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Par Craig Alexander
• 15 mars 2017
Premier vice-président et économiste en chef

Cet article a été publié dans The Globe and Mail on 7 septembre 2010.
Écrit par Craig Alexander.

Depuis quelques semaines, la durabilité de la reprise fait l’objet d’un scepticisme croissant. Il est de plus en plus question de récession en deux temps, certains experts agitant même le spectre d’une dépression. Ce négativisme découle en bonne partie de la timidité actuelle de la croissance économique qui est plus de deux fois moins forte qu’au cours d’une reprise typique. On oublie cependant que la dernière récession aux États-Unis a été tout ce qu’on voudra sauf typique, et que la reprise qui la suit ne peut donc être qu’atypique. Il serait par conséquent mal avisé de comparer la récente récession et la reprise qui l’a suivie aux cycles habituels. Pour mieux comprendre le contexte historique, il importe d’analyser comment d’autres grandes économies se sont sorties d’une crise financière profonde et étendue.

En 2009, le Fonds monétaire international (FMI) a publié à cet égard une étude très intéressante sur la durée et l’ampleur des récessions et des reprises dans plusieurs pays industrialisés. Cette étude portait sur quatre aspects : la durée de la contraction, la baisse du produit intérieur brut réel de sommet à creux, l’augmentation du PIB dans la première année de la reprise et la période écoulée avant que le PIB ne revienne à son niveau d’avant la récession. Cette étude fait état de tous les détails des cycles économiques conventionnels, des cycles consécutifs à une crise financière et de ceux consécutifs à une crise financière synchrone (CFS).

Le FMI en est venu à la conclusion qu’une récession typique dure un peu plus de trois trimestres, tandis que le marasme causé par une CFS – comme celle que nous venons de vivre – dure généralement sept trimestres. Une récession typique engendre en moyenne une contraction de l’économie de 2,6 % de sommet à creux, comparativement à une contraction de 4,8 % pour une récession consécutive à une CFS.

Analysons maintenant les événements récents aux États-Unis. On ne sait pas encore exactement quelle a été la durée de la récession, mais entre le sommet atteint par le PIB réel américain en 2008 et son creux de 2009, six trimestres se sont écoulés. Il faudra bien sûr étudier la situation dans une perspective plus large et notamment analyser un important échantillon de données avant d’établir avec précision la durée véritable de la récession. Toutefois, on peut affirmer sans trop de risque de se tromper que la récession a duré aux États-Unis de six à huit trimestres. Par ailleurs, l’écart du PIB réel de sommet à creux a été de 4,1 %. Donc, à ces deux égards, la récession américaine a été typique, compte tenu des problèmes financiers qui l’ont précédée.

Et la reprise? Sur ce point aussi, il semble que les États-Unis se dirigent vers une expérience conforme à la tendance historique. Le FMI a établi qu’au cours de la première année d’une reprise suivant une CFS, le PIB réel croît en moyenne de 2,8 %, soit environ 1,5 point de pourcentage de moins que dans une reprise consécutive à une récession sans CFS. Or pendant la première année de la reprise, l’économie américaine a crû très précisément de 2,8 %.

Par ailleurs, les reprises consécutives à une CFS ont tendance à s’étirer : il faut en moyenne dans un tel cas sept trimestres avant que le PIB réel revienne au niveau de son sommet précédent. Dans le meilleur des cas, les États-Unis se trouveraient actuellement au cinquième trimestre du cycle de reprise, et le PIB serait encore inférieur de 1,3 % à son sommet précédent. Pour revenir à son taux de croissance moyen historique, l’économie devrait donc au cours des trois prochains trimestres, croître lentement au rythme annualisé moyen de 2 %, ou au rythme de 1,5 % au cours des quatre prochains trimestres. Ces deux scénarios semblent pour l’instant assez plausibles. Cependant, même si le PIB reviendra vraisemblablement au niveau de son sommet précédent dès 2011, il restera tout de même à « récupérer » la croissance qui normalement aurait dû s’accumuler depuis 2008. Plusieurs années pourraient s’écouler avant que ce retard soir comblé. Selon certaines études, l’économie pourrait être confrontée à des changements structurels pendant encore quatre ou cinq années. Le fait que ces perspectives de faible croissance et de faible inflation soient considérées comme optimistes témoigne éloquemment de la période que nous traversons.

Nous l’avons vu, l’économie américaine se comporte exactement comme les autres ayant traversé une CFS. Comment expliquer alors ces craintes de récession en deux temps ou de phase déflationniste? Aucun des pays étudiés par le FMI n’a pourtant connu un tel sort (dans le cas du Japon, la décennie de croissance économique perdue découlait d’une crise financière intérieure plutôt que d’une crise financière synchrone).

Évidemment, rien ne garantit que l’économie américaine continuera de se comporter conformément à la tendance historique, et l’échantillon de CFS étudiées dans l’étude du FMI est relativement restreint. Dans l’état actuel de fragilité de l’économie, il suffirait de bien peu pour que la production économique chute de nouveau pendant un ou plusieurs trimestres. À mon avis, ce dernier scénario a une chance sur trois de se concrétiser et si tel devait être le cas, les facteurs psychologiques en seraient en grande partie responsables. Il faudrait bien sûr un élément déclencheur (comme une nouvelle chute des prix des maisons), mais la peur de l’avenir qui incite ménages et entreprises à cesser de dépenser demeure un ingrédient indispensable à toute nouvelle contraction de l’économie. Les conjectures croissantes sur les possibilités de récession en deux temps et de déflation risquent fort en effet de déclencher elles-mêmes le phénomène si elles en viennent à occuper tout le devant de la scène.

La réalité toute simple est que des déséquilibres importants s’étaient développés bien avant la crise aux États-Unis et que les politiques publiques mises de l’avant pour enrayer cette crise ont engendré un ensemble de complications qui leur est propre. Ces déséquilibres doivent être éliminés. Malheureusement, cela prendra du temps. Les États-Unis sont actuellement comme un patient qui vient de subir une intervention chirurgicale grave; il lui reste maintenant à guérir. Les décideurs politiques, les ménages et les entreprises sont tous au chevet du patient et attendent avec impatience qu’il se rétablisse pour reprendre une vie normale. Malheureusement, toute guérison rapide est exclue et une longue convalescence s’impose. L’attente créera naturellement des frustrations et des inquiétudes. L’état de santé instable du patient suscitera d’innombrables questions sur son potentiel de guérison, ce qui procurera aux pessimistes de tout acabit les munitions dont ils ont besoin pour prédire un cataclysme économique. Précisons ici que les tendances historiques contredisent ce point de vue.

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