Jacob MacInnis ne pouvait pas imaginer qu’il vivrait à l’été 2011 une expérience qui allait changer sa vie.
En apercevant la façade de grès lisse du Centre des arts de la Confédération de Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, Jacob ne savait pas qu’il était sur le point d’entamer un parcours non seulement de perfectionnement professionnel, mais aussi de découverte personnelle.
Cet été-là, en faisant partie du groupe de 12 jeunes autochtones des quatre coins du Canada qui ont été choisis pour intégrer la Jeune compagnie du Centre de la Confédération TD, un programme de formation en théâtre géré par le Centre, Jacob a eu la chance de travailler avec des artistes renommés comme la regrettée compositrice et dramaturge Cathy Elliott dans la production de 2011 intitulée The Talking Stick, mais il a aussi pu découvrir ses propres racines autochtones.
« J’ai été élevé au sein d’une communauté blanche et je me présente comme un blanc plutôt qu’un Autochtone », indique Jacob. « Avant cet été-là à Epekwitk (le nom micmac de l’Île-du-Prince-Édouard), je connaissais très peu mes origines autochtones. Ma famille n’en a jamais vraiment parlé. Je n’ai jamais su ce que c’était, de vivre l’expérience autochtone au Canada ».
Neuf années se sont écoulées depuis l’expérience vécue par Jacob MacInnis. Cet été, les couloirs du Centre de la Confédération ont été anormalement calmes. La Jeune compagnie du Centre de la Confédération TD a été contrainte de mettre son programme sur pause et toutes les communautés des arts de la scène au Canada ont vu leurs activités être interrompues par la pandémie.
Les organisateurs de ce programme ayant contribué à lancer de jeunes artistes canadiens sur de grandes scènes comme celles du festival de Stratford au Canada, de Broadway à New York et au-delà, étaient conscients qu’il fallait trouver une façon de maintenir l’esprit du programme bien vivant, même si les rencontres en personne n’étaient pas possibles.
Pour chercher un moyen d’aller de l’avant, le service de marketing du Centre de la Confédération s’est donc tourné vers le passé en choisissant de donner la parole aux anciens élèves du programme par l’intermédiaire d’une initiative de récit numérique rétrospective appelée la série TD Rewind de la Jeune compagnie.
Diffusée sur le compte Instagram du Centre de la Confédération, la série a réuni un groupe d’anciens élèves trié sur le volet, parmi lesquels Jacob MacInnis, pour les inviter à parler de leurs plus beaux souvenirs de la Jeune compagnie du Centre de la Confédération TD et des succès qu’ils ont eus par la suite.
Alimenter les arts de la scène durant le confinement
« La série TD Rewind de la Jeune compagnie est le moyen que nous avons trouvé pour permettre à cette communauté tissée très serrée de rester en contact à distance et continuer à alimenter les espoirs, les expériences et les défis de ce groupe diversifié d’artistes canadiens afin qu’ils puissent inspirer la prochaine génération d’artistes », mentionne Steve Bellamy, le directeur général du Centre des arts de la Confédération.
Historiquement, le programme de la Jeune compagnie du Centre de la Confédération TD était un écosystème de formation qui s’intéressait principalement à la danse, au théâtre et aux arts occidentaux et qui aboutissait à la création par les participants d’une production originale qui était lancée chaque année à l’occasion de la fête du Canada. Depuis quelques années, un accent particulier est mis sur la musique, les chansons et les récits qui reflètent la diversité des participants sur les plans culturel et géographique.
« Le bâtiment dans lequel les activités du programme se déroulent a été construit en 1964 pour commémorer la Conférence de Charlottetown », indique Steve Bellamy. « Nous sommes donc conscients de l’héritage colonial de ce bâtiment et nous ressentons un devoir de réécrire une partie de ce récit en racontant des histoires qui incluent toutes les voix qui ont été historiquement exclues ».
M. Bellamy précise qu’aujourd’hui, la Jeune compagnie du Centre de la Confédération TD inclut dans ses critères de sélection des formes d’art culturellement diverses telles que le chant guttural, la narration orale et les instruments traditionnels. Le but est d’encourager une plus grande participation de voix et d’histoires diversifiées sur les scènes canadiennes et de contribuer à la préservation de nombreuses formes d’art culturelles traditionnelles autochtones.
Un modèle pour toute l’organisation
Steve Bellamy croit que la véritable réussite du programme est de donner aux jeunes un espace au sein duquel ils peuvent créer ensemble une histoire dans laquelle ils se sentent représentés.
« Ils n’essaient pas de s’incruster dans le scénario de quelqu’un d’autre.
Ils créent plutôt une histoire inspirée de leurs propres expériences. »
Pour Jacob MacInnis, voir des artistes autochtones, noirs et de couleur raconter des histoires à l’endroit même où s’est déroulée la Conférence de Charlottetown était un symbole très fort.
« Ça me donne la chair de poule rien que d’y penser », mentionne Jacob en ajoutant que la production The Talking Stick de 2011 qu’ils ont interprétée a amené des gens à porter un regard critique sur ce qui a été enseigné aux Canadiens dans leurs cours d’histoire et sur leurs relations avec les peuples autochtones.
Cet été-là, c’était la première fois que Jacob se sentait lié à son héritage métis.
« J’ai fabriqué mon premier tambour, j’ai fait ma première fumigation avec de la sauge et j’ai participé à mon premier pow-wow », indique Jacob MacInnis. « J’ai appris des chansons des peuples autochtones de partout au Canada et je suis entré en communion avec la terre. Ça a été le plus bel été de ma vie. »
Le succès des efforts de diversité et d’inclusion qu’a eu le programme de la Jeune compagnie du Centre de la Confédération TD en a fait un modèle pour la façon dont le Centre dans son ensemble intervient auprès des communautés issues de la diversité.
« Ça a été très difficile de passer un été sans le programme », mentionne Steve Bellamy, « mais la situation nous a permis de réfléchir à ce que nous pouvions faire pour devenir une meilleure organisation et appliquer plus largement certaines de nos priorités par rapport à la façon de communiquer avec les communautés issues de la diversité à l’échelle du Centre des arts de la Confédération ».
Pour Jacob MacInnis, le fait de participer à la série TD Rewind de la Jeune compagnie lui a permis de garder bien vivant l’esprit du programme et de cet été de formation.
« Saisir le tambour que j’ai moi-même fabriqué, prendre un moment pour honorer la mémoire de Cathy Elliott et sentir l’esprit de Cathy autour de moi alors que je revivais mon séjour à Charlottetown ont eu un effet thérapeutique. Son souvenir est le meilleur des remèdes. »
La Banque TD appuie la Jeune compagnie du Centre de la Confédération TD depuis 1999. Le soutien à la saison 2020 et à la série TD Rewind de la Jeune compagnie a été fait par l’intermédiaire de La promesse TD Prêts à agir, la plateforme d’entreprise citoyenne de la Banque.