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Par Beata Caranci
• 3 oct. 2018
première vice-présidente et économiste en chef

Par Beata Caranci
Première vice-présidente et économiste en chef

Les tarifs douaniers imposés par les États-Unis sont un thème récurrent depuis l’annonce de mars sur l’acier et l’aluminium.

Bien que les tarifs douaniers américains aient été appliqués de façon générale et aient touché la plupart des pays, incluant les alliés traditionnels des États-Unis et les partenaires de l’ALÉNA, les tarifs annoncés depuis ciblent particulièrement la Chine. La première tranche de tarifs douaniers américains ciblait environ 50 milliards de dollars US d’importations « technologiques » ou de produits inclus à titre de biens intermédiaires ou de biens en capital. Ces tarifs ont fait augmenter les coûts pour les entreprises américaines, mais la part relativement faible des produits ciblés a limité l’ampleur de la hausse.

La deuxième phase d’application des tarifs douaniers, qui est entrée en vigueur le 24 septembre, a intensifié la pression sur les entreprises pour qu’elles limitent leurs coûts, avec l’imposition de tarifs de 10 % jusqu’à la fin de l’année et de 25 % par la suite sur 200 milliards de dollars US d’importations chinoises. Il est également possible qu’il y ait une troisième phase d’application, avec des droits de douane additionnels de 10 à 25 % sur 267 milliards de dollars US d’importations chinoises. Cette phase cible davantage les biens de consommation, ce qui fera augmenter directement les prix pour les consommateurs américains, en plus de la possibilité que les coûts de production plus élevés des entreprises soient transférés aux consommateurs.

La Chine n’a pas tardé à réagir en infligeant des représailles de manière stratégique. Elle a répliqué à la première phase de tarifs douaniers américains en imposant des droits d’importation sur les voitures ainsi que les produits agricoles comme les fèves de soya et le porc. Il s’agit de biens souvent produits dans des États où les électeurs ont tendance à voter de manière conservatrice. Les mesures de représailles pour la deuxième phase entraînent l’imposition de tarifs douaniers de 5 à 10 % sur 60 milliards de dollars US de produits américains et incluent maintenant les intrants intermédiaires et les biens d’investissement. Beijing reconnaît probablement les coûts afférents à l’augmentation des prix des composants clés pour les entreprises chinoises et a décidé de laisser certains tarifs à seulement 5 % sur des marchandises en particulier.

Cette toute récente querelle commerciale « œil pour œil » aura vraisemblablement des répercussions économiques négatives tant pour les États-Unis que pour la Chine. Les simulations de modèles laissent croire que des tarifs douaniers de 10 à 25 % sur 200 milliards de dollars US d’importations de biens chinois pourraient avoir un impact se situant entre 0,1 et 0,4 point de pourcentage sur la croissance du PIB américain en un peu plus d’un an, selon que l’administration américaine donne suite à sa décision d’imposer des tarifs de 25 % au début de l’an prochain.

Cette estimation semble sous-entendre qu’il y aurait une perte de confiance de la part des consommateurs et des entreprises, qui compterait pour un tiers du ralentissement de la croissance économique américaine. Si ces répercussions ne se matérialisent pas, le ralentissement se situerait à la limite inférieure de la fourchette. Cependant, nous sommes d’avis qu’il est irréaliste de supposer que les marchés boursiers ne se repositionneront pas à la lumière du potentiel de croissance des bénéfices moins élevé.

En outre, il faut dire que ces estimations sont rajustées en fonction des liens historiques et sont établies de façon à s’approcher de la réalité de l’ordre commercial mondial. L’effet sur le revenu national et le pouvoir d’achat des consommateurs est très incertain, tout comme la capacité des entreprises à remplacer des biens d’importation plus chers par des biens produits à l’échelle nationale.

Néanmoins, ces répercussions n’ont pas d’effet sur le résultat final des tarifs douaniers, entraînant des pertes d’efficience dans les chaînes d’approvisionnement et par le fait même, des coûts de production plus élevés et des entreprises nationales moins concurrentielles.

Étant donné que la Chine a répliqué avec l’imposition de tarifs douaniers de 5 à 10 % sur 60 milliards de dollars US de biens américains, le risque demeure que les États-Unis mettent leurs menaces à exécution en imposant des droits supplémentaires de 10 à 25 % sur les 267 milliards de dollars US d’importations de biens chinois restants. Cette mesure pourrait mettre en péril une tranche additionnelle de 0,4 point de pourcentage du PIB américain. Si l’on additionne le tout, une autre escalade des tarifs douaniers pourrait réduire la croissance économique américaine jusqu’à 0,8 point de pourcentage sur une période d’environ 18 mois, ce qui correspond à une perte de 250 000 à 560 000 emplois par rapport à nos prévisions de référence (augmentation de 0,15 à 0,34 point de pourcentage du taux de chômage, selon le montant total des biens ciblés par les tarifs douaniers).

En outre, puisque plus de biens de consommation sont inclus dans la ronde actuelle des tarifs douaniers, on peut affirmer avec certitude qu’il y aura une augmentation des prix pour les consommateurs. Les simulations de modèle laissent entrevoir un impact maximal sur l’inflation d’ici un an de l’ordre de +0,1 à +0,3 point de pourcentage dans le cas de tarifs américains de 10 à 25 % sur 200 milliards de dollars US et de 0,6 point de pourcentage supplémentaire si les États-Unis décident d’imposer des tarifs de 25 % sur une tranche supplémentaire de 267 milliards de dollars US d’importations de biens chinois.

