La lutte contre les changements climatiques est l’un des plus grands défis de notre avenir collectif. Réussir la transition vers un avenir à faibles émissions de carbone est un défi crucial qui exigera des efforts considérables ainsi qu’une collaboration à long terme entre les secteurs.
En tant qu’institution financière mondiale, nous sommes conscients que nous avons un rôle important à jouer pour favoriser la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Dans l’optique de nous aider à relever ces défis, nous avons annoncé en 2020 un ambitieux plan d’action sur les changements climatiques qui s’appuie sur nos efforts de longue date en matière de progrès environnementaux.
À la TD, nous favorisons une démarche visant à atteindre des émissions nettes nulles de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050 dans le cadre de notre plan d’action sur les changements climatiques, mais qu’est-ce que cela veut dire exactement?
Pour en savoir plus à ce sujet et pour découvrir en quoi les objectifs de la Banque en matière de réduction des émissions de GES jouent un rôle essentiel dans notre plan d’action sur les changements climatiques, nous avons discuté avec Nicole Vadori, chef de l’environnement, Groupe Banque TD.
Commençons par donner un peu de contexte à nos lecteurs. Qu’entend-on exactement par « émissions nettes nulles »?
En gros, les émissions nettes nulles sont la pierre d’assise de nos objectifs climatiques à la TD. Lorsqu’une entreprise parle d’« émissions nettes nulles », elle veut dire qu’elle n’émet pas de gaz à effet de serre ou qu’elle compense ses émissions de GES en en éliminant une quantité équivalente à celle qu’elle émet, par exemple en finançant des projets d’élimination du carbone au moyen de technologies de capture directe dans l’air, ou en investissant dans des projets de reboisement à grande échelle.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies, les émissions de dioxyde de carbone (le principal gaz à effet de serre) imputables à l’activité humaine doivent diminuer d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030 et atteindre un niveau net nul d’ici le milieu du XXIe siècle (2050) pour que l’on ait de bonnes chances de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius et ainsi d’éviter les pires conséquences des changements climatiques. Dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015, près de 200 pays se sont engagés à prendre des mesures pour freiner la hausse des températures mondiales moyennes.
Qu’entend-on par « parcours vers des émissions nettes nulles », et quelle est la différence avec la « carboneutralité »?
Lorsqu’une organisation parle d’atteindre des « émissions nettes nulles », elle veut dire qu’elle cherche à réduire le plus possible ses émissions de GES, puis à compenser les émissions résiduelles en éliminant une quantité équivalente de GES dans l’atmosphère, de sorte que la quantité nette d’émissions soit essentiellement nulle.
La carboneutralité, elle, peut être atteinte lorsque les émissions de carbone imputables à une organisation sont compensées en finançant la prévention ou l’évitement d’émissions de carbone ailleurs dans le monde.
Au moment où nous renforçons notre leadership en matière de lutte contre les changements climatiques en adoptant un objectif d’émissions nettes nulles plutôt que de carboneutralité, nous élargissons aussi la portée de notre engagement pour inclure les émissions associées à nos activités de financement (les « émissions financées »). Les émissions financées sont les émissions produites par nos clients et qui sont attribuables au financement que la TD leur apporte. Ce sont de loin celles qui sont les plus importantes dans l’empreinte carbone de la TD. La planification de l’objectif d’émissions financées nettes nulles est le volet le plus ambitieux du plan d’action sur les changements climatiques de la TD.
La TD demeurera carboneutre, comme c’est le cas depuis 2010, tout en visant une cible d’émissions nettes nulles d’ici 2050. Pour faire passer l’engagement de la TD à un objectif d’émissions nettes nulles, il faudra réduire les émissions et retirer de l’atmosphère une quantité de carbone équivalente à celle qui est émise. Dans le cadre de ce plan, nous devons établir différentes cibles pour mesurer nos progrès et nous assurer d’atteindre nos objectifs.
Quels sont les différents types de cibles, et qu’entend-on par « cibles d’émissions financées »?
Il y a en effet différents types de cibles. L’établissement de cibles pour les émissions financées est une étape importante dans le parcours de la TD vers des émissions nettes nulles, car il s’agit d’émissions provenant de sources que la Banque ne possède pas ou ne contrôle pas. Contrairement aux émissions des champs d’application 1 et 2, elles représentent la plus grande partie de notre empreinte carbone. Voici la différence :
- Les émissions du champ d’application 1 sont toutes les émissions directes relevant du contrôle d’une entreprise ou de ses activités, par exemple celles de l’exploitation d’un parc de véhicules ou d’un système de chauffage des lieux.
- Les émissions du champ d’application 2 sont les émissions indirectes provenant de l’électricité achetée et utilisée par une entreprise.
