Cet article a été publié dans The Globe and Mail.
Par Andrea Barrack,
Chef mondiale, Développement durable et Responsabilité sociale
La quatrième révolution industrielle, la mondialisation 4.0, l’ère de l’automatisation et l’avenir du travail. Qu’ont en commun ces expressions? Ce sont toutes des images qui tentent d’illustrer la question complexe, mais bien réelle, de la nature du travail qui évolue à vitesse grand V : une évolution qui a des répercussions sur notre économie, notre vie politique et notre tissu social.
Mais pour nombre de gens, l’impact se limite à la sphère personnelle et se résume à cette question : « Vais-je avoir un emploi décent? »
Comme nous nageons dans les changements et les perturbations, des pessimistes clament que c’est la catastrophe. D’autres, les plus pragmatiques d’entre nous, croient au contraire qu’il est possible d’agir afin de trouver notre place dans le monde du travail de demain et dans les années à venir. Mais le temps presse. Les emplois dont nous avions besoin il y a dix ans pour que l’économie prospère ne sont pas les emplois qui seront nécessaires dans dix ans. Et alors que nous mettons beaucoup d’efforts pour faire de la place aux jeunes sur le marché du travail, les professionnels en milieu de carrière accusent un retard important et grandissant sur le plan des compétences, eux qui sont peut-être moins adaptés à la nouvelle économie, mais qui ont des responsabilités financières énormes à l’égard des personnes à leur charge. Ce défi ne peut pas être surmonté par une seule personne, une seule entreprise, un seul organisme ou un seul gouvernement.
Le recyclage professionnel et la mise à jour des compétences en vue de l’avenir nécessiteront la collaboration entre le secteur privé, le secteur public et les organismes à but non lucratif. Nous devons trouver des moyens novateurs d’élargir les programmes actuels de formation d’appoint et d’en concevoir de nouveaux qui seront adaptés à la main-d’œuvre en mutation et aux exigences nouvelles du milieu du travail.
Citons par exemple le Programme d’appui aux initiatives sectorielles (PAIS) du gouvernement fédéral, qui innove en proposant une nouvelle façon de travailler en collaboration. Par l’intermédiaire de partenariats avec des acteurs des principaux secteurs, le PAIS aide à cerner, à anticiper et à relever les défis associés aux ressources humaines et aux compétences dans d’importants segments de l’économie canadienne. S’appuyant sur ces données, les secteurs privé et public élaborent et enrichissent des programmes sur les normes du travail à l’échelle nationale, des systèmes de certification et d’accréditation des compétences, des cours de formation continue pertinents pour l’industrie, ainsi que des occasions d’apprentissage pour les étudiants.
Les entreprises ont également un rôle à jouer : celui d’aider leurs employés, leurs clients et les collectivités dans lesquelles elles évoluent à s’adapter. Dans mes fonctions à la TD, je travaille à ce que notre entreprise ait une incidence positive sur la collectivité. Afin de contribuer à combler les lacunes croissantes sur le plan des compétences, nous avons lancé un défi aux organismes à but non lucratif : trouver des solutions novatrices pour aider les gens et les implanter à grande échelle. Pour sa première année, le défi TD Prêts à agir, qui offre dix subventions d’un million de dollars, a permis de recueillir des centaines d’idées visant à augmenter la stabilité des revenus et à perfectionner les compétences dont les gens ont besoin pour participer pleinement à l’économie de demain.
Les solutions novatrices proposées vont des microcrédits consentis aux immigrants qualifiés qui ont besoin d’une certification au Canada, à l’élimination des obstacles pour les femmes afin qu’elles puissent obtenir des emplois mieux rémunérés dans le secteur des technologies de l’information. Le dénominateur commun de toutes les propositions? Tous peuvent réussir dans la nouvelle économie et il y a de nombreuses ressources d’aide disponibles. Les membres du jury ont quitté la séance de présentation remplis d’optimisme, persuadés que la collaboration entre les secteurs privé et public peut apporter un soutien réel à ceux qui luttent actuellement, mais aussi qu’elle peut préparer les gens à réorienter leur carrière, si cela s’avérait nécessaire, afin de leur donner le sentiment d’avoir plus de contrôle sur leur avenir et plus confiance en leurs capacités de réussir.
Les gouvernements et les éducateurs doivent saisir toutes les occasions pour trouver de nouvelles façons de soutenir l’apprentissage expérientiel et les programmes coopératifs, investir dans les technologies utiles à l’industrie, recueillir et partager de l’information sur le marché du travail et élaborer de nouveaux programmes en fonction de ces connaissances.
De leur côté, les grands employeurs ont la capacité de faire appel à la philanthropie et au capital humain, et de tirer profit de leur expertise pour soutenir la croissance de leurs employés et de la population canadienne tout entière.
Il sera crucial d’investir davantage en formation et en perfectionnement pour les employés actuels et à venir. Selon un récent rapport du Forum économique mondial, « seulement 30 % des personnes occupant actuellement un emploi qui sera très probablement touché par l’évolution de la technologie ont reçu une formation professionnelle au cours des 12 derniers mois. »
Nous vivons une période de changement sans précédent qui présente à la fois des défis et des possibilités. Si nous nous unissons et saisissons les occasions, si nous collaborons entre secteurs et si nous mettons en place l’infrastructure d’apprentissage nécessaire, nous pouvons ouvrir la voie à un avenir inclusif pour tous.