Selon les Services économiques TD, l’année 2024 a sans doute donné le tournis aux Canadiens, car les attentes à l’égard des taux d’intérêt ont changé d’un trimestre à l’autre.
Des changements aux politiques d’immigration et du logement ont également été annoncés cette année alors que les décideurs s’adaptaient aux bouleversements causés par la pandémie.
L’année 2025 s’annonce déjà importante, alors que le président élu des États-Unis, Donald Trump, qui prêtera bientôt serment, a déclaré qu’il imposerait des tarifs douaniers supplémentaires sur les exportations canadiennes.
À quoi ressemblera donc l’économie canadienne en 2025? Voici quelques prévisions et renseignements des Services économiques TD.
Quelle incidence pourraient avoir les tarifs douaniers proposés par M. Trump sur l’économie canadienne?
Les tarifs douaniers préoccupent de nombreux Canadiens.
Durant sa campagne électorale, M. Trump a déclaré qu’il imposerait une taxe de 10 % sur les exportations du Canada vers les États-Unis. À l’époque, les recherches des Services économiques TD indiquaient que ces tarifs douaniers provoqueraient une baisse des exportations canadiennes de 5 % et risqueraient d’entraîner la stagnation prolongée de l’économie canadienne en 2025-2026.
Des biens et des services totalisant 3,6 milliards de dollars sont échangés entre les deux pays chaque jour. Selon les Services économiques TD, le Canada et 30 États américains sont interdépendants sur le plan commercial.
M. Trump menace actuellement d’imposer une taxe de 25 % sur les biens canadiens en insistant sur la nécessité de renforcer la sécurité à la frontière des deux pays. Cette augmentation des tarifs douaniers entraînerait des difficultés encore plus grandes au sein de l’économie canadienne, d’autant plus que les liens commerciaux se sont renforcés depuis l’entrée en vigueur de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) en 2020.
« Parallèlement, si les politiques américaines réduisent l’impôt des sociétés, allègent la lourdeur administrative et favorisent la production nationale, l’attrait du Canada pour les investissements à long terme risque d’être davantage compromis », explique Beata Caranci, PVP et économiste en chef à Services économiques TD.
Cette mesure nuirait à la capacité de production et à la productivité à long terme du Canada et pourrait provoquer un exode des meilleurs talents vers les États-Unis.
Mme Caranci croit que le dollar restera sous pression tant que les menaces tarifaires à l’égard du Canada demeureront à l’avant-plan.
« Le dollar canadien plongerait sans grande surprise sous le seuil des 70 cents américains si les menaces étaient mises à exécution, ce qui minerait davantage la confiance des investisseurs à l’égard du Canada, » ajoute-t-elle.
La bonne nouvelle, c’est que le Canada a actuellement la possibilité d’entamer des négociations pour parer cette éventualité avant que M. Trump n’accède à la Maison-Blanche. Selon Mme Caranci, le Canada devrait remporter certains points de la négociation. Autrement, les enjeux économiques seront élevés pour les deux pays.
Y aura-t-il d’autres baisses de taux d’intérêt en 2025?
En juin 2024, la Banque du Canada (BdC) a entamé une série de baisses de taux. La banque centrale avait réduit son taux de financement de 25 points de base trois fois de suite – en juin, juillet et septembre – avant de le réduire de 50 points de base en octobre.
En décembre, lors de sa dernière annonce portant sur les taux, la BdC a réduit son taux de financement de 50 points de base pour l’établir à 3,25 %.
Qu’est-ce que cela signifie pour 2025?
« Heureusement, l’inflation se situe à un bon niveau, car elle s’est stabilisée autour de la cible de 2 % », déclare Mme Caranci. « Malheureusement, la hausse du rendement des obligations aux États-Unis se répercute au Canada, et le dollar a fléchi. De nouveaux risques émergent actuellement en raison de la perspective d’une stagnation de la croissance démographique canadienne dans un contexte de menace de hausse des tarifs douaniers par les États-Unis.
Les Services économiques TD prévoient néanmoins d’autres baisses en 2025. Mme Caranci et ses collègues prévoient que le taux de financement de la BdC baissera à 2,25 % d’ici la fin de 2025.
Elle a toutefois ajouté que le gros du travail ne se fait pas à la banque centrale. Si les mesures de stimulation du gouvernement ont plus d’effets que prévu, les Services économiques TD sont prêts à retirer une autre baisse de taux de leurs prévisions.
À quoi pourrait ressembler le secteur de l’habitation canadien en 2025?
Au cours des derniers mois, le gouvernement fédéral a mis en place des réformes hypothécaires et des changements à la politique d’immigration qui auront des effets doubles sur le marché de l’habitation, selon Mme Caranci. « Les conséquences de ces changements de politiques seront différentes selon les segments de la demande de logements (p. ex. premiers acheteurs d’une propriété par rapport aux locataires) », ajoute-t-elle.
L’un de ces changements consiste à assouplir les règles régissant les prêts hypothécaires assurés à compter de décembre 2024. Plus précisément, les premiers acheteurs (et les acheteurs d’une habitation neuve) pourront prolonger l’amortissement de 25 à 30 ans. De plus, le plafond des biens immobiliers pour lesquels une mise de fonds de 20 % est nécessaire passera de 1 à 1,5 million de dollars.
« Cette dernière politique devrait stimuler de façon disproportionnée les marchés de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, où une grande partie des propriétés se situe dans cette fourchette de prix, ajoute Mme Caranci.
Ces mesures renforceront un marché déjà revigoré par la baisse des taux d’intérêt et la résilience des ménages à l’égard de leur revenu », explique-t-elle. Autrement dit, le marché de l’habitation pourrait enregistrer une hausse de la demande en 2025.
Les ventes de propriétés au Canada ont augmenté pour le quatrième mois consécutif en novembre 2024; la situation se redresse donc plus rapidement que prévu.
« Ce regain du secteur de l’habitation fait craindre que les Canadiens reprennent l’habitude de s’endetter, ce qui pourrait entraîner des risques financiers pour les emprunteurs et rendre ces derniers plus sensibles à une éventuelle hausse des taux d’intérêt », affirme Mme Caranci.
Par contre, les mesures migratoires prises par le gouvernement fédéral visant à suspendre la croissance démographique à court terme vont restreindre la demande de logements.
Mme Caranci croit que ces mesures pourraient faire ralentir la hausse des loyers, et par là même réduire l’intérêt des investisseurs pour les propriétés locatives.
En revanche, l’incidence directe sur la demande de logements sera sans doute faible, étant donné que les nouveaux arrivants sont pour la plupart locataires. Toutefois, si la population reste stable pendant quelques années, les constructeurs pourront réduire l’important écart qui s’est accru de 2022 à 2024 entre les logements achevés et la demande pour ces logements, déclare Mme Caranci.
Cet écart est plus susceptible de se réduire que de disparaître. Ce changement de politique migratoire ne sera pas, en soi, une panacée au problème d’abordabilité du logement au Canada, même s’il s’agit d’un pas dans la bonne direction. »