Jung-Suk Ryu croit que les artistes handicapés oeuvrent souvent en marge du milieu des arts.
Président et chef de la direction du Centre National des accessArts (CNaA) de Calgary, le plus ancien et le plus important organisme culturel pour les personnes handicapées, Jung-Suk Ryu a vu des artistes handicapés confrontés à d’innombrables obstacles dans leurs efforts pour réaliser leur rêve et trouver leur place dans le milieu des arts et de la culture.
Pour plusieurs artistes, ces obstacles se manifestent notamment par les structures rigides entourant l’éducation et la formation artistique, les perceptions sociétales et le manque général d’outils et de ressources pour les étudiants ayant un handicap physique ou sensoriel. Pour d’autres, plusieurs défis sont liés au manque de ressources offertes dans les collectivités défavorisées, dont proviennent plusieurs artistes handicapés.
Selon Jung-Suk Ryu, « le principal obstacle est que notre écosystème artistique et culturel est fondamentalement inaccessible. Ces obstacles empêchent souvent les artistes handicapés de découvrir leurs propres talents créatifs et de les dévoiler ensuite au public de manière significative et adaptée ».
Soutenir les artistes ayant un handicap physique ou lié au développement
En 2020, le CNaA est devenu le premier organisme culturel multidisciplinaire au pays à soutenir les artistes ayant un handicap physique ou lié au développement.
Les programmes du CNaA comprennent le soutien aux studios en plus d’ateliers en personne et des programmes d’immersion en ligne qui visent à appuyer une communauté encore plus importante d’artistes handicapés au pays.
Dans le cadre de La promesse TD Prêts à agir – la plateforme d’entreprise citoyenne de la Banque – la TD s’est récemment engagée à verser 300 000 $ au CNaA au cours des trois prochaines années. Les fonds serviront directement à financer des programmes multidisciplinaires destinés à plus de 350 artistes canadiens ayant une incapacité.
Grâce à ces nouveaux fonds, le CNaA pourra élargir son offre de services. Par exemple, l’organisme pourra désormais répondre à de nouvelles demandes liées à des oeuvres et à des expositions d’art public en vue de promouvoir les artistes handicapés et leurs réalisations.
Le CNaA sera également en mesure de respecter les normes du secteur requises pour ces nouvelles possibilités, comme d’offrir une somme pour combler l’écart salarial des artistes handicapés.
Le CNaA a aidé des étudiants à faire leurs premiers pas en tant qu’artiste, comme c’est le cas de Michael Marjoram, un artiste du domaine des arts visuels. Michael a d’abord participé au programme de résidence autogéré en arts visuels et a depuis pris part à plusieurs ateliers.
« Auparavant, je m’adonnais surtout à la peinture et au dessin, mais en accédant à l’univers des arts visuels du CNaA, j’ai découvert mon intérêt pour la broderie au point de croix. »
« J’espère aussi explorer d’autres moyens d’expression lors de mon retour en studio », confie Michael.
Tout au long de la pandémie, le CNaA a appuyé les artistes par l’entremise de ses programmes virtuels, lesquels ont apporté à des artistes comme Michael un sens d’appartenance à la collectivité essentiel en ces temps difficiles.
« Les séances sur Zoom sont intéressantes et me permettent d’entrer en contact avec mes homologues. »
« J’aime écouter les autres et être inspiré lorsque je dessine », ajoute Michael.
Fournir un service « essentiel » à la collectivité
Bien que la COVID-19 a suscité de nombreuses incertitudes, un fait indéniable est ressorti :
« Nous sommes un service essentiel et vital pour notre collectivité », souligne Jung-Suk Ryu.
« Nos programmes continuent à réunir les plus vulnérables et marginalisés de nos collectivités grâce au pouvoir de l’art. Nous avons donné un but à nos artistes pendant cette interminable période d’isolement », poursuit-il.
Au cours des dernières semaines, les travaux d’artistes associés au CNaA ont été présentés dans le cadre d’un certain nombre d’événements internationaux. Récemment, les travaux d’artistes du CNaA ont été présentés à Glasgow, dans le cadre de la Conférence de 2021 sur les changements climatiques (COP26) organisée par les Nations Unies, lors d’une exposition collaborative à Séoul, en Corée du Sud, ainsi que lors d’une exposition très appréciée à la galerie Prince Takamado à l’Ambassade du Canada à Tokyo, au Japon.
Andrew Harding, un des artistes du CNaA, a récemment présenté l’une de ses œuvres à l’Ambassade du Canada en Corée. L’œuvre sans titre présente son interprétation d’une forme traditionnelle d’art visuel coréen appelé sumug, une prouesse encore plus remarquable en raison de la déficience visuelle de l’artiste.
« Nous faisons rayonner le travail de nos artistes auprès du grand public de manière vraiment novatrice, prometteuse et significative, et nous sommes motivés à l’idée d’en faire plus. Nos artistes ne méritent rien de moins », poursuit Jung-Suk Ryu.
Le 3 décembre est la Journée internationale des personnes handicapées (JIPH), une occasion de favoriser la compréhension des problèmes liés aux handicaps, d’éliminer les obstacles à l’inclusion et de promouvoir les droits des personnes ayant une incapacité. Cette année, le thème des Nations Unies est « Leadership et participation des personnes handicapées pour construire un monde post-COVID-19 inclusif, accessible et durable ».