Il nous arrive parfois d’avoir l’impression d’avoir bouclé la boucle du point de vue professionnel.
Récemment, j’ai eu l’honneur de sonner la cloche de clôture de la New York Stock Exchange (NYSE) en compagnie d’un groupe de professionnels panasiatiques pour souligner le Mois du patrimoine des Américains d’origine asiatique et des îles du Pacifique. Être invité à sonner la cloche est évidemment un fait marquant de ma carrière et je m’en souviendrai toujours.
Cela m’a aussi permis de prendre un moment pour me rappeler le début de ma carrière et songer à mes racines.
À mes débuts, je ne voyais pas beaucoup de dirigeants asiatiques occuper des postes de haute direction. Ils travaillaient surtout, comme moi, dans des cubicules ou comme cadres intermédiaires.
Toutefois, il y avait peu de diversité chez les cadres supérieurs et dans les grands bureaux. D’où j’étais, je pouvais voir de mes propres yeux la sous-représentation des Asiatiques dans les postes de haute direction.
Un beau jour, encore au début de ma carrière, j’ai eu la chance d’entendre un éminent directeur, aussi consultant en gestion et auteur à succès, prononcer un discours.
Il était un chef d’entreprise très respecté, influent, charismatique et drôle. Il était au sommet de son art et avait une carrière prestigieuse au sein d’importantes sociétés. Il était aussi d’origine asiatique.
C’était l’une des premières fois où je voyais véritablement ce que je pouvais accomplir durant ma propre carrière. Son succès me faisait entrevoir des occasions, et pour la première fois, celles-ci semblaient à portée de main.
C’est à ce moment-là que j’ai compris le pouvoir de la visibilité et de la représentation.
Je me suis fait la promesse que si j’étais un jour en position d’aider les autres à réussir ou de les inspirer en me présentant comme un exemple, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour aider.
Mon expérience à la NYSE m’a amené à penser que les fêtes comme le Mois du patrimoine asiatique ne sont pas seulement une occasion de célébrer ma culture et mon patrimoine, mais aussi d’en apprendre davantage sur les cultures d’amis et de collègues, et d’en apprécier les différences.
C’est aussi une occasion de réfléchir à la manière dont nous pouvons inspirer le succès pour la prochaine génération de leaders panasiatiques.
Quelles sont vos origines?
« Quelles sont vos origines? » Voilà une question que nous nous sommes tous fait poser au moins une fois.
Je suis d’ascendance chinoise, mais je suis né à Saigon, au Vietnam. Mes parents se sont enfuis du Vietnam pendant la nuit au moyen d’un petit bateau dans les années 1970 alors que j’étais enfant. Notre bateau a dérivé en mer durant six jours et nous étions tassés comme des sardines. Le moteur a fini par sauter. Nous avons manqué de nourriture. J’ignorais si nous allions sortir de ce bateau un jour.
Nous avons heureusement été secourus et sommes restés dans un camp de réfugiés, après quoi mon oncle nous a parrainés et nous avons déménagé à Montréal. Nous sommes arrivés au Canada en plein hiver avec nos vêtements comme seules possessions. Marcher en sandales dans la neige est l’un de mes premiers souvenirs du Canada.
En tant que fils d’immigrants, je suis reconnaissant du sacrifice qu’ont fait mes parents lorsqu’ils ont décidé de nous emmener, les enfants, au Canada. Comme des millions d’autres, mes parents ont fait le choix difficile de se déraciner et de déménager dans un autre pays pour leurs enfants.
J’attribue une bonne partie de mon succès aux valeurs qu’ils nous ont transmises. Ils ont occupé des emplois à salaire minimum pour joindre les deux bouts et s’établir dans ce pays, et ont perpétué notre culture à la maison.
Le Canada est une nation d’immigrants. Pour la plupart d’entre nous, à un moment ou un autre, quelqu’un dans notre famille a fait le sacrifice d’emmener sa famille dans un autre pays. Pour entamer une nouvelle vie. Pour se bâtir un nouveau foyer.
Les fêtes comme le Mois du patrimoine asiatique – ou le Mois du patrimoine des Américains d’origine asiatique et des îles du Pacifique, comme il est appelé aux États-Unis – nous rappellent de réfléchir aux parcours de nos familles et de nos ancêtres et à l’influence que nous pouvons exercer en redonnant à la nouvelle génération et en l’inspirant.
Me rappeler d’où je viens
Ce désir d’aider les autres m’a amené à fonder Ascend Canada, un organisme à but non lucratif voué à augmenter la représentation, la visibilité et l’influence de dirigeants d’entreprise panasiatiques actuels et futurs.
Lancé en 2012, Ascend Canada est présent à l’échelle du Canada et offre des programmes continus et des événements visant à aider plus de 7 000 membres à atteindre leurs objectifs professionnels et à s’épanouir pleinement.
Les fêtes comme le Mois du patrimoine asiatique sont ponctuées d’événements où nous nous rassemblons pour célébrer notre histoire commune. Les gens y participent pour montrer leur appui, pour apprendre et pour faire du réseautage. Mais parfois, ils en veulent plus. Comment peuvent-ils réellement changer les choses dans leur propre carrière ou celle des autres?
Dans de telles circonstances, j’ai constaté qu’une question simple, mais directe leur donnait l’occasion de communiquer réellement leurs besoins : « qu’est-ce que je peux faire pour contribuer au développement de ta carrière? ». Cela ouvre la voie à une conversation plus pertinente. Bien souvent, les gens ont besoin qu’on les présente à la bonne personne ou qu’on les conseille, et je peux facilement leur offrir cela.
Lorsque j’ai sonné la cloche à la NYSE, j’ai songé à ce que signifiait le fait de voir le discours du directeur à l’époque. Je me suis demandé si ma présence sur le podium parmi d’autres dirigeants asiatiques influents pourrait inspirer d’autres personnes qui espèrent connaître un succès comme le nôtre.
Je crois qu’il est de notre devoir de favoriser la réussite de la prochaine génération de dirigeants. Faire connaître notre expérience peut avoir un effet très positif sur les dirigeants en devenir. Parfois, le simple fait d’être là pour écouter ou offrir un soutien moral peut tout changer.