Notes d’allocution d’Ed Clark Cercle canadien de Montréal
25 novembre 2010
Écrit par Ed Clark.
Merci. Je suis heureux d’être ici aujourd’hui. Je vous remercie de me permettre de prendre la parole devant le Cercle canadien de Montréal. Et je suis très honoré par votre présence.
La TD vit une année très spéciale au Québec. En effet, nous célébrons notre cent-cinquantième anniversaire d’existence dans cette province.
Notre toute première succursale a ouvert ses portes à quelques pas d’ici, rue Saint-Jacques.
Et notre présence au Québec augmente depuis – surtout au cours des cinq dernières années.
Depuis deux-mille cinq, notre réseau de succursales est passé de quatre-vingts, à cent cinq points de service, et notre effectif a augmenté de deux mille huit cents à quatre mille cinq cents employés.
Nous avons le privilège de servir plus de un million de clients dans cette province, dans les grands centres urbains comme Montréal et Québec, et dans des régions telles que l’Outaouais, les Laurentides et l’Estrie.
Et, bien sûr, la TD est très heureuse de célébrer la culture locale en appuyant des programmes comme le Festival international de Jazz de Montréal et les Journées de la culture, en plus de soutenir le Musée national des beaux-arts du Québec.
Tout cela témoigne de notre objectif de forger des liens commerciaux, économiques et culturels au Québec. Il s’agit en effet d’un aspect important de notre stratégie de croissance nord-américaine. Celle-ci est d’ailleurs rendue possible grâce au talent incroyable qui existe dans cette province.
Parmi ces talents se trouve Brian Levitt, qui remplacera John Thompson, un autre Montréalais, à titre de président de notre conseil d’administration l’an prochain. Brian est parmi nous aujourd’hui, et je veux simplement dire à quel point nous sommes impatients de collaborer avec lui.
Nous bénéficions en outre de la participation de Pierre Lessard à notre conseil d’administration, un autre leader reconnu dans le milieu des affaires.
Et je veux également lever mon chapeau à Bernard Dorval, qui est notamment au cœur de notre réussite dans cette province à titre de leader d’Équipe Québec. Depuis la création de cette équipe, les efforts de Bernie ont été déterminants dans plusieurs facettes essentielles de notre entreprise, y compris l’accroissement de notre part du marché des services bancaires, de notre clientèle, des actifs que celle-ci nous confie, ainsi que des affaires qu’elle choisit de faire avec nous.
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de certains des défis que notre pays devra affronter à court et à long terme.
D’abord, les bonnes nouvelles : notre économie se porte relativement bien ces deux dernières années. De plus, si on compare notre situation à celle d’autres pays développés, notre récession a été beaucoup moins sévère, et notre reprise, plus vigoureuse.
Voilà de quoi être fier. Mais évitons de nous asseoir sur nos lauriers, car nous ne sommes pas sortis du bois. D’une part, nous devrons surmonter d’importants défis à court terme qui influenceront le rythme de notre reprise économique. D’autre part, nous ferons face à des problèmes structurels qui s’avéreront encore plus déterminants à long terme puisqu’ils pourraient avoir une incidence sur notre niveau de vie.
Ainsi, je crains que nous nous concentrions sur les défis immédiats au détriment de ceux qui se présenteront juste un peu plus tard – ce qui constituerait une grave erreur. Nous entrons dans une nouvelle ère qui nous forcera à prendre de dures décisions quant au genre de pays que nous voulons pour nous-mêmes et pour les générations futures. Je crois en outre que le Canada est dans une position unique pour se tailler un avantage concurrentiel permanent par rapport aux autres pays, à condition que nous nous attaquions en effet à ces défis à long terme.
Permettez-moi de commencer par les défis urgents.
D’abord, nous ne pouvons pas compter sur l’environnement extérieur pour soutenir une reprise économique vigoureuse au Canada.
Après tout, les États-Unis éprouvent encore d’importantes difficultés sur le plan économique. Cela a d’ailleurs une forte incidence sur nous, puisque les États-Unis sont notre principal partenaire commercial et que nous dépendons d’eux pour faire croître notre économie.
La récession américaine a été provoquée par une crise financière. L’histoire démontre que les reprises qui suivent de telles crises sont lentes et de longue durée. Le marché immobilier américain demeure faible et le sera encore très longtemps. Le taux de chômage est élevé et mettra du temps à diminuer.
Mais nous devons également considérer la dimension psychologique. La confiance des ménages et des entreprises a été fortement ébranlée, et les Américains ont bien du mal à assumer ce qui s’est passé. Les élections de mi-mandat ont d’ailleurs révélé l’ampleur de la frustration du peuple américain à l’égard de la lenteur et de l’instabilité de la reprise. La fragilité du moral américain pourrait réellement entraver la reprise, car les gens doivent avoir confiance en l’avenir pour investir et dépenser.
