L’abus financier a débuté tranquillement pour Cassandra Harvey, une survivante de la traite des personnes, mais est rapidement devenu incontrôlable.
Cassandra Harvey, 27 ans, explique que les personnes qui la soumettaient à la traite lui prenaient l’argent qu’elle gagnait à son emploi dans le cadre de la situation d’abus dont elle était victime, prétendant vouloir la garder en sécurité pour elle.
« C’est très courant lorsqu’une personne est victime de traite, affirme-t-elle. Mais la situation a empiré au point où on me prenait tout mon argent et où je commettais des fraudes pour le compte de mes trafiquants. »
Ce genre d’abus financier, qui va souvent de pair avec la traite des personnes, s’appelle l’endettement forcé. Les trafiquants forcent leurs victimes à emprunter de l’argent auprès de créanciers, puis ils l’utilisent notamment pour acheter des téléphones cellulaires, régler des séjours à l’hôtel ou payer leur transport, selon Services aux victimes Toronto.
Les trafiquants procèdent ainsi pour dissimuler leurs crimes, laissant leurs victimes avec des dettes croissantes et une cote de crédit basse.
« J’allais dans les banques et je prétendais être quelqu’un d’autre, confie Cassandra Harvey. Une fois les ressources des autres toutes épuisées, on a commencé à prendre des factures de téléphone à mon nom, des cartes de crédit à mon nom et des prêts à mon nom. »
Comment un programme de Services aux victimes Toronto aide les survivants à se libérer de dettes
Cassandra Harvey, qui vit maintenant à Toronto, parle ouvertement de l’impact que sa dette forcée de 65 000 $ a eu sur sa vie. Elle explique comment le programme Rebâtir de Services aux victimes Toronto, soutenu par la TD, l’aide elle, ainsi que d’autres survivants de la traite des personnes, à se rétablir financièrement.
Par l’intermédiaire de La promesse TD Prêts à agir, la plateforme d’entreprise citoyenne de la Banque, la TD a fait un don de 360 000 $ à Services aux victimes Toronto pour soutenir le programme Rebâtir pour les trois prochaines années.
Dans le cadre de ce programme, Services aux victimes Toronto travaille avec des banques, des entreprises de télécommunications, des gestionnaires immobiliers et des agences de location de voitures de partout au Canada afin d’effacer les activités frauduleuses et les dettes forcées du nom et du dossier d’une victime.
Services aux victimes Toronto est un organisme de bienfaisance qui offre un soutien tenant compte des traumatismes ainsi qu’une défense proactive à toute personne de Toronto qui a été victime d’un crime ou d’une tragédie soudaine.
Alors que Services aux victimes Toronto soutient principalement les résidents de Toronto, son programme Rebâtir aide les survivants de la traite des personnes partout au Canada.
La traite des personnes est une forme d’exploitation complexe que les survivants et leur entourage peuvent avoir du mal à identifier.
Selon Justice Canada, elle implique habituellement de recruter et de transporter des personnes ou d’exercer un contrôle ou une influence sur elles afin de les exploiter. Les trafiquants forcent leurs victimes à travailler en les exploitant sexuellement.
Cassandra Harvey mentionne que l’endettement forcé est l’une des façons dont on a abusé d’elle.
Cassandra Harvey a grandi sous la garde du système de protection de l’enfance de l’Ontario. Elle a commencé à s’enfuir de ses familles d’accueil à l’adolescence, avant de tomber enceinte une première fois à 16 ans. Elle dit avoir commencé à consommer de l’alcool après le décès de sa mère.
Elle a ensuite été victime de traite par trois différentes personnes, qui l’ont agressée physiquement et sexuellement, en plus de l’exploiter financièrement, déclare-t-elle.
« La traite des personnes et l’endettement forcé ne sont pas comme dans les films », renchérit Cassandra Harvey, qui avait également un emploi rémunéré au moment des abus.
« Les trafiquants ne pointent pas une arme sur votre tête au guichet automatique. Ils vous laissent avoir un emploi. Ils vous laissent de la liberté. Mais lorsque vous rentrez à la maison, votre trafiquant surveille tous vos faits et gestes. Il prend votre argent. Il prend vos chèques de paie. »
Travailler directement dans les dossiers financiers des survivants
Dans le cadre du programme Rebâtir, Services aux victimes Toronto travaille avec Assistance TD, une division de la Banque qui aide les clients à surmonter les difficultés financières, pour aider les survivants comme Cassandra Harvey à rembourser leurs dettes auprès de la TD.
