Finances Canada a invité les entreprises à donner leur point de vue sur ce à quoi pourrait ressembler un système bancaire ouvert au Canada. Nous nous sommes entretenus avec Rizwan Khalfan, chef, Numérique et Paiements de la TD pour savoir ce qu’il pense des occasions et des défis que présentent les services bancaires ouverts pour les Canadiens.
D’abord, en quoi consistent les services bancaires ouverts?
En fait, c’est de partager les données sur les opérations financières des clients en toute sécurité, à leur demande, entre des fournisseurs de services financiers.
Où en sommes-nous au Canada?
Rizwan: Nous sommes en début de parcours, et nous avons l’occasion de bâtir un cadre de travail pour nous assurer que nous sommes prêts pour l’avenir tout en tenant compte des risques et en adoptant une approche qui fonctionne pour les consommateurs. Le secteur bancaire au Canada est solide et sert bien les Canadiens, alors les discussions à ce sujet seront bien différentes ici que dans d’autres pays où on a débattu de la question.
À mesure que la conversation évolue, nous devons trouver le bon équilibre entre deux priorités : donner aux Canadiens les avantages d’accéder à leurs données d’opérations financières et de les partager plus facilement tout en étant sensibles à la confiance dont nos clients nous honorent en ce qui a trait à la sécurité de ces données.
Les avantages potentiels sont bien réels – tout comme les risques, par exemple la confidentialité des données des clients et de nouvelles vulnérabilités aux cybermenaces. Seul le bon équilibre profitera aux Canadiens et préservera ce qui nous distingue à l’échelle mondiale : un secteur des services financier stable, solide et fiable.
Obtenir le meilleur résultat possible, celui qui est le plus avantageux pour nos clients, c’est notre objectif.
À quels aspects portez-vous particulièrement attention?
Rizwan: La sécurité et la confidentialité sont nos priorités. Les Canadiens font énormément confiance au système financier et aux banques. Toute mesure que nous prenons doit contribuer à préserver et, si possible, à renforcer leur sentiment que nous protégeons leurs données et veillons à leurs intérêts. C’est une responsabilité que nous prenons très au sérieux. Elle est la pierre d’assise de tout le secteur, et de notre avenir économique collectif. Elle est aussi la clé si nous voulons inciter les Canadiens à accepter et à adopter des innovations.
Pour la TD, cela signifie que nous n’innovons que quand nous croyons que nos clients sont protégés. Cela vaut aussi pour notre collaboration avec des entreprises de technologie financière et des innovateurs; nous appliquons les mêmes exigences élevées à l’ensemble de notre écosystème. Nous servons avant tout les intérêts de nos clients quand il est question de partager leurs données pour nous assurer qu’elles sont protégées.
Au fond, les Canadiens doivent pouvoir choisir avec qui et comment ils partagent leurs données tout en sachant qu’elles sont bien protégées. Tous les acteurs de notre secteur doivent donc collaborer pour adopter des normes techniques appropriées et des pratiques gagnantes en ce qui concerne le consentement et l’authentification.
D’après vous, comment devrions-nous aborder ceci au Canada?
Rizwan: Notre approche doit être réfléchie et délibérée afin que nous puissions accéder au potentiel des services bancaires ouverts tout en préservant ce qui distingue le Canada des autres pays.
Le Canada compte beaucoup d’avantages sur la scène mondiale, dont le plus important est la confiance en notre système financier stable. Cette confiance doit être préservée et renforcée, et elle doit former la base de notre démarche. Toutes les garanties de confidentialité, de sécurité et de protection dont les Canadiens profitent aujourd’hui doivent être maintenues si nous commençons à partager les données des clients entre institutions financières. Pas besoin de chercher des solutions ailleurs, il faut une solution qui fonctionne pour les Canadiens.
Nous croyons qu’il faut adopter une approche réfléchie. La collaboration de tout le secteur pour arriver à une solution provenant du marché, qui place le client au centre de notre planification et de notre approche, sera cruciale. Nous devons étudier les exigences techniques liées au partage des données des clients et développer une compréhension claire des avantages et des inconvénients des différentes approches possibles. Je suis convaincu que si nous en discutons tous à la même table – banques, caisses populaires, entreprises de technologie financière et autres intervenants – nous pouvons tracer la voie pour donner aux Canadiens ce qu’ils attendent de nous.
Et, chose peut-être tout aussi importante, nous devons avancer à un rythme avec lequel nos clients et le public sont à l’aise. Nous devons tenir compte des moteurs du marché comme les attentes des consommateurs, la vitesse d’adoption, la sécurité de l’infrastructure et d’autres facteurs.
Je sais que c’est faisable. Le Canada a déjà prouvé au monde qu’il est capable d’innover et de répondre aux besoins des consommateurs tout en protégeant et en renforçant le système. C’est ce qui rend si spécial le système financier de notre pays par rapport à celui d’autres territoires.
Quelle est la prochaine étape?
Rizwan: Nous sommes en début de parcours. Il faut encore discuter, réfléchir et débattre. Nous sommes enthousiastes à l’idée d’évoluer et d’innover d’une façon qui sert les intérêts des Canadiens. C’est ce que nous avons toujours fait à la TD; ça fait partie de notre ADN de nous adapter pour répondre aux besoins de nos clients tout en respectant la confiance qu’ils nous témoignent. Nous appliquerons la même approche aux services bancaires ouverts.
Les consultations qui ont lieu actuellement sont un bon début. Nous avons hâte d’entendre les idées initiales qui en sortiront. Ensuite, le vrai travail pourra commencer : nous asseoir à une même table, mesurer divers concepts à la lumière de nos deux impératifs – débloquer de nouvelles capacités et protéger la confiance des consommateurs à l’égard du système – et créer des normes sectorielles qui serviront de garde-fou pour l’introduction réfléchie de l’innovation.
Le Canada a toujours abordé l’évolution de son secteur financier avec intelligence. Le potentiel futur du numérique m’enthousiasme beaucoup. Si nous adoptons une approche responsable et méthodique, je sais qu’ensemble nous trouverons la bonne façon d’aller de l’avant.