Le gouvernement américain a tout fait en son pouvoir pour soutenir la reprise, mais n’a pu le faire qu’au prix de dépenses budgétaires énormes.
Nous devons également prendre en compte les défis budgétaires avec lesquels l’Europe est aux prises actuellement. Les mesures d’austérité préconisées là-bas ralentiront la croissance économique, ce qui pourrait avoir une incidence sur les reprises de notre côté de l’Atlantique.
Ne vous y trompez pas, la reprise américaine est en cours. Mais n’allez pas croire que l’économie américaine retrouvera sa robustesse d’avant très prochainement.
De ce fait, le Canada doit continuer à diversifier et à renforcer ses rapports économiques avec le reste du monde. Une option intelligente serait d’explorer la possibilité d’accords de libre-échange. Sur ce chapitre, le gouvernement fédéral mérite d’être félicité d’avoir engagé des discussions avec l’Inde.
N’empêche, les exportations canadiennes seront limitées par la force de notre dollar. D’un point de vue commercial, l’un de nos principaux défis à relever sera d’améliorer et de maintenir nos niveaux de productivité afin d’être concurrentiels dans un contexte où le dollar canadien reste élevé.
L’économie mondiale voit d’énormes déséquilibres. Plusieurs pays développés affichent d’importants déficits commerciaux, tandis que diverses économies émergentes enregistrent d’énormes surplus.
Dans le monde industrialisé, la plupart des pays aimeraient que leur monnaie soit faible. Il est impossible, toutefois, que toutes les monnaies le soient en même temps. Néanmoins, certains pays émergents empêchent l’appréciation de leur monnaie. Les déséquilibres ainsi provoqués pourraient encourager le retour néfaste du protectionnisme et même prolonger la période avant laquelle les monnaies seront réévaluées afin de refléter avec précision la compétitivité des économies nationales.
Avec tout ça, où en sommes-nous?
L’état de l’économie mondiale s’améliore, surtout grâce aux mesures rapides et coordonnées des gouvernements et des banques centrales partout dans le monde.
Néanmoins, il reste plusieurs problèmes structurels à régler :
Premièrement, la crise du marché immobilier aux États-Unis – pour laquelle il n’y a aucun remède miracle. La surabondance de propriétés qui font ou feront bientôt l’objet d’une saisie ou qui valent moins cher que les créances qui y sont associées nuit à l’augmentation des prix des résidences, réduit la mobilité des gens à la recherche d’un emploi et sape la confiance des consommateurs.
Deuxièmement, l’état fâcheux des finances américaines place le gouvernement devant deux enjeux interreliés. D’une part, la récession et le sauvetage des banques ont entraîné l’augmentation du déficit. D’autre part, et de façon plus importante, les tendances à long terme entravent la capacité du gouvernement à assumer les coûts grandissants de la sécurité sociale, du régime d’assurance maladie et d’autres programmes de prestations connexes.
Troisièmement, la crise du risque souverain en Europe : l’Union européenne a pris des mesures vigoureuses pour limiter les dégâts provoqués par la situation de la Grèce et de l’Irlande, mais les véritables causes ne sont pas encore réglées. L’Union européenne doit notamment réévaluer le bien-fondé à long terme, d’une part, du choix d’avoir une monnaie unique pour des économies disparates et, d’autre part, d’accepter les niveaux d’endettement de certains pays par rapport à leur capacité de réaliser des gains.
Quatrièmement, les déséquilibres dans les échanges commerciaux internationaux. En effet, nombre d’économies émergentes fondent leurs stratégies de croissance sur des niveaux non durables d’exportation jumelés à un faible taux d’actualisation de la consommation et un taux élevé d’épargne intérieure. Ces stratégies entraînent leurs propres problèmes internes, comme une inflation intérieure élevée et le besoin d’un contrôle des capitaux, en plus de freiner la croissance des pays développés.
Ces problèmes ralentissent la reprise, en plus de miner la confiance des investisseurs et des consommateurs dans l’avenir.
Ces problèmes structurels ne peuvent durer – nous devons les régler. Telle est la grande leçon que nous retenons de la décennie perdue du Japon.
Alors, que signifie tout ça pour le Canada et le milieu des affaires?
Il est clair que nous n’avons pas à lutter directement avec ces problèmes importants. Mais des défis demeurent. Considérons certains des plus pressants.
Les gouvernements fédéral et provinciaux ont accumulé des déficits considérables pendant la période de ralentissement économique. Cette situation est le reflet non seulement de la faiblesse de l’économie, mais aussi d’une volonté de la stimuler afin d’atténuer la gravité de la récession. Cette approche était la bonne, et nous devrions tous reconnaître que les gouvernements ont bien agi en prenant des mesures rapides et concrètes.