L’équipe de Services aux victimes Toronto transmet directement à Assistance TD les dossiers financiers des survivants de la traite des personnes ayant besoin d’aide pour rembourser leurs dettes. Il s’agit de la première étape d’un processus qui dure parfois des années.
Avec les survivants de la traite des personnes, la Banque voit souvent des cas d’endettement forcé sous la forme de prêts automobiles et de cartes de crédit, affirme Heather Kunkel, cheffe d’équipe, Assistance TD.
Une personne victime d’exploitation peut être forcée de contracter un prêt pour l’achat d’un véhicule, explique-t-elle. Le trafiquant vend ensuite la voiture contre de l’argent, tandis que la victime est obligée de continuer à effectuer les paiements, sans quoi elle se retrouve en défaut de paiement.
« Nous voyons aussi beaucoup de frais de chambre d’hôtel et de covoiturage », dit Heather Kunkel.
« Lorsque la victime parvient à sortir de la situation dans laquelle elle se trouvait, elle peut avoir de la difficulté à rembourser la dette frauduleuse qu’elle a contractée. »
La dette peut également avoir été contractée auprès de l’Agence du revenu du Canada, ajoute-t-elle. Assistance TD essaie de faciliter le remboursement des prêts ou des paiements au gouvernement.
Le nom et le numéro d’assurance sociale (NAS) des survivants peuvent avoir été utilisés pour soumettre des demandes aux programmes gouvernementaux comme l’Allocation canadienne pour enfants (ACE), un versement mensuel pour aider à couvrir les frais de l’éducation des enfants, la Prestation canadienne d’urgence (PCU), un versement qui visait à aider les personnes ayant perdu leur emploi en raison de la pandémie de COVID-19, ou encore le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), un programme de prêt conçu pour aider les entreprises à éviter la fermeture pendant la pandémie.
« Ces situations peuvent être compliquées, mais nous arrivons à les résoudre, affirme Heather Kunkel. Nous travaillons en étroite collaboration avec Services aux victimes Toronto et le gouvernement [fédéral]. »
L’endettement nuit à la cote de crédit d’une personne, ce qui peut avoir des répercussions, comme l’empêcher de pouvoir louer un appartement, de décrocher un emploi dans certains secteurs ou d’obtenir un prêt hypothécaire ou une ligne de crédit, explique-t-elle.
« Pour passer à une autre étape dans leur vie, les survivants ont vraiment besoin d’éliminer leurs dettes », dit-elle.
Le travail d’Assistance TD est gratifiant, ajoute-t-elle, mais elle est consciente que le chemin à parcourir est long pour les survivants. Les aider à rembourser leurs dettes n’est qu’une étape dans leur parcours.
« Je suis fière de dire que nous le faisons à la TD », déclare Heather Kunkel.
Devenir une défenseure juridique des survivants
Après avoir échappé aux personnes qui l’avaient soumise à la traite, Cassandra Harvey a commencé à travailler avec le programme Rebâtir en 2021 afin de rembourser ses dettes.
« Mes dettes ont eu d’énormes répercussions sur ma vie, confie Cassandra. Quand j’ai quitté ma situation d’abus, ma cote de crédit était très basse. »
Alors qu’elle est sur le point d’acquitter ses dettes, elle affirme que sa cote de crédit s’est considérablement améliorée.
« Mes trafiquants avaient contracté une dette avec des cartes de crédit TD, explique-t-elle. Cette dette a été remboursée par [la TD dans le cadre du] programme Rebâtir, et j’ai ensuite pu demander ma propre carte de crédit auprès de la TD. »
Cassandra Harvey termine actuellement son diplôme universitaire de premier cycle à l’Université York, avec une double majeure en criminologie et en droit et société.
Elle veut devenir avocate criminaliste.
« J’ai vu où le système présente des lacunes et où il est efficace lorsqu’il s’agit des services offerts aux survivants de la traite des personnes », dit-elle.
« C’est ma source de motivation. »