiasme lorsqu’il parle des possibilités qu’offre le modèle IA Prisme TD et de ce que cela représente pour l’avenir, car la technologie peut être mise en œuvre à grande échelle plus efficacement afin d’aider à offrir davantage de solutions avec la même quantité de ressources.
Le modèle répond ainsi aux exigences du mandat orientant les travaux en matière d’IA à la TD, c’est-à-dire celui de fournir des solutions plus rapides et plus accessibles aux clients et aux collègues.
« Je pense que le modèle IA Prisme TD va transformer l’avenir de nos activités en tirant parti de l’IA prédictive pour prendre des décisions proactives à une échelle qui n’était pas possible jusqu’à maintenant. »
Une IA digne de confiance
Il est facile de voir l’IA comme un algorithme abstrait créé dans une boîte noire, mais elle vient bien de quelque part. Elle est créée par des gens, et les gens sont imparfaits, comme le souligne M. Volkovs.
C’est pourquoi la recherche de soutien à laquelle Layer 6 participe est ce que l’on appelle l’IA digne de confiance, nom que la TD donne à son équipe primée et à son approche à l’égard d’un cadre de gouvernance de l’IA responsable, qui permet en outre de respecter les exigences juridiques.
Bien que les nuances des modèles d’apprentissage profond qui constituent les fondements de l’IA puissent être complexes pour une personne ordinaire, la mission de Maksims et de son équipe peut se résumer en un mantra simple : comment l’IA peut-elle simplifier les produits et services de la Banque et améliorer leur accessibilité et leur rapidité pour les clients et les collègues?
Pour Maksims, tout commence par l’élaboration de solutions fondées sur une IA digne de confiance.
« Les gens doivent être en mesure de faire confiance à leur banque », explique-t-il.
« Et cette confiance découle de la transparence. » C’est en partie la raison pour laquelle Maksims Volkovs favorise une culture qui encourage les collègues à montrer et à partager leur travail. Les chercheurs de Layer 6 sont encouragés à soumettre leurs plus récents documents de recherche lors de conférences de premier plan sur l’IA, où ils sont examinés par des pairs au sein d’une communauté de spécialistes. Ces documents sont également publiés sur le site Web de Layer 6, ce qui renforce la transparence et la confiance. D’après Maksims, pour créer une bonne IA, il ne faut pas seulement tenir compte de ce qui est techniquement possible. Il faut également mettre au point une IA à laquelle les gens peuvent faire confiance.
Le bon type d’équipe, provenant d’une culture axée sur l’entraide et la collaboration, est donc nécessaire. Cette culture a également besoin d’une mission, et à Layer 6, celle-ci consiste à poursuivre sans relâche l’innovation scientifique afin d’améliorer l’expérience client et l’expérience collègue.
Établir des liens
Il n’est pas facile de concevoir des solutions d’IA pertinentes qui améliorent l’expérience client et l’expérience collègue.
Toutefois, Maksims n’a jamais été intimidé par des obstacles mathématiques et techniques complexes, même lorsque, enfant, il programmait ses propres jeux vidéo. En fait, c’est là qu’il est le plus à l’aise, c’est-à-dire quand il simplifie des défis complexes, établit des liens et fournit une solution élégante en collaborant avec l’équipe.
Son prochain défi est bien plus important qu’un problème mathématique ou un jeu vidéo. Il doit propulser la TD dans une nouvelle ère bancaire.
Maksims a hâte d’entamer ce parcours pour mettre au point des solutions bancaires d’IA afin d’offrir des expériences simples, plus accessibles et plus rapides pour les clients et les collègues.
C’est tout un défi, mais comme tous les autres avant, il est prêt à le relever, en concrétisant le potentiel qu’il peut voir, une solution à la fois, et en puisant dans la passion qu’il a ressentie à l’université.