« Erin, ta mère a eu un accident et on ne sait pas si elle va s’en sortir. »
C’est comme ça que mon père a commencé l’appel qui allait changer ma vie. C’était en 2016, et trois provinces nous séparaient. Ma mère avait eu un accident, et bien qu’on ne le savait pas à l’époque, cet événement allait changer non seulement sa vie, mais également celle de tout son entourage.
Pendant les cinq mois qui ont suivi, elle a vécu dans un brouillard terrifiant, accumulant trajets en ambulance, chirurgies et longs séjours dans des hôpitaux de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick. Je ne vous raconterai pas son histoire en détail, mais il en a résulté que ma mère utilise un fauteuil roulant et s’identifie maintenant comme une personne ayant une incapacité.
Travaillant depuis plusieurs années sur le dossier lié aux personnes ayant une incapacité, j’étais particulièrement bien placée pour aider mes parents à faire face aux bouleversements découlant de l’accident de ma mère. J’ai pu leur apporter un soutien concret et des conseils sur les mesures d’adaptation, mais le fait de voir comment cette expérience a changé leur vie m’a amenée à porter un regard neuf sur les choses. J’ai commencé à remarquer à quel point le monde était devenu différent pour ma mère : un monde inaccessible, compliqué et peu familier.
Cette prise de conscience a changé ma façon de percevoir mon travail.
Bien que ma mère reste la personne extraordinaire qu’elle a toujours été, son incapacité et le recours à un fauteuil roulant ont eu une profonde répercussion sur le quotidien de mes parents. Ils ont dû quitter la maison à deux étages où j’ai grandi et déménager dans une maison de plain-pied adaptée. Les déplacements sont devenus plus compliqués; ils ne pouvaient plus aller manger dans les mêmes restaurants qu’avant, car ma mère ne pouvait pas accéder à certains endroits avec son fauteuil roulant.
La réalité, c’est que n’importe qui peut se retrouver avec une incapacité, n’importe quand, que ce soit de manière permanente ou temporaire. L’incapacité de ma mère m’a donné une nouvelle perspective sur mon rôle au travail, et m’a aussi fait comprendre que nous devons tous en faire plus pour favoriser l’inclusion au travail et dans la société.
Faire avancer l’inclusion des personnes ayant une incapacité
Dans le cadre de mes fonctions, ça m’aide de toujours avoir à l’esprit le vécu de ma mère et de ma famille lorsque je sensibilise nos collègues à l’échelle de l’entreprise et que j’œuvre pour améliorer l’accessibilité pour tous nos collègues, clients et collectivités. Notre objectif est de faire en sorte que tout le monde se sente soutenu et à l’aise de participer et de contribuer.
Je sais que j’agis comme intermédiaire entre nos collègues ayant une incapacité, l’ensemble de la communauté des personnes ayant une incapacité et la Banque. D’ailleurs, je suis reconnaissante d’avoir participé aux efforts d’inclusion des personnes ayant une incapacité et d’avoir eu une place de choix pour suivre la progression de la TD en la matière ces 12 dernières années.
Au cours de cette période, la TD a franchi plusieurs étapes importantes afin de rendre les services bancaires et financiers plus accessibles pour les personnes ayant une incapacité. Cette année, la TD est devenue la première banque canadienne à mettre en place une ligne téléphonique dédiée aux clients sourds qui communiquent en langue des signes québécoise (LSQ) ou en American Sign Language (ASL). Nous avons lancé un outil d’accessibilité pour rendre l’expérience utilisateur en ligne plus accessible aux clients, et collaboré avec Accenture pour créer un programme tenant compte de l’inclusion des personnes ayant une incapacité dans les professions du marketing et de la communication à l’échelle mondiale.
Faire évoluer les perceptions : notre rôle
Selon les statistiques du gouvernement, le quart de la population canadienne et américaine vit avec une forme de handicap. Mais les personnes ayant une incapacité ne doivent pas être les seules à faire entendre leur voix pour sensibiliser les gens et défendre leurs droits. Nous devons tous faire ce que nous pouvons pour favoriser l’inclusion et la compréhension. C’est ce qu’on appelle souvent la solidarité active.
Pour moi, la solidarité active, c’est prendre part et contribuer aux groupes communautaires des collègues, participer à des activités pour en savoir plus sur la communauté des personnes ayant une incapacité et tisser de nouveaux liens. Je fais de mon mieux pour mettre à profit les leçons que j’ai apprises auprès de la communauté des personnes ayant une incapacité et promouvoir le changement afin d’améliorer les programmes et les processus qui causent des difficultés au sein de la communauté au bureau et ailleurs.
L’une des leçons que j’ai tirées de ces expériences est que l’on croit souvent à tort dans ce domaine que le terme « incapacité » a une connotation négative.
Bien que la communauté des personnes ayant une incapacité soit diversifiée en matière d’expériences et de perspectives, nous avons appris, dans la collectivité en général et ici à la TD, qu’on ne doit pas éviter d’employer les termes « incapacité » et « personne ayant une incapacité », ni les remplacer par des euphémismes. En fait, comme ma mère, de nombreuses personnes acceptent cet aspect de leur identité. Lorsque l’on évite d’employer ces mots, on encourage le capacitisme et l’idée fausse selon laquelle les personnes ayant une incapacité ont moins de valeur que les personnes sans handicap.
Il y a encore beaucoup à faire pour éliminer les obstacles à l’accès des personnes ayant une incapacité et pour améliorer la façon dont sont perçues les forces, les compétences et la valeur de ces personnes.
Je suis très fière du travail accompli et des progrès réalisés par la TD au chapitre de l’inclusion des personnes ayant une incapacité. Cependant, je pense qu’il est essentiel de continuer à recueillir le point de vue des personnes touchées directement ou indirectement par une incapacité et à aller de l’avant de façon intentionnelle afin de rehausser davantage nos processus et nos attentes pour tenir compte de l’accessibilité dès le début.
On peut tous être touchés par une incapacité, que ce soit maintenant ou plus tard dans notre vie, de manière temporaire ou permanente, directement ou encore indirectement, par des personnes que nous aimons. Il incombe à tout le monde de favoriser l’accessibilité, l’équité et l’inclusion, car elles profitent à tous.