Par Bharat Masrani
Président du Groupe et chef de la direction
Groupe Banque TD
Bharat Masrani est le président de la Campagne Centraide du Grand Toronto de 2020. Cet article a d’abord été publié dans le Globe and Mail.
Alors que le nombre de cas de COVID-19 continue d’augmenter, le fossé économique s’accentue. Les données sont claires : les groupes et les collectivités déjà vulnérables au commencement de la pandémie sont les plus touchés par les répercussions économiques, sociales et sanitaires.
Lors de la période de confinement, en mars et avril, Statistique Canada a rapporté que, dans l’ensemble du pays, les emplois faiblement rémunérés ont subi un recul de 38 %, contre 13 % pour les autres emplois. En septembre, on observait que la situation était beaucoup plus favorable du côté des emplois bien rémunérés : on notait même une augmentation sur 12 mois. Quant aux emplois faiblement rémunérés, ils étaient en recul de 22 % par rapport à l’an dernier.
Maintenant que nous rebâtissons, nous devons confronter directement les inégalités et la polarisation croissantes, qui ont été exacerbées par la pandémie. Alors que nous nous tournons vers demain, un avenir plus inclusif et équitable est essentiel, plus que jamais auparavant.
Pour de nombreux groupes de personnes vulnérables et issues de minorités visibles, la pandémie a rendu insoutenable une situation déjà précaire. La COVID-19 a révélé les répercussions des préjugés historiques et les désavantages des collectivités marginalisées – dont plusieurs ont été touchées de façon disproportionnée par la pandémie, affichant un taux de chômage et un taux d’infection plus élevés. Dans une situation accentuant les inégalités existantes, nous observons des signes précoces d’une reprise en forme de K, dans laquelle les personnes les mieux rémunérées se rétablissent rapidement tandis que les personnes faiblement rémunérées portent le fardeau de la crise.
Il est clair que nos collectivités ont besoin d’aide aujourd’hui, mais les réseaux d’entraide existants sont à bout de ressources, et le secteur sans but lucratif tente de répondre à une forte demande avec un financement réduit. Imagine Canada révèle que les organismes de bienfaisance subissent une diminution significative de leurs revenus ainsi que des difficultés à recruter des bénévoles pour soutenir leurs activités. Selon les organismes porte-parole du secteur, les programmes gouvernementaux ont fourni des mesures d’aide essentielle, mais la situation demeure préoccupante, et les besoins n’ont jamais été aussi importants.
Un grand nombre d’entre nous, issus de tous les secteurs, se sont mobilisés et continuent d’agir chaque jour pour répondre aux besoins en matière de financement caritatif et de soutien communautaire. À la TD, nous avons donné des millions de dollars à des organismes de bienfaisance, des groupes de santé et des organisations communautaires et professionnelles dans le cadre de l’Initiative de résilience des collectivités TD pour aider la société à traverser la crise actuelle et à bâtir un avenir prometteur ensemble. Collectivement, nous pouvons en faire plus, et nous devons en faire plus.
Cette année, j’ai l’honneur et le privilège de diriger la Campagne Centraide du Grand Toronto pour collecter des fonds pour le principal investisseur en services sociaux de la région après le gouvernement. J’ai accepté ce poste avant le début de la pandémie, et aujourd’hui, je suis extrêmement reconnaissant de l’avoir fait. Collecter des fonds en période de difficultés économiques n’est pas une mince tâche, mais je suis guidé par la ferme conviction qu’un réseau solide et coordonné d’agences de première ligne qui travaillent ensemble est l’un des moyens les plus efficaces de lutter contre la pauvreté à l’échelle locale et de donner à nos collectivités les moyens d’agir tandis que nous travaillons à une reprise inclusive.
Les générations futures porteront un regard sur les mesures que nous avons prises en réponse à la COVID-19 et nous jugeront sur la façon dont nous avons soutenu ceux qui ont été touchés de manière disproportionnée, plus précisément, sur la façon dont nous nous sommes unis pour nous entraider durant la crise.
Dans la région du Grand Toronto, nous faisons tous face à un certain niveau de difficulté sur le plan professionnel ou personnel, mais collectivement, nous ne sommes pas impuissants, et un avenir meilleur exige notre attention dès aujourd’hui. Au fur et à mesure que nous progressons sur la voie du rétablissement, ceux d’entre nous qui en ont les moyens ont la possibilité d’aider nos collectivités et de contribuer à une reprise plus équitable. Alors que nous nous tournons vers l’avenir, je vous laisse réfléchir à ces deux questions : si nous ne le faisons pas, qui le fera? Et si ce n’est pas maintenant, quand y aura-t-il un meilleur moment pour soutenir nos collectivités?