- Le taux de croissance ralentira au Canada, mais l'expansion
économique se poursuivra
- Le dollar canadien cotera au pair, voire à un niveau un peu
supérieur, pendant les six prochains mois
- L'économie américaine continuera de ralentir en 2008, mais une
récession est peu probable
- Ensemble, la vigueur du dollar canadien et la faiblesse de l'économie
américaine nuiront à certaines industries au pays, comme le secteur
manufacturier, le tourisme et l'industrie de l'accueil
- L'économie intérieure et le marché immobilier resteront solides
- Le PIB réel du Canada devrait progresser au rythme moyen de 2,4 % au
deuxième semestre de 2007 et de 2,3 % en 2008
TORONTO, le 4 oct. /CNW/ - La volatilité financière observée en août et
les problèmes vécus dans certains secteurs, comme le marché canadien du papier
commercial adossé à des actifs, ont remis en question les perspectives
économiques en Amérique du Nord. D'après l'édition du mois d'octobre de la
publication TD Quarterly Economic Forecast, l'économie canadienne saura
toutefois résister à la turbulence financière, même si elle sera freinée par
la vigueur du dollar canadien et la faiblesse de l'économie américaine.
"Il est facile de succomber au pessimisme concernant l'économie
américaine à l'heure actuelle, reconnaît l'économiste principal adjoint de La
Banque TD, Craig Alexander. En effet, le repli du marché immobilier est loin
d'être terminé et, à court terme, les prêteurs réduiront probablement la
disponibilité du crédit."
Par contre, la prévision des Services économiques TD a peu changée : une
croissance de 2 % en 2007 et de 2,4 % en 2008 de l'économie américaine. "Avant
la volatilité financière survenue en août, nous tablions déjà sur une baisse
marquée des dépenses de consommation, affirme M. Alexander. Les événements des
dernières semaines ne font qu'en accroître la probabilité."
C'est le marché du travail américain qui détient la clé. Les Services
économiques TD prévoient un ralentissement de la création d'emplois, mais le
taux de chômage n'augmentera que de peu par rapport à son faible niveau
actuel, si bien que le revenu personnel progressera plus rapidement que les
prix à la consommation. "Les Américains risquent de réduire leurs gros achats
- les voitures et les objets de luxe, par exemple -, mais l'expansion
économique se poursuivra tant qu'ils auront un emploi et que leur revenu réel
continuera de s'accroître", ajoute M. Alexander.
Les entreprises sont également susceptibles de se serrer la ceinture et
certaines d'entre elles auront peut-être, à court terme, du mal à réunir de
nouveaux capitaux, ce qui risque de réduire leurs investissements. En
revanche, elles sont dans l'ensemble en bonne santé financière et pourront
surmonter les obstacles.
La hausse des exportations aidera aussi l'économie américaine à éviter le
naufrage, car les expéditions seront favorisées par la vigueur de l'économie
mondiale et par la faiblesse du billet vert.
"La Réserve fédérale américaine s'est empressée de neutraliser une partie
des conséquences économiques futures en faisant appel à un vaste éventail
d'outils et, en fin de compte, en pratiquant une politique de détente, note M.
Alexander. Elle ne veut toutefois pas laisser entrevoir qu'elle est prête à
renflouer les perdants. Aussi ne pourra-t-elle pas baisser impunément les
taux, lesquels - croyons-nous - ne seront réduits que d'un quart de point à la
fin octobre. Il faut donc conclure que les marchés des capitaux surestiment
actuellement la diminution future des taux."
Au Canada, la turbulence financière récente aura sûrement des
conséquences, mais elles seront limitées. Les problèmes auxquels fait encore
face le marché du papier commercial adossé à des actifs risquent de
restreindre les emprunts à brève échéance et de ralentir l'activité
économique; cependant, l'impact devrait être négligeable et disparaître au
cours des deux ou trois prochains mois. "Les prêteurs canadiens n'ont aucune
raison de resserrer fortement leurs normes de crédit, car ils ne les ont
jamais relâchées comme l'ont fait leurs homologues américains", d'ajouter M.
Alexander. Par exemple, le volume des hypothèques à risque au Canada a compté
pour à peu près 5 % des prêts hypothécaires consentis en 2006, contre 25 % aux
Etats-Unis.
La volatilité financière aura cependant une incidence indirecte sur
l'économie intérieure. La demande de produits canadiens baissera à cause du
marasme économique aux Etats-Unis. Nos voisins du sud achètent actuellement
76 % des exportations canadiennes, qui représentent à peu près 24 % du PIB
réel du Canada.
L'appréciation du dollar canadien, qui a atteint la parité en septembre,
viendra aggraver la faible demande américaine. Nous nous attendons à ce que le
huard cote à peu près au pair pendant les six prochains mois ou qu'il y soit
un peu supérieur, avant de redescendre aux environs de 0,95 $US vers la fin
de 2008.
L'appréciation de la monnaie canadienne depuis la dernière date
d'établissement du taux directeur, conjuguée au récent repli de l'économie
américaine, laissent supposer que la Banque du Canada restera neutre le
16 octobre; cependant, comme le risque d'inflation persiste, on peut
s'attendre à ce que le prochain geste posé sera une hausse des taux.
Il reste que l'économie canadienne repose sur des bases solides. Le
rapport souligne un certain nombre de facteurs, dont les suivants :
- L'économie avait le vent en poupe lorsque la turbulence financière
s'est annoncée.
- Le taux de chômage est à son plus bas en 33 ans, et le marché étroit
de la main-d'oeuvre favorise une croissance robuste du revenu
personnel.
- Les entreprises sont en excellente santé financière, ce qui est de
bon augure pour l'expansion de leurs investissements.
- L'équilibre budgétaire des administrations fédérale et provinciales
fait envie au monde industrialisé, donnant aux décideurs la souplesse
voulue pour relever les grands défis économiques qui pourraient
survenir.
Le marché canadien de l'habitation demeure vigoureux. "Nous ne croyons
pas à l'existence d'une bulle immobilière canadienne, explique M. Alexander.
En effet, ce sont les fondamentaux économiques qui déterminent les prix et la
progression des ventes au pays, plutôt que la spéculation et le manque de
rigueur des prêteurs qui ont caractérisé le marché américain." L'avènement des
prêts hypothécaires amortis sur 35 ou 40 ans a "jeté de l'huile sur le feu" en
améliorant temporairement l'abordabilité, mais le marché de l'habitation
devrait se calmer une fois que l'impact de ces nouveaux produits financiers se
sera estompé.
"Bien que nous nous attendions à une croissance soutenue de l'économie
nord-américaine, nous ne minimisons pas les risques, affirme M. Alexander. Il
y a près d'une chance sur trois que les Etats-Unis tombent en récession, et
c'est la probabilité la plus élevée depuis l'éclatement de la bulle des
technos au début de la décennie. Si nos pronostics pour les Etats-Unis
s'avèrent trop optimistes, il en sera de même pour l'économie canadienne. Le
point faible, c'est le consommateur américain; il faudra donc surveiller de
près les statistiques sur l'emploi, le revenu, les dépenses et les emprunts
personnels. M. Alexander soutient néanmoins que, "grâce à ses fondamentaux
économiques, le Canada n'a jamais été si bien placé pour surmonter les
obstacles économiques auxquels il pourrait être confronté."
Renseignements: Pascal Gauthier, Economiste, Groupe Financier Banque TD,
(416) 344-5730