TORONTO, le 28 nov. /CNW/ - Le secteur agricole canadien est bien placé
pour profiter des goûts et des tendances émergentes sur le marché mondial,
selon un rapport publié par les Services économiques TD
(
www.td.com/economics).
L'auteur du rapport, Derek Burleton, fait observer qu'on a souvent
tendance à négliger et à sous-évaluer le secteur agricole, en plus de
l'associer à l'adversité et aux difficultés. Une analyse attentive révèle
pourtant qu'il est un puissant moteur économique et même, dans certains
domaines comme la productivité, un chef de file de l'ensemble de l'économie.
"L'agriculture et, en particulier, les cultures, entrent dans une
nouvelle ère de cherté des prix, alimentée par la progression de la
consommation alimentaire en provenance des marchés émergents et par les
perspectives d'une demande concurrente de cultures comme source de
biocombustibles", a déclaré Derek Burleton, auteur du rapport et chef des
études économiques du Groupe Financier Banque TD. "Pour les agriculteurs
canadiens, il était temps."
Production d'énergie
Le Canada est le cinquième exportateur agricole et agroalimentaire en
importance dans le monde, après l'Union européenne, les Etats-Unis, le Brésil
et l'Australie. Les céréales et les oléagineux, les animaux vivants et la
viande rouge représentent plus de la moitié des ventes canadiennes à
l'exportation. Bien qu'il se classe aussi au cinquième rang mondial pour
l'importation de produits agricoles, le secteur contribue toujours de façon
disproportionnée au surplus commercial de marchandises du Canada (6 milliards
de dollars, soit environ 9 % du total).
Les activités agricoles et agroalimentaires procurent également des
avantages directs aux autres secteurs de l'économie canadienne. Par exemple,
l'agriculture primaire est un important utilisateur de produits énergétiques,
de machinerie et de services d'entretien et de réparation, alors que la
transformation des aliments donne lieu à une grande consommation de papier, de
produits métalliques ouvrés, de plastiques, de verre et de produits de verre.
Du côté de l'offre, l'agriculture et l'agroalimentaire sont les principaux
fournisseurs de produits comme le bois de chauffage et le liège, les peaux
brutes d'animaux et les engrais animaux et végétaux.
Au premier rang de la productivité
L'augmentation des niveaux de productivité est au centre des priorités
des entreprises canadiennes. Le secteur agricole fait figure de meneur dans le
domaine de l'amélioration de l'efficience, de l'augmentation des économies
d'échelle et de la réduction des coûts. A preuve, la taille, la valeur des
actifs et la valeur nette d'une ferme moyenne n'ont cessé de progresser au
cours de la première moitié de la présente décennie. On constate également un
changement dans les ventes de produits de base destinées à l'exportation, où
les oléagineux, la viande rouge et les cultures spécialisées remplacent peu à
peu le blé et les céréales secondaires, résultat des efforts accomplis pour
diversifier les activités et tirer profit des segments à potentiel de revenu
élevé.
Fait également important, le milieu agricole a su se mettre à l'heure des
nouvelles technologies et des nouveaux procédés afin d'accélérer sa
productivité. La baisse des prix des biens d'équipement fabriqués aux
Etats-Unis a par ailleurs améloré la capacité du secteur de se procurer de
nouveaux équipements. Depuis 2002, la croissance de la productivité annuelle
se maintient en moyenne à un rythme de deux pour cent par année pour les
activités primaires, soit deux fois le rythme moyen pour l'ensemble de
l'économie.
Reconnaissance du marché
Le marché a maintenant intégré les perspectives du secteur agricole.
Jusqu'ici cette année, le prix des produits agricoles, tel que mesuré par
l'indice du prix des produits de base TD en dollars américains, a fait un bond
de près de 40 % sur 12 mois, dépassant les gains enregistrés par les autres
sous-indices et surclassant la progression de 25 % du dollar canadien. Des
facteurs temporaires, comme la chute du billet vert, ont contribué à pousser
les prix à la hausse, mais il n'en demeure pas moins que beaucoup de
prévisionnistes ont révisé à la hausse leurs prévisions à long terme à l'égard
du prix des produits agricoles. Cet optimisme découle de nombreux facteurs du
marché dont ceux ci-dessous.
