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TORONTO, le 17 juin /CNW/ - L'économie canadienne a démontré de la résilience au premier semestre de 2010, mais la route vers santé économique sera cahoteuse, selon les plus récentes prévisions des Services économiques TD. (www.td.com/francais/services_economiques)

La reprise canadienne "déjoue les experts"

L'économie canadienne déjoue toutes les prévisions en ce début de reprise. Pour un troisième trimestre consécutif, les dépenses combinées des consommateurs, des administrations publiques et des entreprises au premier trimestre de 2010 ont littéralement fait bondir la croissance au taux annualisé de 5 %, soit environ le quadruple du taux enregistré par l'ensemble des pays du G-7. Les statistiques préliminaires du deuxième trimestre annoncent une expansion d'au moins 4 %.

"La rapidité de la reprise canadienne se distingue dans le monde. Le PIB réel a pratiquement récupéré la totalité des pertes enregistrées pendant la récession. Par ailleurs, les dépenses réelles des consommateurs sont déjà supérieures à celles d'avant la récession", a déclaré Craig Alexander, économiste en chef du Groupe Financier Banque TD.

Le marché de l'emploi a également effacé environ les trois quarts des pertes d'emploi subies pendant la récession. On estime que l'emploi croîtra à un taux annualisé de 3,6 % au deuxième trimestre, le plus fort gain trimestriel en huit ans.

Et ce n'est pas tout. Le nombre de mises en chantier annonce une vigueur continue des investissements résidentiels, malgré l'abolition du crédit d'impôt fédéral à la rénovation domiciliaire en février dernier. Par ailleurs, les données préliminaires sur la croissance réelle du PIB américain laissent croire à une nouvelle expansion vigoureuse du volume des exportations au cours de la période d'avril à juin. Même les dépenses consacrées aux machines et à l'équipement, qui constituaient une des seules ombres au tableau sur le plan intérieur, semblent avoir amorcé un virage au premier trimestre et sont maintenant fortement à la hausse.

Cahots à l'horizon

Cependant, la route de la reprise sera parsemée de cahots. "Le Canada, dont l'économie petite et ouverte est surtout axée sur les ressources, est particulièrement vulnérable aux chocs économiques mondiaux", a déclaré M. Alexander.

Par exemple, la crise de l'endettement en Europe souligne à grands traits que les problèmes créés par la crise financière ne se sont pas encore tous résorbés. Toutefois, si ce dernier problème est susceptible de ralentir l'expansion économique mondiale, il serait étonnant qu'il la fasse carrément dérailler. Ailleurs, les retombées de cette crise devraient probablement être relativement modestes dans leur ensemble, dans la mesure où les craintes de contagion ne refont pas surface.

Malgré tout, l'augmentation de l'aversion pour le risque, l'appréciation du dollar américain et le doute lancinant sur la durabilité de la croissance mondiale entraveront probablement toute augmentation des prix des produits de base, ce qui pourrait nuire au rendement économique du Canada. Ainsi, la fourchette prévue des prix du pétrole brut a été révisée à la baisse par rapport à l'année dernière. On est ainsi passé d'une fourchette de 75 à 85 $US à une autre de 65 à 80 $US le baril. Les prix du gaz naturel devraient demeurer relativement déprimés cette année et les prix des métaux de base n'augmenteront que légèrement au cours des prochains trimestres.

On pense maintenant que le dollar canadien devrait se négocier autour de 0,95 $ US, ce qui allégera le boulet de l'économie canadienne, mais continuera de créer des difficultés aux exportateurs.

L'élan s'essouffle

L'élan des secteurs intérieurs de l'économie s'essoufflera passablement au deuxième semestre de 2010 et en 2011. Les dépenses des consommateurs, plus particulièrement, ont augmenté plus rapidement que leurs revenus, d'où un endettement croissant. À la fin du premier trimestre, la dette des ménages atteignait en moyenne 1,5 fois leur revenu disponible. Par ailleurs, au cours de la période écoulée de janvier à mars, le taux d'épargne des particuliers n'a été que d'environ 2 %.

Les perspectives d'une croissance respectable de l'emploi contribueront à amoindrir les effets de ce ralentissement des dépenses. On prévoit qu'il se créera au Canada d'ici la fin de 2011 un nombre modéré de 20 000 à 25 000 nouveaux emplois par mois, ce qui suffira à alimenter une croissance annualisée du revenu disponible des particuliers de l'ordre de 4 à 5 %.

L'essoufflement croissant des consommateurs a aussi des retombées sur le marché de l'habitation. Les reventes de maisons ont diminué au cours de chacun des quatre derniers mois et on pense que la tendance restera à la baisse d'ici la fin de 2010 et en 2011. Cela entraînera d'ici la fin de l'année prochaine une baisse du prix moyen des maisons de 7 % par rapport au sommet atteint au deuxième trimestre de 2010.

Les administrations publiques commenceront vraisemblablement à appliquer le frein budgétaire afin de ramener à des proportions plus raisonnables leurs déficits importants. Non seulement cette volonté sonne-t-elle le glas des programmes d'infrastructure et autres programmes de stimulation temporaires, mais elle annonce également des mesures de compression des dépenses de fonctionnement, tel qu'indiqué dans les budgets de 2010. En conséquence, une baisse globale modeste des dépenses publiques réelles est prévue en 2011.

En bref

Malgré la révision à la baisse des perspectives de croissance l'an prochain, les Services économiques TD estiment que, si elles atteignent le niveau prévu, la croissance et l'inflation devraient entraîner un mouvement à la hausse constant, mais graduel, des taux d'intérêt à court terme canadiens au deuxième semestre de 2010 et en 2011, ce qui devrait porter les taux à 3,00 %. Compte tenu du ralentissement de l'expansion économique qui s'annonce, la déprime économique se résorbera donc lentement, et l'économie devrait revenir à sa capacité de production estimée d'ici la fin de l'année prochaine. Mais, ce qui est peut-être encore plus important, l'inflation selon l'indice de référence - qui s'est avérée étonnamment résiliente - devrait se maintenir dans une fourchette relativement étroite légèrement inférieure au taux cible de 2 % fixé par la Banque du Canada.

Sur le plan régional, on assistera à un retour du balancier économique des provinces du centre et de l'Est - qui, de concert avec la Colombie-Britannique, ont été à l'avant-garde de la reprise économique au cours des derniers trimestres - vers les Prairies.

"La vitalité récente de l'économie canadienne semble confirmer que la reprise au Canada est véritablement enclenchée. Pourtant, des soubresauts sont encore à prévoir au moment où les ménages et les administrations publiques souhaitent mettre un terme à leur prodigalité récente, a déclaré M. Alexander. Qui plus est, la volatilité demeure le problème de l'heure. De nouveaux épisodes de volatilité sont en effet possibles sur les marchés financiers parce que les problèmes de dette souveraine créent une inquiétude qui obscurcit le paysage. Dans la plupart des pays industrialisés, on n'est pas encore convaincu de la solidité de la reprise, et certains observateurs s'inquiètent des déséquilibres que pourraient créer la force de la reprise sur les marchés émergents. Tous ces facteurs justifient une surveillance attentive de la situation, mais le scénario le plus probable au Canada reste, dans un avenir prévisible, celui d'une croissance économique modérée."

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