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• 16 juin 2020

Un peu plus tôt aujourd’hui, la TD a annoncé qu’elle offrait son soutien à différents organismes au Canada et aux États-Unis qui appuient les communautés noires. Nous avons discuté avec Naki Osutei et Shelley Sylva, qui dirigent nos équipes Impact social au Canada et aux États-Unis respectivement, afin d’obtenir leur point de vue sur la situation.

Q : Les organismes choisis ne font pas partie des groupes typiques qui nous viennent à l’esprit lorsqu’on pense à la lutte contre la discrimination et le racisme envers les Noirs. Vous avez toutes les deux participé très activement au processus de sélection. Pouvez-vous nous donner un peu plus d’information pour que l’on comprenne bien ce qui a motivé les décisions que vous avez prises, vous et la TD?

Naki : Les événements des dernières semaines ont été tragiques. Mais ils nous ont amenés à un autre niveau de sensibilisation; partout dans le monde, les gens et les institutions reconnaissent maintenant que la race détermine notre expérience des structures, des systèmes et des institutions de la société. On le voit dans les statistiques sur la pauvreté, dans les déséquilibres de nos systèmes de justice, et même dans la façon dont les médias d’information priorisent et traitent les nouvelles.

Ainsi, en plus de notre soutien aux organismes dont le mandat est d’aborder directement les répercussions immédiates du racisme contre les Noirs, nous avons annoncé aujourd’hui que nous allions offrir notre appui à des organismes dont le travail contribue aux changements systémiques dans les secteurs exerçant une influence comme le journalisme, le droit et la finance et aide à relayer la prise de parole et à accroître la représentation dans les domaines essentiels de notre vie. Ces organismes nous aident à mieux comprendre comment le racisme contre les Noirs a mené directement à des expériences inéquitables et à des conséquences négatives, à accroître la représentation des professionnels de la communauté noire dans leurs domaines respectifs et à influencer les changements de politiques et de pratiques afin d’enrayer les répercussions du racisme contre les Noirs.

Shelley : Les communautés noires vivent une crise à l’intérieur d’une crise. Lorsque des événements à grande échelle se produisent dans notre pays, ils touchent des millions de personnes et peuvent causer une souffrance énorme. Pour les Noirs et les autres collectivités plus vulnérables, de tels événements peuvent être dévastateurs. Pensons à la crise financière de 2008 et au nombre disproportionné de Noirs qui ont perdu leur emploi, leur maison et leur accès à des soins médicaux. Ou encore à l’ouragan Katrina et aux graves répercussions économiques et sociales que cette catastrophe a générées dans les communautés noires, et qui sont encore visibles quinze ans plus tard. Avec la pandémie, il ne fait aucun doute que l’impact sur les communautés noires sera immense. Lorsqu’une crise à la fois sanitaire et économique comme la COVID-19 frappe, les répercussions sont immédiates et profondes. Le taux de chômage augmente plus rapidement, tout comme le nombre de personnes en situation d’itinérance; et le nombre d’infections et de décès est beaucoup plus élevé que la normale. Ce sont les conséquences sous-jacentes du racisme.

Les organismes que nous avons décidé d’appuyer aident les gens aujourd’hui même. Nous fournissons du soutien aux collèges et universités historiquement noirs (HBCU), qui sont gravement sous-financés et donc mal préparés à absorber le choc financier soudain de la pandémie. Les fonds que nous avons octroyés appuieront le plan d’urgence COVID-19 de ces établissements d’enseignement et iront directement aux étudiants, pour les aider à poursuivre leurs études. De plus, nous avons offert du financement au Black Doctors COVID-19 Consortium, un groupe qui effectue des tests de dépistage dans les communautés noires, afin que chacun puisse se faire tester pour la COVID-19.

Q : Les événements des dernières semaines semblent avoir donné lieu à des réactions qui diffèrent de tout ce que nous avons vu dans le passé. Des millions de personnes de toute origine sont profondément touchées par la crise et semblent plus déterminées que jamais à enrayer le racisme. Qu’est-ce qui est différent cette fois-ci?

Naki : La métaphore rendue populaire par la COVID-19 selon laquelle « nous sommes tous dans le même océan, mais pas dans le même bateau » peut s’appliquer à la société dans son sens large : différents groupes raciaux vivant dans le même monde, mais ayant des expériences très différentes. Durant la pandémie, tout le monde est resté à la maison, les yeux rivés sur le petit écran et les médias sociaux; lorsque plusieurs actes de violence très médiatisés contre des Noirs non armés se sont produits à répétition, les gens qui n’avaient pas vraiment été exposés à ces images auparavant ne pouvaient plus en faire abstraction. Des millions de personnes sont maintenant témoins de ce que nous, les Noirs, vivons depuis très longtemps. Cette compréhension est devenue virale, et de façon inédite. Je demeure optimiste et je crois que nous assisterons à un changement, à condition que notre indignation soit utilisée de pair avec l’introspection, la responsabilité et l’action. Pour changer la réalité des Noirs et des autres collectivités à la recherche de l’égalité, il faut prendre le temps de comprendre les causes du racisme systémique, d’avoir des conversations inconfortables, d’apprendre, de remettre nos croyances en cause – sur la société et sur nous-mêmes – et ne pas craindre de parler et de poser des gestes qui entraînent un changement de système.

Shelley : Les événements qui se sont déroulés au cours des dernières semaines ont amené le monde entier à reconnaître que le racisme est un problème systémique dont il faut s’occuper. Comme de nombreux Noirs, j’ai vécu toute ma vie sachant que le racisme existait, et j’ai dû naviguer dans ce contexte tous les jours. Être un allié est important, mais ce n’est plus suffisant. Les universitaires et les activistes appellent à l’« antiracisme », qui se définit comme un effort actif et conscient visant à lutter contre les aspects multidimensionnels du racisme. Il ne faut pas seulement travailler sur la justice et l’égalité; certaines villes et certains États ont même décrété que le racisme constituait une crise sanitaire publique, afin de pouvoir affecter les fonds et les ressources nécessaires à la résolution de celle-ci. Je suis encouragée par le fait que la société semble reconnaître de plus en plus l’ampleur de la tâche pour contribuer à lutter contre le racisme systémique et qu’il faudra des efforts conscients et énergiques de la part de tous pour faire des progrès.

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