Dans le quatrième article de notre série, une dirigeante de la TD se souvient d’une occasion où elle a retiré des placements plutôt que de s’endetter pour payer ses vacances à la plage.
Par Lisa Driscoll
Première vice-présidente, Crédit personnel, Solutions aux commerçants et Littératie financière
Quand j’y repense, je vois le soleil, le sable, les cocktails fruités du tout-inclus, mais je me souviens surtout de ma première expérience de plongée.
Nous étions six, nous vivions nos premières vacances entre filles dans les Caraïbes. J’avais tellement hâte au voyage que je me suis acheté des nouvelles gougounes, un nouveau maillot, des nouvelles robes de plage... Je savais que c’était un voyage dont je me souviendrais.
La seule question à laquelle il me restait à répondre : comment allais-je payer tout ça?
J’étais sortie de l’école depuis à peine quelques années, et j’avais déjà mon premier emploi à temps plein à la TD. J’avais la chance d’avoir un salaire décent, et j’avais même commencé à investir un peu d’argent. J’ai vite réalisé que si je retirais mes placements, j’aurais assez d’argent pour le voyage.
Quand j’étais petite, mes parents étaient plutôt prudents avec leur argent. Je me souviens qu’ils s’installaient à la table de la cuisine avec une pile d’enveloppes blanches. Ma mère allait à la banque pour encaisser les chèques de paie de mon père (il occupait deux emplois pour subvenir à nos besoins), puis mes parents s’assoyaient ensemble et répartissaient l’argent dans ces enveloppes pour les dépenses du mois : prêt hypothécaire, activités pour les enfants, épicerie et ce qu’ils pouvaient épargner pour l’avenir.
J’ai des souvenirs très vifs du moment où nous avons brûlé les documents du prêt hypothécaire : on m’a appris qu’il valait mieux ne pas emprunter de l’argent. Mon père a toujours été d’avis qu’il ne faut pas acheter ce qu’on ne peut pas se permettre, et ce n’est tout simplement pas envisageable d’emprunter de l’argent dans une ligne de crédit pour faire quelque chose d’amusant, comme aller à la plage pour siroter des cocktails avec de petites ombrelles.
Alors, pour payer le voyage, j’ai retiré mes placements, quelques milliers de dollars. C’était mon tout premier voyage dans les Caraïbes, et je savais que ça en vaudrait le coût.
Ce voyage a eu lieu il y a longtemps, et je n’ai pas repensé à ma décision de retirer ces placements pendant des décennies.
C’était jusqu’à ce que j’aie une conversation récemment avec mon beau-fils sur la vie et l’argent. Présentement, il est dans la position où je me trouvais à l’époque. Il occupe un premier emploi, gagne un bon salaire pour son âge et investit ce qu’il peut. Mais je constate qu’il pense déjà à utiliser ses placements pour financer des achats à court terme.
Mais maintenant que je suis plus âgée, plus sage et que je comprends mieux la valeur à long terme des placements, je réalise qu’il ferait mieux d’utiliser une ligne de crédit et de laisser ses placements là où ils sont, puis de rembourser la ligne de crédit au fil du temps. Ainsi, il pourrait profiter de la vie à court terme, tout en épargnant pour son avenir.
Évidemment, tout ça m’a fait réfléchir. Si je n’avais pas vendu ces actions à l’époque, combien vaudraient-elles aujourd’hui? Je savais quelles actions j’avais vendues, leur quantité et ce qu’elles valaient à l’époque; j’ai donc fait la recherche sur Internet.
Lorsque j’ai vu le chiffre, j’ai failli tomber en bas de ma chaise.
Dans ce cas particulier, l’action a été fractionnée plusieurs fois et sa valeur a augmenté de façon importante. Évidemment, ce n’est pas le cas de toutes les actions, mais si je n’avais pas fait ce retrait, les actions vaudraient aujourd’hui bien plus que 10 fois leur valeur d’antan.
Si c’était à refaire, j’aurais une vision beaucoup plus globale et plus réfléchie de ma situation financière.
Bien sûr, le conseil de mon père de ne rien acheter qu’on ne puisse se permettre était sage, mais à long terme, j’aurais probablement mieux fait de payer le voyage au moyen d’une ligne de crédit, de continuer à investir et d’avoir un plan pour rembourser la ligne de crédit.
Si j’avais fait cela, j’aurais pu utiliser l’argent des placements pour des projets de beaucoup plus grande envergure, par exemple pour payer une mise de fonds pour une première maison, un mariage, ou pour financer mes vieux jours.
Ces vacances entre amies, ces moments de camaraderie sur la plage sont gravés dans ma mémoire à jamais. Mais ce serait bien d’avoir ces souvenirs et d’avoir quand même ces actions dans mon portefeuille!
Les énoncés et opinions contenus dans le présent document sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas forcément les opinions de La Banque Toronto-Dominion.