Maintenant que la reprise est en cours, nous pouvons tourner notre attention vers l’élimination des déficits dans un délai raisonnable – chose que le gouvernement fédéral prévoit faire d’ici les cinq prochaines années.
Certains diront qu’étant donné la croissance ralentie de l’économie canadienne, il faut introduire de nouvelles mesures de relance ou alors retarder encore les compressions budgétaires. D’autres diront que notre situation financière est bien meilleure que celle d’autres pays et qu’il est donc moins urgent d’éliminer le déficit du Canada. Je ne suis pas de cet avis. Je crois que l’échéancier que propose le gouvernement fédéral pour retrouver l’équilibre budgétaire est à peu près juste. Je crois aussi que les gouvernements provinciaux devraient se fixer des dates cibles claires pour ce même objectif, peut-être moins rapprochées dans certains cas, mais tout de même réalistes.
Le Canada est dans une situation bien différente d’autres pays. Notre gouvernement n’a pas eu à soutenir ses banques. Les Canadiens n’ont pas vu la valeur de leur propriété chuter. Les dépenses de consommation se sont avérées bien plus constantes ici qu’aux États-Unis, ce qui nous a fourni la relance que les États-Unis ont dû stimuler en accumulant un important déficit budgétaire. Ainsi, nous sortons de la récession dans une excellente position budgétaire.
À mon avis, nous pouvons et devons faire mieux. En effet, tel que nous l’avons appris, un plan économique crédible est un élément essentiel à toute reprise. Si nous voulons que les gens investissent et fassent croître l’économie, ils doivent être en mesure de croire que notre pays avance dans la bonne direction. Ainsi, le Canada doit mettre de l’ordre dans ses finances plus rapidement que ces pays qui sont encore aux prises avec un ralentissement économique.
Bien sûr, l’échéancier que nous nous fixerons pour parvenir à un budget équilibré est important. Mais la façon dont nous y parviendrons est plus importante encore. Nous ne devons pas laisser notre performance – qui a été relativement meilleure que celle d’autres pays – nous rendre nonchalants par rapport aux défis à long terme, car il y a encore des défis bien importants qui attendent le Canada.
Le premier concerne la productivité – un mot sans doute surutilisé, mais tout de même essentiel. La question que nous devons nous poser est la suivante : comment pouvons-nous améliorer le bien-être du Canadien moyen? Nos gouvernements ont fait de bonnes choses pour augmenter la productivité. Toutefois, nous accusons toujours un certain retard. Alors que nous élaborons notre plan de relance, nous devrions l’évaluer en fonction de ses contributions à notre croissance à long terme en rehaussant notre taux de croissance de la productivité.
Deuxièmement, nous devons corriger certains déséquilibres structuraux dans les dépenses gouvernementales. Les Services économiques TD ont abordé les effets des pressions démographiques dans le secteur de la santé. En résumé, la hausse des coûts associés aux soins de la santé prend le dessus sur toute autre dépense et menace même notre croissance future en hypothéquant les infrastructures publiques essentielles.
Aucun Canadien ne veut renoncer à un système de santé accessible à tous. Mais nous devons trouver une façon de le financer qui ferait en sorte que les coûts grandissants des soins de la santé ne soient pas toujours assumés par les gouvernements.
Troisièmement, la reprise économique ne laissera pas tous les Canadiens en aussi bonne posture. Il y a un risque important que les Canadiens à faible revenu soient plus touchés par une reprise lente et par les reconfigurations du secteur industriel qu’entraîne un dollar canadien fort. De plus, les Canadiens à faible revenu ont déjà un taux marginal d’imposition réel plus important que leurs compatriotes à revenu supérieur, et les taxes sur l’emploi sont trop élevées.
Nous devrions encourager les gens à travailler plutôt que les décourager. Nous ne devrions pas toujours présumer que les mesures de relance économique doivent entraîner des dépenses supplémentaires, alors qu’on pourrait réduire les impôts des Canadiens à faible revenu. Si nous devons maintenir certaines mesures de relance plus longtemps que prévu, essayons de corriger ce problème structurel plutôt que de prolonger ou d’accroître les dépenses budgétaires.
En ce sens, je crois que les politiques gouvernementales devraient avoir pour objectif de bâtir le pays le plus productif, le plus innovateur, le plus concurrentiel et le plus équitable possible.
Cela signifie que nous devons faire des choix difficiles. La bonne nouvelle est que nous avons déjà relevé ce genre de défi auparavant. Dans les années quatre-vingt-dix, la Banque du Canada a jugulé l’inflation; le gouvernement fédéral a éliminé son déficit, et notre régime national de retraite a bénéficié de solides assises financières. Ces politiques n’ont pas été faciles à instaurer, mais nous y sommes parvenus. Le Groupe d’étude de la protection du régime de retraite illustre d’ailleurs comment le gouvernement peut relever d’importants défis économiques et sociaux.