Tendances et goûts
De nombreuses tendances sont de bon augure pour le secteur agricole
canadien. La demande croissante en provenance de la Chine, de l'Inde et
d'autres marchés émergents devrait maintenir l'ensemble de la consommation
mondiale des principaux produits agricoles à un rythme soutenu au cours des
cinq à dix prochaines années, grâce entre autres à l'augmentation des
populations et des revenus. Dans certains cas - comme pour le blé et les
céréales secondaires - la consommation devrait dépasser la production
mondiale.
Les efforts en vue de produire de l'énergie à partir de produits
agricoles se poursuivront, stimulés en partie par les prévisions sur le cours
du pétrole brut et la détermination des Etats-Unis d'assurer leur autonomie en
matière d'énergie. D'ici 2009, l'OCDE estime que la production de
biocombustibles dépassera 40 milliards de litres par année, par rapport au
niveau actuel d'environ 20 milliards.
La production canadienne de biocombustibles est modeste en chiffres
absolus, mais connaît une croissance rapide, soutenue par l'intention annoncée
par le gouvernement fédéral d'imposer une teneur en éthanol de 5 % dans
l'essence d'ici 2010 et une teneur en biodiesel de 2 % dans le diesel et le
mazout d'ici 2012. D'autres programmes d'encouragement sont mis en place aux
niveaux fédéral et provincial afin d'inciter les producteurs agricoles à
investir dans les carburants renouvelables.
Les goûts des consommateurs évoluent eux aussi, ce qui pourrait ouvrir de
nouvelles avenues de croissance pour le secteur agricole. Le segment des
aliments biologiques, par exemple, connaît un essor remarquable, un nombre
grandissant de consommateurs du Canada et d'ailleurs s'intéressant activement
à ce qui arrive aux aliments entre le champ où ils sont cultivés et leur
assiette. Depuis 2001, le nombre de producteurs certifiés biologiques au
Canada a grimpé de 60 %, tandis qu'un nombre croissant de détaillants joignent
le mouvement.
Hausse des coûts
Selon le rapport, le huard pourrait prendre encore de la valeur en regard
du dollar américain au cours des prochains mois, mais devrait revenir à
environ 95 cents américains d'ici 2009; les prix de l'énergie et des engrais
resteront élevés d'après les normes historiques; les tensions salariales ne
diminueront pas en raison de la concurrence acharnée pour trouver de la
main-d'oeuvre; et la vigueur du commerce extérieur poussera à la hausse les
taux de fret maritime pour le vrac solide en moyenne de 5 % par année jusqu'en
2010. De plus, les questions frontalières, notamment l'imposition probable par
les Etats-Unis de frais d'inspection sur les importations d'aliments,
demeureront une préoccupation en matière de coûts.
"Le secteur agricole a eu son lot de problèmes au cours des cinq
dernières années. Non seulement les cultivateurs de céréales ont dû faire face
à des conditions de croissance difficiles, mais l'industrie du bétail a aussi
connu de nombreux aléas, dont la grippe aviaire et la maladie de la vache
folle. Malgré cela, grâce aux efforts constants déployés pour s'adapter et
s'ajuster, bon nombre de producteurs agricoles sont sortis en position de
force de cette période. Il y a toutes les raisons de croire que le secteur
fera preuve de la même résilience face aux défis à venir et qu'il demeurera
l'un des principaux piliers de la productivité et de la prospérité dans ce
pays", a conclu M. Burleton.
Renseignements: Pascal Gauthier, économiste, Groupe Financier Banque TD,
Tél.: (416) 944-5730,
pascal.gauthier@td.com