Les répercussions potentielles des tarifs douaniers déjà en place pourraient ne pas sembler d’une grande importance dans une économie qui enregistre un taux de croissance de près de 3 %. Mais en raison du ralentissement des efforts budgétaires et du resserrement des conditions financières, nos prévisions récentes indiquent un ralentissement de la croissance vers les 2 % au début de 2020, lorsque l’impact des tarifs douaniers pourrait être à son maximum. Dans un tel scénario, la croissance ralentirait sous les 2 % et l’économie serait beaucoup plus anémique que ce que les répercussions pourraient laisser croire au premier coup d’œil.

Stratégie « œil pour œil » ou guerre froide commerciale?

Le marché américain des biens importés, avec ses consommateurs comptant parmi les plus riches de la planète, s’élève à 2,4 billions de dollars US; les États-Unis disposent donc d’une bonne marge de manœuvre dans leurs négociations commerciales avec d’autres nations. En 2017, les importations chinoises de 505 milliards de dollars US comptaient pour environ un cinquième des importations américaines totales et portaient sur une combinaison de biens intermédiaires et de biens finis. Par conséquent, les tarifs douaniers n’ont pas seulement pour effet d’augmenter le prix des biens importés pour les consommateurs; ils font également hausser les coûts pour les industries américaines qui dépendent des chaînes d’approvisionnement mondiales et pourraient devenir moins concurrentielles de façon générale.

Les autorités chinoises reconnaissent que les États-Unis ont le dessus dans les négociations et ont répondu avec prudence afin d’atténuer les effets potentiellement nuisibles à leur propre économie. En réponse aux tarifs douaniers américains sur les biens chinois cette année, la Chine a répliqué en imposant des droits de douane d’environ 113 milliards de dollars US (ou 86 % du total).

La Chine était prête à dialoguer avec l’administration américaine, mais a déclaré ouvertement qu’elle ne négocierait pas sous la menace et qu’elle souhaitait encore un dialogue dans le cadre d’un sommet sur le commerce à la fin octobre ou en novembre. Ainsi, il n’est pas surprenant que la Chine se soit retirée des pourparlers prévus lorsque les États-Unis ont annoncé qu’ils imposeraient des droits de douane ciblant des produits chinois à hauteur de 200 milliards de dollars US.

Et voilà où nous en sommes. Les deux pays se montrent de plus en plus intransigeants. Plus tôt cette semaine, la Chine a publié un livre blanc exposant sa position sur le commerce avec les États-Unis. Ce document souligne les aspects bénéfiques de la coopération commerciale pour les deux pays, mais précise également que la nouvelle administration américaine, avec son attitude qui favorise l’« Amérique d’abord », a abandonné les normes fondamentales de respect mutuel et d’équité qui guident les relations internationales. De plus, ce livre blanc montre l’importance de la Chine et des
États-Unis au sein de l’économie mondiale et souligne le fait que les tensions commerciales actuelles menacent de ralentir la croissance mondiale.

Conséquences pour la croissance mondiale

Une autre augmentation des tarifs ferait certainement mal aux chaînes d’approvisionnement du monde entier, risquant de ralentir le commerce international, les investissements et en fin de compte, la croissance économique. Un ralentissement de la croissance économique chinoise, qui se situe actuellement à 6,6 %, pourrait mettre en péril les perspectives de croissance des partenaires commerciaux de la Chine en Asie de l’Est qui, ensemble, comptent pour environ 10 % de l’activité économique mondiale.

Cependant, la querelle commerciale entre la Chine et les États-Unis pourrait fournir des occasions à ces mêmes partenaires commerciaux, qui pourraient augmenter leur volume d’affaires avec des entreprises chinoises aux dépens des entreprises américaines. Néanmoins, étant donné que la valeur ajoutée des exportations chinoises est générée hors du pays, les tarifs douaniers peuvent exacerber le ralentissement économique en cours en Chine, qui a été orchestré par les autorités afin de sevrer l’économie de sa trop grande dépendance envers la dette. Ainsi, les partenaires des chaînes d’approvisionnement hors de l’Asie, comme l’Europe, pourraient eux aussi subir des effets néfastes. Par exemple, nous estimons qu’une baisse de 1 % de la production chinoise entraînerait une perte pouvant aller jusqu’à 0,2 % de la production européenne, ce qui pourrait ralentir encore plus la production américaine par suite de l’imposition de tarifs (Tableau 5).

Bien qu’on puisse encore espérer que le différend commercial actuel se résolve par le dialogue, il y a lieu d’être préoccupé; cette querelle pourrait être la première bataille d’une longue guerre froide commerciale avec la Chine. Il est difficile de voir comment un nouvel accord commercial ou un nouveau paradigme commercial mondial satisferait tant les exigences américaines en vue d’un commerce plus équitable que l’ambition à long terme de la Chine de devenir une puissance économique et militaire au cours des prochaines décennies. Les frictions commerciales entre les deux puissances économiques devraient donc augmenter au cours des mois à venir, et les frontières plus étanches entre les deux nations pourraient ralentir considérablement la croissance mondiale au-delà du ralentissement prévu de 0,3 point de pourcentage.

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