La plupart d’entre vous ne seraient pas surpris de trouver des bottillons griffés à 2 000 $ dans un grand magasin de luxe.
Mais tomber sur un énorme toutou blanc en forme de dragon – le genre qui ferait rêver un enfant de huit ans – affiché au même prix exorbitant, ça, c’est une autre histoire.
Les plus petites peluches – comme les croissants, beignes, pingouins ou plantes souriantes en pot – coûtent moins de 50 $. Mais les modèles plus gros et plus rares, comme ce fameux dragon blanc géant, peuvent se vendre à des milliers de dollars.
Et les listes de souhaits des ados et préados inspirées par les tendances virales ne s’arrêtent pas aux peluches : Aujourd’hui, même les enfants de sept ans consacrent leur argent de poche, ou sollicitent leurs parents, pour acheter des sérums anti-âge dispendieux vus sur les médias sociaux, selon l’American Academy of Pediatrics.
Littératie financière et médias sociaux
L’essor de la culture des influenceurs, la facilité des paiements numériques et l’engouement entourant le tout dernier jouet ou accessoire indispensable peuvent vite se transformer en casse-tête financier pour les parents et leurs enfants.
Il n’est donc pas surprenant que les parents s’inquiètent de la relation qu’ont leurs enfants avec l’argent. Un nouveau sondage de la TD révèle que près de 6 parents canadiens interrogés sur 10 s’inquiètent de l’influence des médias sociaux et des tendances en ligne sur les dépenses de leurs enfants.
Parmi ces préoccupations : la facilité d’achat. Près de 4 sur 10 (39 %) s’inquiètent de la popularité des paiements sans contact par carte ou par téléphone et des portefeuilles numériques.
Et plus du tiers des répondants (36 %) se disent préoccupés par l’attrait des services d’abonnement et des achats intégrés.
Le fait de cibler les enfants avec des jouets à la mode, surtout à l’approche des fêtes, n’est pas une nouveauté. Mais cette pression sociale, combinée à la facilité de dépenser, oblige de nombreux parents à réévaluer la littératie financière de leurs enfants.
D’après le sondage, presque tous les répondants (96 %) estiment que cette dernière est au moins aussi importante que les littératies numérique et médiatique. Pourtant, seulement 43 % se disent confiants quant aux connaissances financières de leurs enfants; un écart marqué entre l’intention et la compréhension. Heureusement, la situation n’a rien d’insurmontable.
Kristy Irwin, propriétaire de groupe de produits, Jeunes et Étudiants, propose des stratégies pour faciliter l’éducation financière des enfants dans le contexte actuel.
Enseigner la littératie financière aux enfants, tout en s’amusant
Selon Kristy, il est possible d’initier les enfants au concept de base de l’argent dès l’âge de trois ans.
« L’essentiel, c’est de rendre cet apprentissage amusant », explique-t-elle.
Par exemple, elle a trouvé une façon créative d’enseigner l’intérêt composé à son neveu de 9 ans en créant un jeu-défi de 30 jours. Elle lui a donné 5 $ au début du mois et lui a demandé chaque jour s’il voulait garder la somme ou la dépenser.
S’il mettait l'argent de côté, il gagnait des intérêts, qu’elle lui versait elle-même. Lorsqu’il a finalement décidé de le prendre, il a constaté qu’il pouvait le faire fructifier avec le temps, tirant ainsi une précieuse leçon sur l’intérêt.
Tous les parents n’ont pas besoin d’inventer leur propre jeu, mais il est utile de saisir chaque occasion pour intégrer l’argent aux décisions quotidiennes, selon Kristy Irwin.
« Ça n’a pas à être compliqué », dit-elle.
« Pour un enfant plus jeune, il suffit parfois d’expliquer la différence entre besoins et envies; pour un enfant plus âgé, on peut intégrer des pratiques comme les tâches ménagères et l’argent de poche. L’important, c’est de commencer tôt et de miser sur la simplicité. »
Dialoguer avec les enfants à propos de l’argent
Bien que plusieurs parents sondés continuent à enseigner la responsabilité financière avec les techniques éprouvées, comme les tâches ménagères (46 %) et l’argent de poche (42 %), plusieurs peuvent aussi apprendre de nouvelles astuces de leurs enfants.
Plus de la moitié des parents interrogés (57 %) affirment que leurs enfants leur ont appris quelque chose sur l’argent, que ce soit à propos d’applications, d’un portefeuille numérique ou d’une tendance de placement.
« Les compétences financières ne sont pas seulement transmises au suivant; elles peuvent de développer collectivement. Les parents peuvent guider leurs enfants tout en demeurant ouverts à l’idée d’apprendre comment les plus jeunes pensent à l’épargne et aux dépenses dans un monde qui évolue rapidement, poursuit Kristy.
Ce dialogue permet de bâtir une approche solide et plus avisée de la gestion des finances et de la prise de décisions financières éclairées. »
Les parents peuvent transmettre la littératie financière au quotidien
Alors que presque tous les parents canadiens interrogés (99 %) comptent aborder le thème des habitudes financières numériques avec leurs enfants, et que plus de la moitié (58 %) prévoient de le faire avant que leur enfant atteigne l’âge de 13 ans, Kristy Irwin estime qu’une façon simple d’y parvenir est d’adopter de bonnes habitudes financières à la maison.
Selon elle, certains moments de la journée peuvent présenter une occasion d’entamer un dialogue.
Demandez à vos enfants de vous aider à établir un budget et de planifier la liste d’épicerie familiale. Expliquez-leur pourquoi il peut être plus judicieux d’épargner pour acheter un manteau d’hiver qu’un jouet. Les parents peuvent aussi faire participer leurs enfants à la planification des activités familiales en leur demandant d’effectuer des recherches et de calculer les coûts à l’avance.
Quand il s’agit de suivre les tendances des médias sociaux, Kristy suggère d’établir un simple budget pour déterminer le coût de certaines choses.
Le plus important, c’est de le faire en famille et le plus tôt possible.
« Une chose très simple que vous pouvez faire est d’accompagner vos enfants à la banque et d’entamer la conversation à l’ouverture de leur premier compte pour jeunes », explique-t-elle.
Lorsqu’ils obtiennent leur première carte bancaire, rappelez-leur que leur argent n’est pas illimité et que, même si leurs « envies » les poussent à acheter cette peluche coûteuse, ils gagneraient à repenser à la façon dont ils dépensent leur argent.