Il s’agit de commencer en sensibilisant la population aux enjeux essentiels et en engageant un dialogue national ouvert et franc.
Nous devrions profiter de notre situation privilégiée pour favoriser le dynamisme du Canada en influant sur notre croissance de la productivité plus faible que la moyenne, nos déséquilibres structuraux dans les dépenses publiques et notre système fiscal, qui est non seulement inéquitable, mais qui décourage les gens de faire partie de la population active.
De même, les entreprises canadiennes devraient, elles aussi, trouver des façons de contribuer au dynamisme du pays.
La TD estime qu’on peut faire croître une entreprise d’année en année, sans courir de risques inutiles et sans entreprendre des activités qui ne peuvent être adéquatement gérées ou pleinement comprises.
C’est une philosophie qui a été au cœur de nos succès ces huit dernières années.
Depuis, la présence de la TD a doublé. Notre effectif compte presque deux fois plus d’employés.
La valeur totale de nos actifs et de nos dépôts a plus que doublé.
La capitalisation boursière de la TD a plus que triplé. Le prix de nos actions est deux fois et demie plus élevé. Et les dividendes par action ont plus que doublé.
En outre, en dépit de la crise, nous avons su conserver notre notation triple A.
En effet, en 2007, quand nous avons vu ce qui se passait dans le monde, nous avons choisi de ne pas abandonner notre plan de croissance. Au contraire, nous avons décidé de profiter de la conjoncture pour renforcer notre avantage concurrentiel et sortir de la crise plus forts que jamais.
Cela s’est avéré une très bonne décision pour nos clients, tant au Canada qu’aux États-Unis, ainsi que pour notre entreprise.
Nous avons consolidé notre position unique de chef de file en Amérique du Nord. La TD compte maintenant plus de succursales de détail aux États-Unis qu’au Canada.
Des deux côtés de la frontière, nous avons accru notre part de marché en élargissant nos activités de crédit.
Notre décision récente d’offrir des services bancaires sept jours sur sept au Canada renforce notre position de leader en matière de service à la clientèle et de commodité.
Nous avons également pris la décision de principe d’appuyer nos clients qui, malgré eux, se sont trouvés dans une situation plutôt difficile. Ainsi, nous avons aidé plus de 65 000 Canadiens à reprendre le dessus sur leurs finances en les aidant à mieux gérer leurs dettes, en restructurant leurs versements hypothécaires et en leur offrant des conseils financiers adaptés à leur situation. Nous lançons maintenant notre programme Soutien en direct TD dans le but d’aider tout client qui est en difficulté à la suite d’un événement marquant imprévu.
Enfin, nos investissements considérables en vue de créer un environnement de travail unique et intégrateur ont rehaussé notre réputation d’employeur de choix tant au Canada qu’aux États-Unis.
Comme la TD, le Canada est dans une position qui lui permettrait d’accroître son avantage par rapport à des pays qui sont encore ébranlés par la crise. Le vrai risque est de ne pas prendre une décision, alors que notre pays a clairement la capacité d’améliorer sa situation. Selon nous, le statu quo équivaut au retard.
Permettez-moi de conclure.
L’état de l’économie mondiale s’améliore.
Mais d’importants problèmes structurels persistent. Ils ne contribuent pas seulement à ralentir la reprise, mais ébranlent aussi notre confiance dans les perspectives économiques futures.
Ce qui est rassurant, c’est que les dirigeants du monde l’ont compris. Avec un peu de chance, ils trouveront la volonté politique collective de régler ces problèmes.
Le Canada est en meilleure posture que bien d’autres pays. Mais notre force relative ne doit pas nous rendre complaisants. Nous devons être proactifs, car le marché ne rendra pas les choses plus faciles pour nous qui voulons croître et prospérer.
Nos défis sont considérables, mais les occasions aussi.
Nous entamons une période de croissance économique plus faible, ce qui signifie que les revenus du gouvernement croîtront moins rapidement, alors que notre population vieillissante dépendra plus que jamais d’un plus grand nombre de programmes publics.
Des choix difficiles s’imposent par rapport à ce que nous attendons du gouvernement, et de nous-mêmes.
Mais au bout du compte, le leadership sert à bâtir un meilleur avenir.
Les bons leaders ne laissent pas les défis d’aujourd’hui les distraire des objectifs de demain.
Quand ça compte, les Canadiens unissent toujours leurs efforts. Nous trouvons des solutions qui fonctionnent et qui sont équitables. Voilà notre caractère national en action. Tel est notre avantage pour l’avenir.
Poursuivons sur cette lancée et continuons à bâtir le meilleur pays au monde.
Merci.