- Les émissions du champ d’application 3 sont toutes les autres émissions indirectes découlant des activités d’une entreprise, provenant de sources qu’elle ne possède pas ou ne contrôle pas, et comprennent les émissions relatives aux déplacements d’affaires, à l’approvisionnement, aux biens d’équipement, au financement et aux investissements. Les émissions financées du champ d’application 3 sont les émissions des clients auxquels la Banque fournit du capital.
L’an dernier, nous avons annoncé notre cible provisoire pour les émissions des champs d’application 1 et 2, laquelle a été établie selon une approche fondée sur des données scientifiques, et nous avons intégré l’alliance bancaire Net Zéro, convoquée par les Nations Unies, à l’instar des autres institutions financières canadiennes. Une cible ou une méthodologie de réduction des émissions est « fondée sur des données scientifiques » si elle est établie conformément à l’échelle de réduction requise pour limiter le réchauffement de la planète bien en dessous de 2 °C et mener des efforts en vue de limiter cette hausse à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
Cette année, nous avons fixé notre première série de cibles provisoires pour les émissions financées du champ d’application 3 des secteurs de l’énergie et de la production d’électricité. Ces secteurs ont été jugés prioritaires, étant donné qu’ils contribuent massivement aux émissions mondiales de GES, mais qu’ils offrent aussi d’importantes occasions d’aider d’autres secteurs à cheminer vers la décarbonisation. Il est essentiel de commencer par verdir l’approvisionnement en énergie pour favoriser la décarbonisation de l'ensemble de l'économie.
À quoi ressemble cette démarche?
Pour atteindre zéro émission nette d’ici 2050, nous devons non seulement réduire les émissions découlant de nos activités, mais aussi mesurer les émissions de GES de nos clients, particulièrement de ceux des secteurs à émissions élevées que nous finançons.
Nos cibles d’émissions financées de 2030 constituent des objectifs intermédiaires qui nous aideront à atteindre l’objectif d’émissions nettes nulles d’ici 2050. Elles nous servent de balises pour intégrer davantage les risques et les facteurs liés au climat dans nos activités.
En établissant nos cibles intermédiaires d’émissions financées de champ d’application 3, nous entreprenons une démarche de plusieurs années pour que notre portefeuille de financement atteigne notre objectif d’émissions nettes nulles. Nous comprenons que les méthodes de mesure et les scénarios de décarbonisation ainsi que la qualité des données évolueront au fil du temps. Nous avons pris la décision d’aller de l’avant malgré ces défis et de ne pas attendre qu’une démarche prédéfinie soit établie.
Nous croyons que les problèmes liés aux données ne doivent pas gêner ou retarder notre objectif de suivi et de déclaration de nos émissions financées. Conscients de ces difficultés, nous rectifierons notre approche au besoin, à mesure que les données, les méthodologies et les trajectoires se préciseront.
Pourquoi est-il important qu’une banque comme la TD agisse ainsi?
Comme nous sommes l’une des plus grandes banques en Amérique du Nord, nous comprenons que nous pouvons jouer un rôle décisif pour créer un avenir plus inclusif et durable pour tout le monde. C’est essentiel à notre raison d’être en tant qu’entreprise. Alors que nous faisons face aux défis urgents posés par les changements climatiques et que nous nous attaquons aux inégalités économiques et sociales de longue date qui ont été révélées sous un nouvel éclairage par la pandémie, l’importance de ce travail est amplifiée. Le fait de fixer des cibles pour les émissions financées représente un grand pas en avant qui nous permet de transformer nos engagements en actions concrètes pour appuyer les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés.
Nous avons pour priorité de travailler avec nos clients pour les aider à effectuer leurs transitions vers une économie à faibles émissions de carbone. Bon nombre de nos clients ont élaboré et commencé à mettre en œuvre leurs propres plans de réduction des émissions de GES et liés aux changements climatiques, et nous nous attendons à ce que beaucoup d’autres le fassent au cours des prochaines années. Nous sommes déterminés à soutenir nos clients et à collaborer activement avec eux en leur proposant une gamme complète de produits et de services qui s’inscrivent dans l’exécution de leurs plans de réduction des émissions et la recherche d’occasions à faibles émissions de carbone.
Nous sommes conscients que notre entreprise ne peut prospérer que si la société dans son ensemble prospère. C'est pour cela que nous présentons aujourd’hui un autre volet important de notre plan. Nos cibles serviront à orienter de manière déterminante la façon dont la TD jouera un rôle dans une transition responsable au cours des années à venir.
Nous ne sous-estimons pas l’ampleur du défi qui nous attend. Il manque encore de nombreuses pièces du casse-tête. Les données sont imparfaites, les méthodologies sont incomplètes et il n’y a pas d’ensemble cohérent de normes à l’échelle mondiale pour mesurer les émissions de GES.
Or, l’urgence de la crise climatique fait en sorte que nous ne pouvons plus attendre que le parcours soit parfaitement défini avant d’agir. Nous ne connaissons peut-être pas toutes les étapes, mais la direction dans laquelle nous devons aller est claire.